Un avertissement de Kamala Harris sur les abus de pouvoir

Kamala Harris, la candidate démocrate à la présidence américaine et actuelle vice-présidente, aurait-elle une soif de pouvoir démesurée ? C'est la conclusion tirée par des internautes, qui partagent une vidéo vue plusieurs millions de fois sur les réseaux sociaux. D'abord relayée dans des posts en anglais sur X (ici et ici) et TikTok, ces affirmations ont ensuite été reprises en français (parfois à l'aide d'une traduction un peu trop littérale).

Dans la vidéo, Kamala Harris déclare avoir pris conscience dès le début de sa carrière du pouvoir qu'elle possédait, lorsqu'elle était encore procureure adjointe. Elle dit notamment avoir réalisé qu'elle pouvait influencer la vie de quelqu'un d'un simple « coup de stylo ». Des déclarations jugées comme inquiétantes par certains, qui n'hésitent pas à la qualifier de future « dictatrice » ou de « tyran avide de pouvoir ». Mais les propos de Kamala Harris ont été sortis de leur contexte.

Evaluation

La séquence a été coupée de manière trompeuse. Dans la suite de son discours, Kamala Harris utilise cet exemple pour critiquer l'ancien président américain Donald Trump, qu'elle juge inconscient du pouvoir qu'il détient.

Faits

Les informations figurant sur le bandeau de la vidéo permettent d'en retrouver l'origine. On y voit en effet la mention « Portsmouth », une ville de l'Etat américain du New Hampshire, ainsi que « banquet annuel des démocrates ».

L'évènement s'est déroulé le 6 septembre 2019. Le discours complet de Kamala Harris est disponible sur le site du réseau américain C-SPAN. A l'époque, cette dernière était sénatrice des Etats-Unis et candidate à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2020 - une mission finalement confiée à Joe Biden, qui la choisira plus tard comme vice-présidente.

Une critique de Donald Trump

A partir de la 19ème minute de son discours (retranscrit sous la vidéo de C-SPAN), Kamala Harris évoque sa carrière judiciaire, qu'elle a débutée en tant qu'adjointe du procureur d'un comté de Californie. Elle décrit comment elle a pris conscience, dès l'âge de 22 ans, que ses décisions pouvaient changer de manière radicale la vie des personnes concernées.

« J'ai appris qu'avec un coup de stylo, je pourrais accuser quelqu'un du délit le plus mineur, et qu'à cause de ce coup de stylo, cette personne pourrait être arrêtée et rester en prison pendant au moins 48 heures (...) », explique-t-elle.

La suite de son discours, coupée dans l'extrait relayé par les internautes, apporte cependant un contexte important à ses déclarations. Elle utilise en fait cet exemple pour critiquer le président américain alors en exercice, Donald Trump.

« J'ai donc appris très jeune le pouvoir, le pouvoir d'avoir un impact (sur la vie) de véritables êtres humains que nous possédons lorsque nous occupons ces fonctions », poursuit-elle. Avant d'ajouter : « Pourtant, nous avons à la Maison Blanche une personne qui occupe la fonction de président des Etats-Unis et qui ne comprend pas complètement, ni même partiellement, ​​ce qu'avoir du pouvoir signifie. »

Il ne s'agit donc pas ici de vantardise, mais d'un moyen de souligner l'importance d'exercer son pouvoir de façon réfléchie - et de tacler Donald Trump au passage.

Tentatives de décrédibilisation

A l'approche de l'élection présidentielle américaine, prévue en novembre 2024, les fausses informations se font de plus en plus nombreuses sur les réseaux sociaux.

Ce n'est pas la première fois que des déclarations de Kamala Harris, ou de son opposant républicain Donald Trump, sont reprises dans le mauvais contexte. De tels exemples ont déjà été mentionnés par la Deutsche Presse-Agentur (dpa) ici et ici.

(Situation au 29.08.2024)