Aucun lien avec Gaza

Une photo qui montre une vraie victime, mais pas le bon pays

Publié le 17.11.2023, 13:50 (CET)

Sur les réseaux sociaux, la photo d'un homme blessé est désormais utilisée dans le mauvais contexte. Celle-ci est liée à un conflit entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, et non à la situation à Gaza.

Depuis quelques jours, la photo d'un homme, dont le dos est couvert de blessures profondes et circulaires, est partagée en ligne. Dans une publication Facebook relayée notamment au Luxembourg, l'image est accompagnée de la légende suivante : « Le phosphore blanc est internationalement interdit. Il brûle jusqu'à l'os. Israël l'utilise sur les civils palestiniens. L'occident laisse faire. Regardez les conséquences d'une pluie de flammes sur un corps palestinien. »

Évaluation

La photo ne montre pas une victime palestinienne dans la bande de Gaza. Elle circule en ligne depuis 2020 au moins et est liée au conflit dans la région du Haut-Karabagh, une enclave située en Azerbaïdjan majoritairement peuplée d'Arméniens.

Faits

Contrairement à ce qui est affirmé dans la publication Facebook, la photo ne montre pas un « corps palestinien ». L'image a été diffusée dès le 3 novembre 2020 sur la plateforme X (anciennement Twitter) par un utilisateur en Arménie. Elle est notamment accompagnée des hashtags #StopAzeriAggression et #RecognizeArstakh (sic).

Toujours le 3 novembre 2020, la même photo a été publiée sur X par un autre utilisateur, avec le texte suivant en anglais : « Munitions au phosphore ! Voilà à quoi cela ressemble sur un corps humain ! Cette photo a été diffusée par un médecin de #Artsakh. L'#Azerbaïdjan utilise cela contre nos soldats ! Ça te met mal à l'aise de regarder ça ? Est-ce que tu te sens mal ? Alors pourquoi n'élèves-tu pas la voix ? » 

Il s'agit ici du conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie à propos du territoire du Haut-Karabagh, situé en Azerbaïdjan mais peuplé majoritairement d'Arméniens. En Arménie, le Haut-Karabagh est appelé Artsakh. En septembre 2023, les forces azerbaïdjanaises y ont lancé une offensive. Il s'en est suivi de ce qui est qualifié par certains de « nettoyage ethnique », au cours duquel plus de 100 000 personnes ont fui la région pour se réfugier en Arménie.

Fin 2020, le conflit, qui couvait depuis plus de trois décennies, s'était à nouveau intensifié. En septembre de cette année-là, l'Arménie avait accusé l'Azerbaïdjan d'avoir utilisé du phosphore blanc, notamment par le biais d'un rapport détaillé des « Défenseurs des droits de l'homme de la République d'Arménie » mis en place par le gouvernement. L'Azerbaïdjan a également accusé l'Arménie d'avoir utilisé du phosphore.

Le phosphore blanc s'enflamme au contact de l'oxygène. Il est considéré comme une arme incendiaire, dont la combustion peut atteindre 1 300 degrés. L'utilisation de bombes au phosphore est interdite par un protocole additionnel de 1977 à la Convention de Genève sur le droit humanitaire des conflits armés, chaque fois qu'elle est susceptible de causer des dommages aux civils.

Dans un passé récent, la Russie et l'Ukraine se sont mutuellement accusées d'avoir utilisé des bombes au phosphore, y compris contre des civils. Les organisations de défense des droits humains Human Rights Watch et Amnesty International accusent également Israël d'avoir utilisé du phosphore blanc. A la mi-octobre 2023, Human Rights Watch a assuré qu'Israël avait utilisé du phosphore blanc à la fois dans la bande de Gaza et dans le sud du Liban. De son côté, Amnesty International a déclaré qu'Israël avait tiré des obus au phosphore dans le sud du Liban en octobre.

(Situation au 17.11.2023)

Liens

Publication Facebook (version archivée)

Publications X I et II (versions archivées I et II)

A propos du Haut-Karabagh (version archivée)

Rapport Human Right Defenders Armenia (version archivée)

A propos du phosphore blanc (version archivée)

Human Rights Watch (version archivée)

Amnesty International (version archivée)

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