Résultats tronqués
La banquise antarctique a connu un déclin brutal en 2016
Publié le 6.2.2025, 15:41 (CET)
En Antarctique, la banquise (également appelée glace de mer) a augmenté sur une longue période de temps, contrairement à la banquise arctique, en déclin depuis plusieurs décennies.
A en croire des internautes, la glace de mer antarctique s'étendrait globalement « depuis 44 ans », malgré des variations dues « aux fluctuations naturelles du climat », prétendent-ils (ici, ici, ici et ici), sur base d'un article de blog. Conclusion ? Le réchauffement climatique serait une « arnaque », estiment-ils. Mais leur raisonnement s'appuie sur une interprétation erronée d'une étude complexe.
Evaluation
L'étendue de la banquise antarctique a augmenté pendant plus de 30 ans, avant de subir une réduction brutale en 2016. Si les scientifiques n'en comprennent pas encore tous les mécanismes, ce constat n'invalide en rien le réchauffement climatique, ont affirmé les auteurs de l'étude à la Deutsche Presse-Agentur (dpa).
Faits
Les publications qui circulent sur les réseaux sociaux partagent une capture d'écran d'un article de blog, paru initialement en allemand mi-novembre 2024.
Selon cet article, la glace de mer de l'Antarctique n'aurait cessé d'augmenter depuis 1979, malgré quelques périodes de rétrécissement résultant de « fluctuations naturelles » du climat ; un constat présenté comme contradictoire avec la théorie du réchauffement climatique. Or ce n'est pas du tout ce que dit l'étude en question.
Déclin brutal en 2016
Intitulée « Sources de variabilité à basse fréquence dans la glace de mer observée en Antarctique », cette étude a été publiée le 30 avril 2024 dans The Cryosphere, une revue scientifique renommée.
Pour mieux comprendre les variations de la banquise ces dernières décennies, les auteurs ont analysé des données satellite de 1979 à 2022.
Ce qui est vrai, c'est que depuis la fin des années 1970, la superficie de la banquise antarctique a augmenté, surtout entre 2000 et 2014. Mais cette progression a connu un déclin brutal en 2016, qui a persisté jusqu'en 2019 et s'est reproduit en 2022, soulignent les auteurs.
Plusieurs théories existent pour expliquer l'évolution de la glace de mer antarctique.
« L'augmentation de la glace de mer de 1979 à 2014 a été influencée par de nombreux facteurs, comme la variabilité naturelle du climat, les changements dans le trou de la couche d'ozone et potentiellement l'eau de fonte de la calotte glaciaire, mais il reste difficile de quantifier précisément ces contributions », explique Robert Jnglin Wills, co-auteur de l'étude et professeur à l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH).
Rien dans l'étude ne remet toutefois en cause le réchauffement climatique.
« Aucun doute » que le réchauffement climatique existe
« Le blog affirme que notre étude révèle qu'il s’agit principalement de fluctuations naturelles, mais c'est faux. Nous ne faisons pas explicitement cette distinction dans notre étude. Nous examinons uniquement la variabilité décennale des observations – naturelle ou anthropique (d'origine humaine, NDLR) », explique Jakob Simon Dörr, chercheur à l'Université de Bergen (Norvège) et également co-auteur de l'étude, dans un mail à la dpa.
« A l'échelle de plusieurs décennies (...), les influences anthropiques sont comparables à l'influence de la variabilité naturelle, mais les deux restent importantes », abonde Robert Jnglin Wills.
Il ajoute : « Il ne fait aucun doute qu'il existe un réchauffement anthropique robuste à l'échelle mondiale, même si les influences anthropiques peuvent être plus difficiles à détecter dans des caractéristiques régionales spécifiques telles que la glace de mer de l'Antarctique. »
Par ailleurs, « on observe une forte diminution de la banquise antarctique de 2014 à aujourd'hui, une période qui a également été marquée par un fort réchauffement climatique », poursuit Robert Jnglin Wills.
« Le phénomène climatique 'el Niño' a contribué à la forte diminution de la glace de mer de l'Antarctique entre 2015 et 2016, mais l'absence de reconstitution de la glace de mer depuis 2016 est une forte indication que le réchauffement climatique anthropique a également contribué à ce déclin », conclut-il.
Affirmer, comme le font certains internautes, que les changements observés sont tout simplement le résultat de fluctuations climatiques naturelles est donc faux.
(Situation au 6.2.2025)
Liens
Publications Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III)
Publication X (version archivée)
Article en allemand - Report 24 (version archivée)
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