Le Forum de Davos soutient l'Agenda 2030 de l'ONU

L'année 2030 approche à grands pas. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et le fondateur du Forum économique mondial (WEF) Klaus Schwab auraient signé un accord afin d'accélérer leur Agenda 2030. Au programme : effondrement de l'économie, crise climatique et énergétique, villes des 15 minutes, etc. C'est en tout cas ce que suggère une publication partagée sur les réseaux sociaux. Mais un tel agenda existe-t-il vraiment ?

Évaluation

Le soi-disant Agenda 2030 tel qu'il est exposé dans la publication n'existe pas. Antonio Guterres et Klaus Schwab ont bien signé un accord de partenariat pour un programme de l'ONU, mais ce n'est pas celui mentionné sur Facebook.

Faits

En septembre 2015, 191 membres des Nations unies ont adopté le Programme de développement durable à l'horizon 2030 à la suite d'une Assemblée générale au siège de l'ONU, à New York.

Aussi appelé Agenda 2030, ce programme contient 17 objectifs de développement durable portant notamment sur la croissance économique, l'égalité entre les sexes, la consommation de productions durables, la réduction des inégalités, etc.

Accélérer les objectifs

Le 13 juin 2019, le secrétaire général de Nations unies Antonio Guterres et le fondateur du Forum économique mondial - souvent appelé Forum de Davos - Klaus Schwab ont signé un accord de partenariat stratégique afin d'accélérer cet Agenda 2030 de l'ONU.

Par cette signature, les deux organisations s'engagent à fournir des efforts communs pour l'accélération de la mise en place de ce programme, comme le précise l'introduction : « Les Nations unies et le Forum économique mondial s'engagent à accélérer la mise en œuvre de l'Agenda 2030 pour le développement durable - le plan mondial pour la paix, la prospérité et une planète saine. »

En septembre 2023 se déroulera le Sommet des Objectifs du Développement Durable de l'Assemblée générale des Nations unies. Le but est de faire une évaluation des 17 objectifs et de leur mise en oeuvre.

Aucune des suggestions mentionnées dans la publication Facebook ne fait partie de ces 17 objectifs. Le faux agenda semble avoir été monté de toutes pièces ; on ne le trouve nulle part sur les sites de l'ONU ou du WEF. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que ce genre d'images manipulées circule en ligne, comme l'a démontré la dpa ici et ici (en néerlandais).

Pas de planification de la pandémie

La publication suggère que l’ONU et le WEF prévoiraient dans leur agenda 2030 une « préparation de la fausse pandémie », avec la mention « events 201 ». Cela fait référence à un exercice de simulation de pandémie réalisé en 2019 par le centre américain Johns Hopkins, appelé « Event 201 ». L’objectif était de réunir des entreprises, des gouvernements et des responsables de la santé publique afin d’évaluer leur réaction face à un scénario fictif d’une pandémie mondiale.

Le centre pour la sécurité sanitaire a précisé sur son compte Twitter qu’il s’agissait d’un exercice et non pas d’une prédiction de la pandémie mondiale.

Il n’existe aucune preuve selon laquelle la pandémie de Covid-19 aurait été planifiée, que ce soit de manière générale ou par l’ONU et le Forum de Davos. De telles affirmations ont déjà été démenties par la dpa par le passé, notamment ici et ici.

Réchauffement climatique

D'après la publication Facebook, la crise climatique serait prévue dans l'agenda de l'ONU pour l'année 2022. C'est faux.

Certains scientifiques alertent sur ce phénomène depuis des décennies. Déjà en 1956, le journal américain The New York Times publiait un article sur l'augmentation du dioxyde de carbone dans l'air et ses conséquences sur le réchauffement de la planète.

En 1988, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est créé. Deux ans plus tard, le groupe publie son premier rapport établissant que les émissions des activités humaines augmentent la concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.

Dans un rapport de synthèse publié le 20 mars 2023, le GIEC estime que les risques encourus sont plus élevés que dans les prévisions précédentes.

Les villes des 15 minutes

Le concept de ville des 15 minutes est suggéré comme faisant partie de ce supposé agenda pour l'année 2024. Dans une ville du quart d'heure, tout est censé être accessible à moins de quinze minutes à pied ou à vélo depuis son domicile: se rendre au travail, amener ses enfants à l'école, aller faire ses courses, etc.

Ce concept a été développé par l'urbaniste franco-colombien Carlos Moreno. Ce dernier pense que pour recréer une « proximité heureuse », il faut que toutes les commodités essentielles se trouvent dans ce rayon de quinze minutes.

Depuis lors, le concept a fait l'objet de nombreuses interprétations erronées sur les réseaux sociaux. Certains y voient un outil de surveillance et de restriction des mouvements. Mais il n'en n'est rien, comme l'a expliqué la dpa dans de précédents fact-checks ici et ici.

(Situation au 28.04.2023)