Des tests sur les animaux concluants pour les vaccins anti-Covid

1.6.2021, 16:27 (CEST)

« A peine croyable. C'est pas des complotistes qui disent ça, c'est un comité du sénat U.S. », s’étonne un internaute suisse sur Facebook. « Ils ont arrêté les tests sur les animaux parce que les animaux mouraient et maintenant ils donnent ça au public… », poursuit-il. (Version sauvegardée)

Evaluation

Cette allégation est fausse. Les vaccins contre le Covid-19 ont bien subi une série d’expérimentations animales concluantes, à l’instar de tous les vaccins, dont l’efficacité doit être prouvée sur des animaux avant de pouvoir poursuivre leur développement.

Faits

L’utilisateur reprend dans son post un texte publié sur le site Rumble, accompagné d’un clip vidéo. Il s’agit d’un extrait d’une audience à la Commission des Affaires d’Etat du Sénat du Texas, aux Etats-Unis, le 6 mai 2021. Le débat porte sur un projet de loi du sénateur Bob Hall, visant à « empêcher tout type de discrimination basée sur le statut vaccinal et à interdire la vaccination forcée » contre le Covid-19.

A la fin de l’audience (à partir de 43:50 dans la vidéo originale), alors qu’il est en train de poser des questions à une pédiatre américaine, Bob Hall affirme : « Ils ont arrêté les tests sur les animaux parce que les animaux mouraient ».

Plusieurs études précliniques, c’est-à-dire la première phase de développement d’un vaccin au cours de laquelle il est testé en laboratoire et sur des animaux, ont été menées avec succès sur les vaccins contre le Covid-19.

La Food and Drug Administration (FDA), l’organisme qui se charge entre autres d’approuver la mise sur le marché des vaccins aux Etats-Unis, évoque notamment ces études dans des documents concernant les trois vaccins autorisés dans le pays jusqu’ici, à savoir ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna et Johnson & Johnson.

La FDA y mentionne différentes études conduites avec succès sur des singes et des souris pour les trois vaccins, ainsi que sur des hamsters pour Moderna et des lapins pour Johnson & Johnson, afin d’assurer leur « efficacité et sécurité ».

En septembre 2020, Pfizer/BioNTech avait d’ailleurs annoncé que son vaccin candidat s’était montré efficace sur des singes et des souris. A la même période, Johnson et Johnson établissait que son vaccin avait empêché le développement d’une « maladie clinique grave » chez des hamsters. Il en va de même pour Moderna, qui rapportait en juillet 2020 que le vaccin avait entraîné « une réponse immunitaire robuste et une protection contre l'infection par le SRAS-CoV-2 dans les voies respiratoires supérieures et inférieures chez des primates non humains ». Un mois plus tard, une autre étude montrait que le vaccin Moderna avait protégé des souris du virus.

Pour être homologués, les vaccins doivent répondre à des critères rigoureux et passer par plusieurs phases de développement, comprenant des essais sur des animaux puis sur des humains, comme l’explique l’Office fédéral de la santé publique suisse (OFSP). « Seuls les vaccins qui présentent de bons résultats dans une phase peuvent passer à la suivante », souligne l’Office. Les tests sur les humains n'auraient donc pas pu être menés si les résultats des expérimentations animales n'avaient pas été satisfaisants. Les vaccins continuent ensuite à être surveillés même après avoir été autorisés, et un suivi des effets secondaires éventuels est assuré « en continu ».

En mars 2020, la Coalition internationale des autorités de réglementation des médicaments (ICMRA) a estimé que certains vaccins, pour lesquels il existe une connaissance suffisante « de la réponse immunitaire suscitée » et sous certaines conditions, pouvaient être autorisés à débuter leur première phase de tests sur des humains sans avoir terminé les études animales. Cela ne signifie pas que les expérimentations animales ont été interrompues, mais qu’elles ont pu se dérouler en parallèle d’essais cliniques sur des humains, ce qui a permis de développer les vaccins plus rapidement.

Bien que les vaccins anti-Covid ont été soumis à une procédure accélérée, « les exigences en termes d’efficacité et de sécurité restent les mêmes que lors d’une procédure d’autorisation ordinaire », souligne l'OFSP.

Une liste non-exhaustive des essais cliniques chez l’humain effectués sur les vaccins des fabricants avec lesquels la Suisse a conclu un contrat peut être trouvée sur la plateforme d’information sur les vaccinations Infovac, ainsi qu’un classement des autres vaccins par phase d’essais et des informations sur le nombre de participants.

L’utilisateur Facebook relaie également un autre passage de l’intervention du sénateur Bob Hall : « On peut maintenant voir des entreprises rendre obligatoires ces vaccins comme condition d'emploi ». Dans l’extrait repris sur Rumble, Bob Hall dit en réalité que des entreprises « veulent exiger » qu’un vaccin contre le Covid-19 « soit administré aux gens comme condition d’emploi ». Mais si l’on se réfère à l’audience complète, il parle bien au début d’une « poussée croissante pour les vaccinations obligatoires dans le domaine du Covid-19 ».

Ce phénomène a en effet été observé par le quotidien américain The Wall Street Journal fin avril, que ce soit pour de nouveaux recrutements ou des employés déjà existants. Il est vrai que les lois fédérales en place sur la non-discrimination « n'empêchent pas un employeur d'exiger que tous les employés entrant physiquement sur le lieu de travail soient vaccinés contre le Covid-19 », explique la Commission américaine de l'égalité des chances en matière d'emploi (EEOC), à moins que ceux-ci répondent à certaines exceptions, comme par exemple un handicap ou une croyance religieuse.

D’autres propos de Bob Hall repris dans la publication Facebook doivent toutefois être mis en perspective. « Nous avons ce décompte de morts qui continue de grimper et qui est totalement ignoré », affirme-t-il. Plus de 285 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été administrées aux Etats-Unis du 14 décembre 2020 au 24 mai 2021, selon les Centres américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Pendant cette période, 4.863 rapports de décès parmi les personnes ayant reçu une injection ont été signalés. Mais le fait que quelqu’un meurt après avoir été vacciné ne veut pas forcément dire que ce décès a été causé par la vaccination.

Un examen de ces rapports n’a d’ailleurs pas permis d’établir un lien de causalité entre ces morts et les vaccins anti-Covid, indiquent les CDC. Dans le cas de Johnson & Johnson, une relation de cause à effet « plausible » a été identifiée entre le vaccin et des incidents rares de caillots sanguins, dont certains ont causé des décès. Ces cas restent cependant l’exception : en date du 21 avril 2021, la FDA a recensé 15 cas confirmés de thrombose suivant l’injection du vaccin Johnson & Johnson, qui « ont été associés à trois décès », sur plus de 10 millions de doses administrées aux Etats-Unis.

Links

Publication Facebook (archivé)

Lien partagé (archivé)

Commission Texas (archivé)

Projet de loi

Bob Hall (archivé)

Vidéo audience

Pédiatre américaine (archivé)

Vaccins autorisés Etats-Unis (archivé)

FDA sur Pfizer/BioNTech

FDA sur Moderna

FDA sur Johnson & Johnson

Etude Pfizer/BioNTech (archivé)

Etude Moderna singes (archivé)

Etude Moderna souris (archivé)

Etude hamsters Johnson & Johnson (archivé)

Infovac développement vaccins (archivé)

ICMRA sur les essais

Procédure accélérée Suisse (archivé)

Infovac liste essais cliniques (archivé)

Infovac informations vaccins (archivé)

Article The Wall Street Journal (archivé)

Commission égalité des chances (archivé)

Signalements décès CDC (archivé)

Caillots Johnson & Johnson (archivé)

Doses administrées Johnson & Johnson (archivé)

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