Le gazoduc transanatolien indemne

Côté matériel, un gazoduc en provenance de l'Azerbaïdjan et traversant la Turquie, le TANAP, aurait été détruit suite aux tremblements de terre. C'est en tout cas ce qu'avancent certains internautes sur les réseaux sociaux. Ce pipeline serait le fournisseur principal de gaz pour l'Union européenne, ce qui aurait pour conséquence de déclencher une pénurie d'approvisionnement. Mais ce transporteur gazier a-t-il vraiment été touché ?

Évaluation

Le gazoduc TANAP n'a pas été détruit suite aux séismes survenus en Turquie ce lundi 6 février 2023. Il n'est pas non plus le fournisseur principal de gaz pour l'UE.

Faits

Le TANAP est le gazoduc transanatolien qui traverse la Turquie pour rejoindre la frontière avec la Grèce. Long de 1 850 kilomètres, il permet d'acheminer le gaz d'Azerbaïdjan vers l'Union européenne.

Parmi ses actionnaires, on retrouve la compagnie britannique de raffinage et de vente de pétrole BP. Contacté par la dpa, le bureau de presse de BP a confirmé qu'il n'y a eu aucune incidence sur TANAP et que les activités d'exportation de gaz se poursuivent normalement.

Le groupe d'infrastructures énergétiques indépendant Fluxys, actif notamment dans le stockage et le transport de gaz, va dans le même sens que BP en affirmant à la dpa que, d'après leurs informations, « il n’y aurait pas eu d’interruption des flux dans TANAP ».

De plus, aucune communication officielle n'a été faite sur le site internet TANAP, ni sur sa page Twitter.

Situations géographiques différentes

Une carte de TANAP permet de constater que ce dernier traverse la Turquie par le nord, tandis que les deux séismes du 6 février se sont produits dans le sud-est du pays, dans la province de Kahramanmaras. Le premier tremblement de terre a eu lieu en pleine nuit dans le district de Pazarcik, tandis que le second, intervenu quelques heures plus tard, s'est produit à quelques kilomètres de la ville d'Ekinozu, toujours dans le sud-est de la Turquie.

Au niveau de l'intensité du séisme, d'autres cartes, comme celle-ci et celle-ci, permettent de démontrer que le nord du pays a ressenti les tremblements de terre de manière plutôt modérée.

Diversification d'approvisionnement

Dans leurs publications, les internautes affirment que le TANAP était devenu la source principale de gaz pour l'UE suite au sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2, dont la responsabilité reste à déterminer. Ces transporteurs gaziers permettaient d'acheminer le gaz russe vers l'UE par la mer baltique.

Toutefois, le gazoduc transanatolien n'est pas le principal fournisseur en gaz de l'UE. En juillet dernier, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a en effet annoncé avoir conclu un accord avec l'Azerbaïdjan pour doubler les importations de gaz vers l'Europe. Cet arrangement fait partie d'un plan plus large lancé en mai 2022, « REPowerEU ». Les objectifs sont de sécuriser l'approvisionnement de l'UE en gaz et d’accélérer sa transition écologique.

C'est dans ce cadre qu'en juin 2022, Ursula von der Leyen s'est rendue en Égypte où elle a signé un protocole d'accord trilatéral entre l'UE, l’Égypte et Israël pour l'acheminement de gaz naturel vers l’Europe. Depuis l'invasion russe en Ukraine, le vieux continent cherche donc à diversifier ses pistes d'approvisionnement pour mettre fin à sa dépendance envers la Russie.

La diminution de cet apport est déjà constatée : de janvier à novembre 2022, moins d'un quart des importations de gaz de l'UE venait de Russie. Parmi les autres fournisseurs de gaz, on retrouve la Norvège, l'Algérie ainsi que les États-Unis, le Qatar et le Nigeria pour l'importation de gaz naturel liquéfié (GNL).

(Situation au 10.02.2023)