Hameçonnage
Des photos de chiots volées sur des comptes japonais
Publié le 6.12.2024, 11:24 (CET)
Les annonces frauduleuses concernant les animaux de compagnie continuent de se multiplier sur les réseaux sociaux. La page « Chiot et chat a donner » (sic.) propose de donner un chihuahua et un spitz nain de quelques mois. Peu d'informations sont fournies concernant ces animaux, mais le risque de corrompre vos données personnelles est grand.
Évaluation
Il s'agit de photos volées sur Instagram. Ce type d'annonces est appelé phishing et vise à voler les données personnelles des utilisateurs intéressés.
Faits
Pour commencer, il suffit d'examiner le profil à l'origine de la publication. Souvent, ces comptes sont inactifs ou créés peu avant la mise en ligne de l'annonce. Dans le cas de ces chiots, la page contient seulement quatre posts publiés entre 2023 et maintenant. Ils concernent tous des chiens à donner ou soi-disant déjà adoptés. Aucune information sur l'identité de la personne en charge de cette page n'est accessible aux utilisateurs. Aucune page web n’est référencée.
Des chiens japonais
Grâce à une recherche d'image inversée, la Deutsche Presse-Agentur a réussi à localiser les mêmes images sur Instagram.
La première publication montre un très jeune chiot de race chihuahua. Les photos originales, ainsi que d'autres clichés, ont été publiés sur le compte Instagram d'un éleveur situé au Japon, plus précisément à Fukuoka. Dans son post, l'éleveur décrit le caractère du chiot et les ressemblances avec la mère de l'animal.
La seconde publication suit le même schéma. Nous avons pu retrouver un post Instagram rassemblant aux photos de Facebook. Il s'agit ici de Shirasu, une chienne de sept mois au moment des photos, qui selon les utilisateurs du compte Instagram, sortait du toilettage.
Les images ont été volées sur les réseaux sociaux afin d'appâter d'autres internautes sur Facebook.
Des races prisées
Le chihuahua, s'il n'est pas la race la plus populaire en Suisse, est tout du moins une des plus convoitées. Le prix d'un chihuahua d'élevage se situe entre 1400 et 4000 francs suisses, selon son pédigré.
Le « format de poche » de cette race serait la raison de son succès. C'est en tout cas ce qu'explique Sonia Cestrone, éleveuse en Suisse, auprès de la radio Rhône FM : « Les gens aiment bien les petits chiens : on peut les prendre partout et ils ne demandent pas de longues promenades. C'est aussi un chien qui demande peu d'entretien, même pour les poils longs, un coup de brosse suffit, pas besoin d'aller chez le toiletteur (…). »
Il est cependant important de souligner le fait que les critères de beauté ou de mignonnerie fixés par les humains peuvent avoir des effets très négatifs sur la santé des animaux. Comme le rappelle la Protection Suisse des Animaux (PSA), la taille toujours plus petite de l'animal augmente les risques de problèmes neurologiques pour le chihuahua : « Leur boîte crânienne est très mince ou ne ferme souvent plus complètement au niveau de la fontanelle. Des chocs accidentels à la tête (par exemple en raison d'une petite chute ou lors du jeu avec d'autres chiens) peuvent donc même être mortels. »
L'une des malformations les plus fréquentes chez les chihuahuas est l'hydrocéphalie, une grave malformation du cerveau, qui va de pair avec la taille naine de ces animaux. Leurs gros yeux protubérants en sont une conséquence et porte le risque d'un prolapsus du globe oculaire, c'est-à-dire que l'œil sorte de sa cavité. De plus, « leurs os fragiles ont tendance à se casser facilement », ajoute la PSA.
Le second chien est de race spitz nain, également appelé loulou de Poméranie. Son prix varie entre 1390 et 2300 francs suisses.
Les arnaques aux animaux domestiques
La police de Fribourg résume sur son site les bons réflexes à avoir face à des fraudes aux animaux domestiques, toujours plus présentes en ligne. Les escrocs ont souvent recours aux mêmes méthodes :
• Ils utilisent des photos d'animaux assez mignons et de races particulièrement appréciées pour attendrir la victime.
• Utilisez la recherche d'image inversée de Google pour vérifier si ces photos apparaissent ailleurs, ce qui pourrait indiquer une fraude.
• Les escrocs proposent souvent l'animal à bas prix ou gratuitement, invoquant une urgence (mutation à l'étranger, manque de temps, décès dans la famille).
• Ils vous pressent de payer rapidement sous prétexte d'urgence.
• Méfiez-vous des adresses e-mail suspectes, des numéros étrangers, des fautes d'orthographe, et des demandes de paiement non traçables (Western Union).
Qu'est-ce que le phishing ?
Sur son site, la Prévention Suisse de la Criminalité (SKPPSC) explique : « Le terme 'phishing' est une contraction des mots anglais password (mot de passe), harvesting (moisson) et fishing (pêche). Il s'agit d'une technique d'escroquerie, aussi appelée hameçonnage, utilisée pour se procurer subrepticement les données confidentielles d'internautes. »
La SKPPSC indique que les informations visées sont celles permettant entre autres d'accéder à des comptes de messagerie, de services bancaires, de la Poste en ligne ou de sites d'enchères. Il est précisé que les malfaiteurs opèrent parfois en groupe organisé, parfois de manière isolée. D'après la SKPPSC, l'attaque peut se manifester par courriel, via un site web, par un service de téléphonie sur internet ou par SMS.
(Situation au 6.12.2024)
Liens
Publication Facebook 1/2 (version archivée)
Publication Facebook 2/2 (version archivée)
Page Facebook frauduleuse (version archivée)
Google - Recherche d'image inversée (version archivée)
Instagram - Photos publication 1/2 (version archivée 1-3, 4)
Instagram - Photos publication 2/2 (version archivée 1-2, 3-4)
Rhône FM - Le chihuahua (version archivée)
Animal.ch - Les races les plus populaires (version archivée)
Prix d'un chihuahua en élevage (version archivée)
KRAX - Le chihuahua (version archivée)
Prix d'un spitz nain en élevage (version archivée)
À propos des fact-checks de la dpa
Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.
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