Un article satirique sur le vice-président de Pfizer

Le vice-président de Pfizer, Rady Johnson, aurait été interpellé à son domicile et accusé de fraude. Cet évènement serait intervenu après la publication de milliers de documents qui démontreraient « les véritables risques du vaccin » contre le Covid-19 développé par l’entreprise pharmaceutique, si l’on en croit une capture d’écran qui circule sur les réseaux sociaux.

Évaluation

C’est faux. La rumeur a été lancée par un site humoristique, qui a par la suite ajouté un avertissement à son article afin de préciser qu’il s’agit d’une satire et non d’une information réelle. Quant aux documents évoqués, ceux-ci font l’objet de nombreuses mauvaises interprétations.

Faits

Les captures d’écran partagées en ligne sont issues d’une traduction automatique d’un article en anglais publié le 6 mai 2022 sur un site canadien, appelé « Vancouver Times ». Celui-ci affirme que le vice-président exécutif de Pfizer, Rady Johnson, aurait été arrêté après la diffusion de milliers de documents soi-disant compromettants au sujet de la sécurité du vaccin anti-Covid mis au point par le laboratoire américain.

Il s’agit pourtant d’une satire, comme le soulignent plusieurs avertissements présents dans l’article (par exemple ici et ici). « Ceci est un article satirique. Les autorités sanitaires du Canada considèrent que les vaccins (ndlr : sous-entendus contre le Covid-19) sont sûrs et efficaces », peut-on aussi lire à la fin de l’article. Son auteur renvoie en outre vers la section « À propos » du site, qui se décrit comme « la source la plus fiable de satire de la côte ouest ».

Mais cet élément n’a pas toujours été explicitement mis en avant. Dans une version de l’article archivée le matin du 6 mai, on peut voir que l’aspect satirique est précisé à différents endroits. Mais les avertissements disparaissent quelques heures plus tard, et ce jusqu’au lendemain soir au moins. Dans cette version, le fait qu’il s’agisse d’une satire n’est affiché nulle part. Au contraire, cette phrase entretient la confusion : « Les médias grand public et les Big Tech veulent cacher la vérité. Battez-les à leur propre jeu en partageant cet article ! »

C’est cette version de l’article, sans la mention « satire », qui est relayée sur les réseaux sociaux. À la suite notamment de la publication d’un fact-check par l’organisation américaine Snopes, le « Vancouver Times » a remis, depuis le matin du 8 mai au moins, ses avertissements et a ajouté la phrase sur la sûreté et l’efficacité des vaccins contre le Covid-19. Les supposés éléments compromettants au sujet du vaccin de Pfizer, regroupés sous la théorie des « #PfizerDocuments », ont quant à elles été réfutées ou remises en contexte, comme ici par Le Monde ou encore ici par Newsweek.

Ce n’est pas la première fois que le « Vancouver Times » use de cette technique. En mars 2022, celui-ci avait publié un article – vérifié par la dpa – alléguant que le patron de Disney avait été arrêté. De nouveau, l’avertissement prévenant qu’il s’agissait d’une publication satirique n’était apparu que plus tard. C’est aussi à cette période que la section « À propos » du site avait été modifiée. Auparavant, il n’y faisait pas toujours mention de satire comme c’est le cas aujourd’hui.

En novembre 2021, des rumeurs similaires initiées par un autre site canadien avaient touché le PDG de Pfizer, Albert Bourla, elles aussi démenties par la dpa à l’époque.

(État des lieux au 09/05/2022)