Propos détournés
Une tribune parue dans le New York Times mal interprétée
Publié le 1.12.2024, 18:07 (CET)
D'après des publications virales sur les réseaux sociaux (ici, ici ou encore ici), le scientifique en chef de la NASA en charge du climat, Gavin Schmidt, aurait admis dans le New York Times que la « science climatique n'est pas établie » et qu'il « n'existe pas de consensus ».
« On nous a menti pendant des décennies », s'indignent des internautes, relayant ces publications vues plus d'une centaine de milliers de fois sur X (ici et ici). Or ce n'est pas ce que le climatologue principal de l'agence spatiale américaine expose dans le quotidien new-yorkais.
Evaluation
Gavin Schmidt ne remet nulle part en cause le consensus scientifique sur le réchauffement climatique. Ce qu'il dit, en revanche, c'est que les scientifiques ne se sont pas encore accordés sur les raisons qui pourraient expliquer la hausse anormale des températures en 2023.
Faits
« Nous sommes encore loin d'une explication consensuelle, même plus d'un an après avoir remarqué ces anomalies. Et cela nous met mal à l'aise ». En tenant ces propos dans une tribune parue en novembre 2024 dans le New York Times, le directeur de l'Institut Goddard de la NASA pour les études spatiales (l'un des principaux laboratoires d'étude sur le réchauffement climatique) Gavin Schmidt et le chercheur à l'institut Berkeley Earth Zeke Hausfather se réfèrent à la hausse notable des températures observées en 2023.
En aucun cas, ils ne remettent en cause le consensus scientifique sur le réchauffement climatique, comme le laissent croire les internautes.
Les deux climatologues affirment d'ailleurs : « Nous savons que les activités humaines sont en grande partie responsables de l'augmentation des températures à long terme, de l'élévation du niveau de la mer, de l'augmentation des précipitations extrêmes et d'autres conséquences d'un climat en évolution rapide ».
Mais 2023 reste une énigme à leurs yeux.
L'année de tous les records
Cette année-là, il a fait bien plus chaud que ce que prévoyaient les modèles climatiques. Les températures moyennes à la surface de la Terre et des mers ont dépassé les records précédents d'environ 0,2°C par mois, ce qui est énorme à l'échelle planétaire. Or, cette poussée du mercure, les scientifiques ne parviennent pas à l'expliquer totalement, concèdent Gavin Schmidt et Zeke Hausfather.
Quelques hypothèses ont été mises en avant. Parmi elles, des climatologues ont évoqué la réduction des émissions de dioxyde de soufre dans le transport maritime depuis 2020, l'éruption d'un volcan sous-marin du Pacifique Sud en 2022, la baisse des émissions d'aérosols en Chine ou encore le comportement inhabituel du phénomène météorologique El Niño, qui pourraient tous avoir joué un rôle sur le climat mondial en 2023. Mais jusqu'à présent, aucune de ces théories, même combinées, ne permet d'élucider complètement le mystère, selon Gavin Schmidt.
La communauté scientifique divisée
Le directeur de l'Institut Goddard de la NASA avait déjà exposé ses incertitudes dans un commentaire paru dans la revue scientifique Nature, en mars 2024, faisant planer le doute d'une accélération du réchauffement climatique.
Mais cette hypothèse est loin de faire l'unanimité au sein de la communauté scientifique. Dans le journal Le Monde, plusieurs climatologues de renom ont rejeté cette théorie, invoquant notamment la variabilité naturelle du climat, parallèlement au réchauffement climatique.
Les débats sont donc vifs. Mais en aucun cas, les arguments exposés ne remettent en cause le réchauffement climatique.
De là à conclure qu'il « n'existe pas de consensus » et qu'« on nous a menti pendant des années », il y a donc un pas énorme que seuls les climatosceptiques franchissent sans vergogne.
(Situation au 29.11.2024)
Liens
Publications Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III)
Publications X I, II (versions archivées I, II)
Article du NYT (version archivée)
A propos de Gavin Schmidt - NASA (version archivée)
A propos de Zeke Hausfather - Breakthrough Institute (version archivée)
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