Rumeur infondée
Un rapport de l'OMS mal interprété sur des cas de myocardite
Publié le 19.7.2023, 21:32 (CEST)
Alors que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rapporté, en mai 2023, une augmentation de cas de myocardite sévère chez des nourrissons au Pays de Galles, des internautes pointent la responsabilité des vaccins anti-Covid. « L'OMS admet que des mères entièrement piquées donnent naissance à des bébés atteints de graves malformations cardiaques », avance une utilisatrice de Facebook. « La Covid se soigne très bien, arrêtez ces injections qui peuvent être meurtrières », s'indigne une autre. Ces allégations circulent également sur Twitter depuis le mois de mai 2023.
Mais l'OMS a-t-elle réellement « admis » un prétendu lien entre les myocardites diagnostiquées chez les nouveau-nés et la vaccination contre le Covid-19 ?
Évaluation
Non, ces affirmations sont infondées. L'OMS n'a jamais mentionné de lien entre les cas de myocardite chez les nourrissons et la vaccination contre le Covid-19. De plus, seule une minorité de mères des bébés concernés avaient été vaccinées pendant la grossesse, a assuré le service de santé publique du Pays de Galles à la dpa.
Faits
En avril dernier, les autorités sanitaires du Pays de Galles ont informé l’OMS d’une augmentation du nombre de cas de myocardite sévère - soit une inflammation du muscle cardiaque - chez des nouveau-nés.
Dans un rapport publié le 17 mai, l'OMS explique que ces myocardites sont associées à une infection à entérovirus entraînant des conséquences graves chez les nouveau-nés. Entre juin 2022 et avril 2023, dix cas ont été diagnostiqués au Royaume-Uni, selon l'organisation, qui qualifie cette augmentation d'« inhabituelle ».
Sur les réseaux sociaux, il n'en a pas fallu plus pour que certains internautes y voient un lien avec la vaccination contre le Covid-19. Pour le prouver, nombre de publications renvoient à un article publié en anglais sur le site de The People's Voice, bien connu pour répandre de fausses informations. Ses contenus ont déjà fait l'objet de nombreuses vérifications de la dpa (comme ici, ici ou encore ici).
Selon l'article en question, l'OMS aurait admis que les mères vaccinées donneraient naissance à des bébés présentant de graves anomalies cardiaques, comme cela se serait produit au Pays de Galles.
Or, on ne trouve trace de cette prétendue déclaration nulle part, et l'OMS ne suggère cette association ni dans son rapport du 17 mai, ni sur son site web.
« L'OMS n'a à aucun moment, dans ce rapport ou dans tout autre rapport, associé l'augmentation des myocardites chez les nouveau-nés au Royaume-Uni au statut vaccinal des mères contre le Covid-19, ou à une quelconque vaccination », a également confirmé son service de presse à la dpa, dans un mail le 18 juillet.
Seule une minorité de mères vaccinées
Si des cas de myocardite ont effectivement été signalés après l'administration de vaccins à ARNm depuis le début de la vaccination contre le Covid-19, rien ne prouve que cette dernière soit responsable du nombre accru de myocardites observé chez les nourrissons au Royaume-Uni.
Chargé de faire la lumière sur les cas récemment identifiés au Pays de Galles, le service régional de santé publique, NHS Wales, assure que seule une minorité de mères avaient été vaccinées pendant la grossesse. « Ceci ne peut donc pas être considéré comme la cause », a affirmé son service de presse à la dpa dans un mail le 18 juillet.
Les études publiées jusqu'à présent sur l'administration des vaccins à ARNm pendant la grossesse montrent également que ceux-ci n'engendrent pas de risques accrus de complications pour les mères et les enfants à naître.
L'entérovirus est une infection courante chez les enfants. « Elle n'affecte le cœur qu'en de très rares occasions », précisait le NHS Wales dans une déclaration officielle, publiée le 3 mai dernier.
A ce jour, « aucune cause claire n'a encore été identifiée pour expliquer l'augmentation des cas de myocardite associée aux entérovirus cette année, mais nous pensons qu'elle peut être due aux changements dans la circulation des virus respiratoires au cours de la pandémie, avec un effet ultérieur après la pandémie », a clarifié le service de santé publique auprès de la dpa.
Pour sa part, l’OMS a qualifié de « faible » le risque de santé publique pour la population générale.
(Situation au 19.07.2023)
Liens
Rapport de l'OMS sur les myocardites chez les nourissons (version archivée)
Publications Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III)
Publications Twitter I, II (versions archivées I, II)
Déclaration des autorités galloises (version archivée)
A propos des myocardites (version archivée)
A propos des infections à entérovirus (version archivée)
Article de People's Voice (version archivée)
Fact-checks de la dpa I, II, III
A propos des myocardites induites par les vaccins à ARNm (version archivée)
A propos de l'administration des vaccins à ARNm pendant la grossesse (version archivée)
À propos des fact-checks de la dpa
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