Des propos attribués à tort à la directrice générale du WEF

Dans son dernier rapport annuel sur les risques mondiaux, le Forum économique mondial (WEF) identifie la désinformation comme l'une des plus grandes menaces à court terme pour la démocratie.

Dans ce contexte, sa directrice générale, Saadia Zahidi, aurait déclaré que les « théoriciens du complot » remettant en question « les experts » seraient « plus dangereux que les terroristes », à en croire certains internautes. Elle promettrait même de les « écraser ». Mais a-t-elle réellement tenu ces propos ?

Evaluation

Non, dans son dernier rapport, le WEF met en garde contre la désinformation comme un risque majeur pour de nombreuses sociétés - plus important que, par exemple, la menace terroriste. Mais sa directrice générale n'a pas comparé les adeptes de théories conspirationnistes à des terroristes, ni appelé à les « écraser ».

Faits

La plupart des publications partagées en français sur Facebook ne contiennent aucune information permettant d'identifier la source de la rumeur. En cherchant en anglais sur X, il est toutefois possible d'obtenir des publications similaires plus détaillées. On peut y retrouver le titre, l'auteur et la date d'un article contenant les allégations recherchées.

A partir de ces informations, il est possible de remonter jusqu'à la source. L'article en question provient du site web The People’s Voice, usine à fausses informations visant essentiellement le WEF et les élites mondiales, comme l'a déjà montré la Deutsche Presse-Agentur (dpa) ici, ici ou encore ici.

Citations introuvables

Selon l'article en question, la directrice du WEF aurait qualifié les conspirationnistes mettant en doute l'autorité des experts de « plus dangereux que les terrorites ». Une menace que l'élite mondiale aurait tout intérêt à « écraser » pour s'assurer « la mainmise sur la vérité ».

Ces propos, Saadia Zahidi les aurait tenus en marge de la publication du dernier Global Risks Report du WEF, paru le 10 janvier dernier.

Mais telles quelles, ces déclarations ne se trouvent nulle part : ni dans la vidéo intégrée à l'article de The People's Voice, ni sur le site web du WEF, ni sur le compte X de Saadia Zahidi, ni dans le Global Risks Report 2024.

Dans la vidéo initialement postée sur X, reprise par The People's Voice, la directrice du WEF explique (à partir de 01:10) comment, lors d'une année électorale, les difficultés économiques associées à l'essor des fausses informations peuvent créer des perceptions très différentes de la réalité sur le plan de la santé, de l'éducation etc. qui s'imposent alors comme des [narratifs] « détenteurs de la vérité ». Mais à aucun moment, elle ne parle des élites, ni d'« écraser » les conspirationnistes.

Global Risks Report 2024

Le rapport annuel sur les risques mondiaux du WEF explore les menaces identifiées comme les plus sérieuses pour les économies et les sociétés dans les deux et dix prochaines années.

Quelque 1.500 experts issus de milieux universitaires, des affaires, des gouvernements, de la communauté internationale et de la société civile y ont apporté leur contribution.

Selon eux, la désinformation constitue la plus grande menace pour la stabilité au cours des deux prochaines années, d'autant plus qu'une part importante de la population mondiale se rendra aux urnes au cours de cette période.

Au cours des dix prochaines années, les quatre plus grandes menaces perçues par les experts consultés sont toutes liées au changement climatique.

Le terrorisme n'est pas considéré comme l'une des dix plus grandes menaces pour les sociétés du monde entier, ni dans les deux, ni dans les dix prochaines années.

(Situation au 02.02.2024)