Le Kenya est toujours membre de l'OMS

Dès son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a signé une série de décrets controversés, dont l'un prévoit le retrait des Etats-Unis de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). L'Argentine a annoncé son intention de faire de même début février.

Le Kenya aurait-il également franchi le cap ? C'est en tout cas ce qu'avancent des publications virales, accompagnées d'une vidéo dans laquelle un homme déclare que le vaccin contre le tétanos rendrait les femmes stériles. Mais qu'en est-il exactement ?

Evaluation

L'homme qui s'exprime dans la vidéo est un médecin kényan anti-vaccin et critique de l'OMS. Il n'a pas autorité pour retirer son pays de l'OMS. De plus, la séquence date de mai 2024.

Faits

L'homme qui apparaît dans la vidéo est Wahome Ngare, un gynécologue-obstétricien kényan, connu pour ses positions anti-vaccins. Il s'exprime lors de la « Conférence interparlementaire africaine sur les valeurs familiales et la souveraineté », qui a eu lieu début mai 2024 en Ouganda.

Dans l'extrait, Wahome Ngare s'adresse au président ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, en multipliant les critiques envers l'OMS et les affirmations erronées sur les vaccins (voir ci-dessous). Cependant, il n'est pas question dans son discours de retirer le Kenya de l'OMS. Wahome Ngare n'a aucune autorité pour le faire.

Une recherche d'image inversée permet de retrouver la séquence sur le compte Facebook de Wahome Ngare. Une version plus longue est également visible sur X.

Le Kenya reste membre de l'OMS

La séquence ne constitue donc aucune preuve d'un prétendu retrait du Kenya de l'OMS.

Au contraire, le directeur général du ministère kényan de la Santé, Patrick Amoth, a appelé, dans une récente interview, à une plus grande coopération. « Les leçons tirées de la pandémie ont montré que nous sommes plus en sécurité lorsque nous travaillons ensemble en tant que communauté mondiale », a-t-il déclaré dans le sillage de la décision des Etats-Unis de quitter l'OMS.

En février, le compte X du ministère kényan de la Santé a également publié un article sur un projet conjoint avec l'agence onusienne.

Infox sur les vaccins

Après l'intervention de Wahome Ngare et la diffusion virale de ses propos sur les réseaux sociaux, le ministère ougandais de la Santé a tenu à rectifier sur X certaines fausses affirmations.

L'Alliance pour la riposte contre l'infodémie en Afrique, un réseau d'organisations internationales et d'organismes de fact-checking soutenu par l'OMS, a également publié un rapport spécial, réfutant ou nuançant les déclarations de Ngare.

Parmi celles-ci, l'allégation selon laquelle le vaccin contre le tétanos rendrait les femmes stériles est un cas d'école au Kenya. La rumeur s'est répandue dans les années 1990, lorsque des responsables catholiques ont accusé les autorités du pays d'injecter des hormones de grossesse HCG (hormone chorionique gonadotrophique) dans les vaccins afin, disaient-ils, de stériliser les femmes.

Or c'est faux. Cette affirmation repose en réalité sur la mauvaise interprétation de résultats d'analyses, comme on peut le lire ici ou encore ici. La rumeur a également été démentie par l'OMS, qui a certifié que ces vaccins étaient « sûrs ».

Les vaccins antitétaniques figurent dans les programmes de vaccination infantile du monde entier. Selon l'OMS, environ 25 000 nouveau-nés sont morts du tétanos en 2018, soit une réduction de 97% depuis 1988, due en grande partie à l'administration de vaccins, selon l'agence onusienne.

(Situation au 6.3.2025)