Aucun lien avec Valence

Une centrale électrique flottante au large du Ghana

Publié le 19.11.2024, 15:06 (CET)

A en croire certains, un navire équipé d'une infrastructure étrange aurait été aperçu près de Valence peu avant les inondations. Pourtant, ce bateau, amarré au Ghana, n'a plus bougé depuis 2019.

Fin octobre 2024, de fortes pluies ont provoqué des inondations exceptionnelles dans la région espagnole de Valence. Selon le dernier bilan, la catastrophe a fait plus de 220 morts.

Si le réchauffement climatique exacerbe ce type d'événement extrême, certains internautes y voient une tout autre explication. Vidéo à l'appui, ils prétendent qu'un navire s'apparentant, selon eux, à une installation du programme de recherche américain HAARP aurait été aperçu au large de Valence peu avant la tempête. Signe que celle-ci serait l'oeuvre d'une manipulation humaine ? C'est du moins ce qu'ils laissent penser dans des publications virales. Mais celles-ci recyclent une théorie du complot maintes fois réfutée.

Evaluation

Le navire dont il est question est une centrale électrique flottante appartenant à la société turque Karpowership. Amarré au large du Ghana, ce bateau produit de l'énergie, mais ne peut en rien modifier la météo. Que le centre de recherche américain HAARP en soit capable est une théorie du complot démystifiée depuis longtemps.

Faits

Dans l'extrait vidéo qui circule en ligne, le navire porte l'inscription : « Karadeniz Powership Osman Khan ». Une recherche sur Google avec ces termes permet de retrouver la vidéo originale, postée sur YouTube en août 2017 par la société turque Karpowership.

Selon son site web, le groupe possède une flotte de centrales électriques flottantes, dont l'Osman Khan fait partie. Ces navires peuvent être déployés rapidement dans des endroits où il n'est pas possible de construire une centrale électrique terrestre pour répondre aux besoins urgents de la population. L'énergie est alors transportée du navire vers le continent.

Au large du Ghana depuis 2019

Actuellement, l'Osman Khan se trouve au large du Ghana. Après avoir accosté à proximité du village de Tema dans un premier temps, le navire a rejoint la base navale de Sekondi Takoradi, à la mi-août 2019, lit-on dans plusieurs articles de presse (ici et ici par exemple).

Les données du site web Marine Traffic, qui permet de suivre la position des navires, indiquent que le bateau n'a plus bougé depuis le 16 août 2019.

Sur Google Maps, les images satellite prises en 2024 montrent également que le navire se trouve toujours au Ghana. L'explication réside dans le fait que la société turque Karpowership s'est engagée à fournir de l'énergie à la compagnie nationale d'électricité du Ghana pour une période de 10 ans.

Que le navire ait été aperçu au large de Valence quelques jours avant la tempête, relève par conséquent de la pure fiction. Début novembre, la Deutsche Presse-Agentur (dpa) avait déjà démystifié une affirmation similaire à propos d'un bateau de la même entreprise.

HAARP ou le fantasme d'une « arme secrète »

Créé dans les années 1990, le programme de recherche américain High Frequency Active Auroral Research Program (HAARP) étudie l'ionosphère (comprise entre 50 km et 1000 km d'altitude), ainsi que son rôle dans la propagation des ondes radio. Le but de ces recherches est d'améliorer les systèmes de communication à des fins civiles et de défense, lit-on sur son site web.

Autrefois financé par l'armée américaine, HAARP est désormais géré par l'Université d'Alaska à Fairbanks (UAF) et n'a rien de secret. Pourtant, il fait l'objet de théories conspirationnistes depuis des années. La dpa l'a déjà montré à de nombreuses reprises : à chaque événement météorologique extrême, des affirmations infondées ou des images décontextualisées ravivent l'idée selon laquelle ce laboratoire serait une arme secrète américaine, susceptible de modifier la météo à dessein.

Or, HAARP en est tout simplement incapable. Ses scientifiques utilisent des longueurs d'onde qui n'interfèrent pas avec les couches inférieures de l'atmosphère, où se produisent les conditions météorologiques de la Terre (à savoir la troposphère et la stratosphère), souligne HAARP sur son site web.

Dans une interview en 2018, Robert McCoy, directeur de l'Institut de géophysique de l'UAF, avait d'ailleurs déclaré que, même si le système était rendu dix fois plus puissant et que les chercheurs tentaient délibérément de modifier la météo, cela ne fonctionnerait pas. « Le fonctionnement des radios à haute fréquence est que l'atmosphère est transparente à ces signaux », avait-il précisé.

(Situation au 19.11.2024)

Liens

Liens Facebook I, II, III (versions archivées I, II, III, vidéo archivée)

Vidéo originale sur YouTube (version archivée, vidéo archivée)

A propos de la société Karpowership (version archivée)

A propos de la flotte de Karpowership (version archivée)

Articles de presse à propos du navire amarré au Ghana I, II (versions archivées I, II)

Données du navire sur Marine Traffic (version archivée)

Position du navire sur Google Maps (version archivée)

A propos du contrat de Karpowership au Ghana (version archivée)

A propos de l'ionosphère - IRM (version archivée)

FAQ à propos de HAARP (version archivée)

A propos des théories conspirationnistes sur HAARP (version archivée)

Fact-checks de la dpa I, II, III

Interview de Robert McCoy à propos de HAARP (version archivée)

A propos de Robert McCoy (version archivée)

À propos des fact-checks de la dpa

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