La FDA déconseille toujours l'ivermectine contre le Covid-19

A en croire certains internautes, l'ivermectine aurait désormais été ajoutée à la liste des traitements possibles pour lutter contre le Covid-19 aux Etats-Unis. Cette décision aurait été prise par la Food and Drug Administration (FDA), l'agence américaine des denrées alimentaires et des médicaments. C'est en tout cas ce que prétendent de nombreuses publications partagées sur les réseaux sociaux depuis la mi-août 2023. « Les "complotistes" avaient donc encore une fois raison », peut-on notamment lire dans un message diffusé sur la plateforme X (anciennement Twitter), qui comptabilise plus de 120 000 vues. Cette affirmation est également relayée en plusieurs langues sur divers blogs, par exemple ici en français et ici en allemand. Mais est-elle vraie ?

Évaluation

Non. La FDA a elle-même démenti ces allégations. L'administration américaine continue de déconseiller l'utilisation de l'ivermectine dans la prévention et le traitement du Covid-19, faute de données concluantes concernant son efficacité dans ce cadre.

Faits

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, certains se plaisent à présenter l'ivermectine comme un médicament efficace contre la maladie, sans pour autant se baser sur des faits.

Contrairement à ce qui est avancé sur les réseaux sociaux, la FDA n'a pas approuvé la prescription de l'ivermectine dans ce cadre. Aux Etats-Unis, le médicament est autorisé chez les humains et les animaux dans le traitement de certaines maladies parasitaires, mais pas du Covid-19.

Contacté par la Deutsche Presse-Agentur (dpa), le service presse de la FDA a renvoyé à un démenti publié le 17 août 2023 sur X. L'administration « n’a pas autorisé ni approuvé l’ivermectine pour une utilisation dans la prévention ou le traitement du Covid-19, et l’agence n’a pas non plus déclaré qu’elle était sûre ou efficace pour cette utilisation », a-t-elle souligné.

Propos déformés

Les fausses affirmations apparues en ligne à ce sujet trouvent leur source dans une action intentée au Texas par trois médecins. Ces derniers ont déposé une plainte en juin 2022 pour défendre l'utilisation de l'ivermectine comme traitement contre le Covid-19, estimant que la FDA avait outrepassé ses droits en déconseillant ce médicament. L'affaire s'est poursuivie devant une cour d'appel.

Lors d'une des audiences en la matière début août 2023, Ashley Cheung Honold, l'une des avocates de la défense, a argué que les recommandations de la FDA n'empêchent légalement pas un médecin de prescrire un médicament pour un usage en dehors de ces dites recommandations. « Ils n'interdisent pas aux médecins de prescrire de l'ivermectine pour traiter le Covid-19 ou à toute autre fin », déclare-t-elle notamment.

Il arrive en effet qu'un médicament mis sur le marché pour un usage spécifique soit prescrit à un patient pour un usage qui n'a lui pas été approuvé par les autorités sanitaires - par exemple si un médecin prescrit de l'ivermectine pour traiter le Covid-19. Il s'agit généralement d'un choix qui appartient aux professionnels de la santé, clarifie la FDA sur X, même s'ils s'exposent à d'éventuelles poursuites.

Cela ne veut pas dire pour autant que l'agence américaine entérine une telle utilisation.

Des résultats non probants

A ce jour, les nombreuses recherches effectuées au sujet de l'ivermectine - qui continue d'alimenter les spéculations - comme potentiel traitement contre le Covid-19 ne se sont pas avérées concluantes.

Les données récoltées dans différents essais cliniques n'ont pas fourni de preuve démontrant une efficacité de l'ivermectine pour traiter la maladie, résume les Instituts américains de la Santé (NIH).

Ceux-ci précisent que si certaines études ont suggéré que l'ivermectine pouvait potentiellement réduire (in vitro) la réplication du SARS-CoV-2, le virus qui cause la maladie Covid-19, les doses concernées étaient bien supérieures à ce qui est autorisé chez les humains.

La FDA, dont les recommandations font régulièrement l'objet de désinformation, n'a en tout cas pas donné son feu vert pour un usage de la sorte. Il en va de même pour l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui a confirmé à la dpa que ses recommandations restaient inchangées. Ces indications sont également partagées par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

(Situation au 23.08.2023)