Images hors contexte

Une drag queen incriminée à tort

Publié le 06.04.2023, 15:49 (CEST)

Les thématiques LGBTQI+ sont souvent sujettes à la désinformation. Mais elles suscitent encore plus de contestation lorsqu’il en va de l’éducation inclusive des enfants.

Une vidéo partagée sur Facebook réclame l'arret de la sexualisation des enfants. La vidéo, réalisée par le mouvement d'extrême droite flamande Schild en Vrienden et sa figure de proue Dries Van Langenhove, montre une manifestation en marge d’un atelier de lecture donné par une drag queen à Bruges, en Belgique. Selon les allégations colportées dans la vidéo, la drag queen aurait exposé aux enfants ses fantasmes sexuels. Il est également suggéré que des sujets relatifs au sexe et à la transition de genre auraient été abordés. Mais la réalité est tout autre.

Évaluation

La vidéo de la protestation contre l'atelier de lecture déforme la réalité. Les accusations de sexualisation pendant la lecture sont infondées. La vidéo utilise des images d’autres événements pour créer une fausse atmosphère lors de l’atelier de lecture à Bruges.

Faits

Le 12 mars, « L’heure du conte de la drag queen » (en anglais "Drag Queen story hour) pour les enfants de trois à six ans a eu lieu au Salon Arents à Bruges. Cet événement à guichets fermés avait lieu dans le cadre du festival « Queer was here », organisé du 4 au 26 mars. L’ancien député du parti d'extrême droite Vlaams Belang, Dries Van Langenhove, a protesté contre l’événement et a ensuite posté une vidéo de l’action sur les réseaux sociaux.

La vidéo montre des images d’événements de drag queen organisés avec des enfants, mais toutes ne sont pas liées à l’activité de Bruges. La vidéo comprend par exemple des images d’octobre 2017 à Los Angeles et d'un spectacle de drag queen à Londres en mars. Des images d'une drag queen canadienne en 2017 et d'une drag queen britannique en 2019 sont également utilisées. Celles-ci sont extraites de leur contexte et montées dans la vidéo censée illuster l'atelier de lecture à Bruges, sans aucun avertissement. L’utilisateur regardant ces images n’a donc aucune idée du fait que certaines d'entre elles n’ont rien à voir avec la lecture à Bruges.

La vidéo induit clairement le spectateur en erreur en donnant à l’événement brugeois des connotations à caractère sexuel. Son contenu ne reflète pas non plus le déroulé de la lecture. Seul un extrait, posté sur les réseaux sociaux par la librairie gantoise Rokko, qui avait sélectionné le livre, est utilisé. Il montre la drag queen Bang Bang Ladesh lisant une histoire aux enfants présents.

La drag queen a lu un extrait du livre « En ze leefden nog » (en français « Et ils vécurent jusqu'à la fin des temps »), dans lequel les contes de fées classiques sont adaptés et les princesses déterminent elles-mêmes leur propre destin. Selon la page de l’événement « L’heure du conte de la drag queen », l’histoire parle de tolérance, d’amour et d’inclusion. C’est aussi ce que l’institution culturelle Musea Brugge a écrit, par la suite, à propos de l’événement sur Facebook.

Selon l'échevin de la culture de Bruges, Nico Blontrock, la lecture portait sur "l'acceptation de la différence". Il est revenu sur l’événement lors d'un conseil communal et a souligné (dans cette vidéo à partir de 4:00, et sur le site du quotidien Gazet van Antwerpen) qu’à aucun moment de la lecture il ne s’agissait de « fantasmes sexuels, de changement de sexe ou de sexe anal ».

La protestation ainsi que la vidéo de Schild en Vrienden ont suscité une vague d'indignation au sein du conseil communal de Bruges. La majorité des membres a soutenu les organisateurs de l'événement et condamné la manifestation. Par la suite, Musea Brugge a également réagi, faisant part de son soutien aux organisateurs.

L’heure du conte de la Drag Queen

"L’heure du conte de la Drag Queen" est un concept international qui existe depuis 2015. L’objectif de l’organisation est de stimuler l’imagination des enfants à travers des moments de lecture et de montrer qu’il existe des alternatives aux rôles de genre stricts.

Ces ateliers de lecture sont souvent au centre de polémiques et de protestations, particulièrement aux États-Unis. Une recherche sur "L’heure du conte de la Drag Queen" donne principalement des résultats sur les actions des partisans et des opposants du concept.

Liens

Publication Facebook (version archivée, video archivée)

Instagram - Vidéo (version archivée)

Tweet de Dries Van Langenhove (version archivée)

Drag Queen story hour (version archivée)

Musea Brugge - Queer was here (version archivée)

Nieuwsblad - Article (version archivée)

Snopes - Article (version archivée)

Yahoo! - Article (version archivée)

Youtube - Video (version archivée)

Instagram - Rokko_Gent (version archivée)

En ze leefden nog - Et ils vécurent jusqu'à la fin des temps (version archivée)

Standaard - Article (version archivée)

Annonce de l'évènement (version archivée)

Facebook - Musea Brugge (version archivée)

Facebook - Nico Blontrock (version archivée, archive video)

Nico Blontrock (version archivée)

Gazet van Antwerpen - Article (version archivée)

KW - Article (version archivée)

Nieuwsblad - Article II (version archivée)

Drag Queen story hour (version archivée)

Huffpost - Article (version archivée)

Google - Recherche (version archivée)

À propos des fact-checks de la dpa

Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.

Si vous avez des objections ou des remarques, merci de les envoyer à l'adresse factcheck-schweiz@dpa.com en incluant un lien vers la publication Facebook concernée (voir le modèle à utiliser ici).

Pour plus d’informations sur la manière de soumettre une correction ou de contester une évaluation, veuillez vous référer à cette page.