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Des aveux inventés sur les vaccins à ARNm contre le Covid-19

Publié le 26.3.2025, 14:11 (CET)

Les vaccins à ARNm contre le Covid-19 sont toujours recommandés aux Etats-Unis. Certains affirment, à tort, que l'agence de surveillance des médicaments aurait fait des révélations à leur sujet.

L'agence américaine en charge de la surveillance des médicaments, la FDA, aurait-elle reconnu des risques liés aux vaccins contre le Covid-19 utilisant la technologie à ARNm ? Des internautes l'affirment en partageant un article assurant que l'institution aurait admis que les personnes vaccinées à l'ARNm risqueraient de développer des caillots sanguins pendant 15 ans après l'injection. Des documents sont présentés dans l'article pour étayer cette allégation. Mais est-ce suffisant pour avancer que la FDA a fait un tel aveu ?

Evaluation

Non, il n'existe aucune preuve que la FDA ait signalé des risques de ce type sur 15 ans. Le document de l'agence cité dans l'article date de janvier 2020 et ne concerne pas les vaccins contre le Covid-19. De plus, le texte se base sur un rapport de cas qui comporte plusieurs biais.

Faits

Les différentes publications sur les réseaux sociaux renvoient vers un article publié le 25 février 2025 sur le site Slay News, connu pour diffuser de la désinformation.

Une recherche par mots-clés sur internet avec le titre de cet article montre qu'il n'existe aucun communiqué ni annonce officielle de la Food and Drug Administration (FDA) sur ce sujet. Le site de l'institution, dans la catégorie de sujets liés au Covid-19, ne fait pas non plus mention d'une telle déclaration. Contactée par la Deutsche Presse-Agentur (dpa), la FDA n'a pas donné suite à notre requête.

Pour étayer cette allégation, l'article de Slay News expose un document émis par la FDA donnant des recommandations sur le suivi après administration de produits de thérapie génique. Or, les vaccins à ARN messager ne sont pas de la thérapie génique. De plus, une note en bas de la deuxième page du document précise que ces indications ne s'appliquent pas aux vaccins. Enfin, le document a été publié en janvier 2020, soit plusieurs mois avant le développement, aux Etats-Unis, des vaccins à ARN messager contre le Covid-19.

Rapport de cas unique

L'article évoque aussi une « étude évaluée par les pairs » publiée dans l'International Journal of Innovative Research in Medical Science en février dernier. Dans le détail, il s'agit d'un rapport de cas d'un seul sujet décédé d'une hémorragie pulmonaire aiguë plus de 500 jours après avoir été vacciné à l'ARNm contre le Covid-19. Contacté par la dpa, le professeur à l'Université libre de Bruxelles (ULB) et infectiologue au CHU Saint-Pierre Nicolas Dauby explique que cet exemple seul ne peut pas être généralisé. « Un cas isolé ne veut rien dire, il faut voir en termes de statistiques », estime le professeur.

Pour Nicolas Dauby, cette allégation comporte un double problème de temporalité, notamment au niveau des effets secondaires des vaccins. « La majorité des effets secondaires graves pour les vaccins va, en général, survenir dans les deux mois. Il n'y a pas des vaccins qui vont donner des effets secondaires graves sur plusieurs années », explique l'infectiologue.

D'autre part, la technologie à Acide ribonucléique messager (ARNm) a été développée bien avant son utilisation dans les vaccins contre le Covid-19. La plateforme à ARN messager a déjà fait l'objet d'études validées par les pairs, menées dans certains cas il y a plus de dix ans, détaille Nicolas Dauby. « Evidemment ce sont des études enregistrées auprès des agences de médicaments. Les firmes sont obligées de déclarer des effets indésirables. Si on avait eu des signaux de sécurité par rapport à la plateforme à ARN messager anti-infectieuse, cela aurait déjà été identifié depuis lors », observe l'infectiologue.

Recul sur les auteurs

Les profils des deux auteurs à l'origine de ce rapport de cas permettent également de mettre en doute l'allégation formulée par Slay News. Le cardiologue américain Peter McCullough est notamment réputé pour avoir répandu de la désinformation pendant la pandémie. Il a par exemple fait la promotion de l'ivermectine comme traitement contre le virus. Une fausse affirmation qui a déjà fait l'objet de fact-checks par la dpa (ici et ici). Peter McCullough s'est aussi récemment vu retirer sa certification en médecine interne et en maladies cardiovasculaires par l'organisation d'évaluation des médecins American Board Of Internal Medicine (ABIM).

Le co-auteur de rapport de cas, Nicolas Hulscher, a lui aussi partagé, à plusieurs reprises, de la désinformation au sujet de la vaccination contre le Covid-19.

Encore aujourd'hui, l'agence fédérale américaine de protection de la santé publique - les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) -, continue de recommander les vaccins à ARNm contre le Covid-19.

(Situation au 26.3.2025)

Liens

Publications Facebook I, II et III (versions archivées I, II et III)

Article de Slay News (version archivée)

Fact-check de la dpa sur Slay News

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Actualités FDA (version archivée)

Document émis par la FDA en janvier 2020 (version archivée)

Ligne du temps Covid-19 - CDC (version archivée)

Non, un vaccin à ARNm n'est pas une thérapie génique – Science.Presse (version archivée)

Rapport de cas présenté dans l'article (version archivée)

A propos de Nicolas Dauby (version archivée)

A propos de l'ARN messager (version archivée)

Etude sur l'ARN messager de 2017 (version archivée)

A propos des prises de positions de Peter McCullough I et II (versions archivées I et II)

Révocation de la certification de Peter McCullough (version archivée)

Fact-checks dpa I et II

A propos de la désinformation partagée par Nicolas Hulscher (version archivée)

Recommandations des CDC sur la vaccination contre le Covid-19 (version archivée)

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