Aucune intention malveillante

La tempête Boris résulte de facteurs météorologiques

Publié le 23.9.2024, 14:29 (CEST)

Le programme de recherche HAARP serait-il responsable de la tempête Boris ? La réponse est non. HAARP est incapable de contrôler la météo et la tempête peut s'expliquer par des causes naturelles.

Mi-septembre 2024, la tempête Boris, qui a frappé la République tchèque, la Roumanie, l'Autriche, la Pologne et la Slovaquie, a fait une vingtaine de morts.

Sur les réseaux sociaux, certains internautes partagent des vidéos du déluge, l'attribuant au laboratoire de recherche scientifique HAARP, qu'ils accusent de manipuler le climat mondial. Mais ce dernier n'a aucun rapport avec la tempête. 

Evaluation

Basé en Alaska, le programme de recherche scientifique HAARP a pour mission d'étudier la haute atmosphère pour pouvoir améliorer les systèmes de télécommunication. Il est incapable de modifier la météo, dont les conditions se produisent dans la basse atmosphère. De plus, la tempête Boris peut s'expliquer par un phénomène météorologique bien connu.

Faits

A chaque événement météorologique extrême, les spéculations les plus folles sur le laboratoire de recherche américain HAARP (pour High frequency active auroral research program) refont surface sur les réseaux sociaux.

Né dans les années 1990, ce programme géré par l'Université de l'Alaska à Fairbanks (UAF) étudie l'ionosphère (comprise entre 50 km et 1000 km d’altitude), ainsi que son rôle dans la propagation des ondes radio. Le but de ces recherches est d'améliorer les systèmes de communication à des fins civiles et de défense, précise HAARP sur son site web.

S'étirant sur une douzaine d'hectares hérissés de 180 antennes, HAARP fait l'objet de théories conspirationnistes depuis des années. Certains en sont persuadés : ce programme, autrefois financé par l'armée américaine, serait capable de contrôler la météo et provoquer des catastrophes naturelles comme les techniques de géo-ingénierie. Mais la réalité est tout autre.

Les conditions météo se produisent dans la basse atmosphère

Les scientifiques de HAARP utilisent des émetteurs radio haute fréquence pour perturber de petites zones de l'ionosphère pendant un temps très court et en observer les effets.

Les longueurs d'onde utilisées ne peuvent toutefois pas influencer la météo, car elles ne sont pas absorbées dans les couches inférieures de l'atmosphère qui produisent les conditions météorologiques de la Terre (à savoir la troposphère et la stratosphère), souligne HAARP sur son site web. On peut également le constater ici.

« Si les tempêtes causées par le soleil lui-même dans l'ionosphère n'affectent pas la météo à la surface de la Terre, il n'y a aucune chance que HAARP en soit capable », lit-on également sur le site web de HAARP.

Un phénomène appelé « goutte froide »

En réalité, la tempête Boris est le résultat d'un phénomène bien connu en météorologie. Il s'agit d'une « goutte froide ».

Ce phénomène - déjà à l'origine des inondations de juillet 2021 en Allemagne et en Belgique - se produit lorsqu'une poche d'air froid dans la moyenne stratosphère (environ 5km d'altitude) se retrouve piégée au milieu d'une masse d'air chaud. Ce conflit entre les masses d'air peut déclencher des précipitations abondantes, comme l'explique le climatologue de l'Université catholique de Louvain, François Massonnet, interrogé par la RTBF.

Dans le cas de la tempête Boris, une descente d'air d'origine polaire a rencontré sur son passage l'air chaud et humide de la Méditerranée et de la mer Noire, dont les températures de surface étaient au-dessus de la normale. Et comme l'eau plus chaude favorise l'évaporation, il y avait donc plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère et donc plus de précipitations potentielles.

Cette dépression s’est ensuite retrouvée coincée entre deux anticyclones en Europe centrale, où les reliefs ont également joué un rôle en bloquant les précipitations sur une zone déterminée.

Des pluies plus abondantes avec le réchauffement climatique

Si la goutte froide est un phénomène courant, le réchauffement climatique peut en augmenter l'impact, car un air plus chaud peut transporter davantage de vapeur d'eau, ce qui signifie plus de pluie.

Dans une étude d’attribution rapide, publiée le 16 septembre, les scientifiques du consortium européen ClimaMeter (qui étudie les facteurs des évènements météorologiques extrêmes) estiment que la tempête Boris a été en partie exacerbée par le réchauffement climatique. Celui-ci aurait augmenté les précipitations de 20%.

La tempête Boris est donc liée à un ensemble de facteurs météorologiques et climatiques. Elle n'a rien à voir avec le programme HAARP.

Ce type d'allégation trompeuse, confondant météo, réchauffement climatique et fantasmes sur HAARP, circule régulièrement en ligne, comme on peut le voir ici ou encore ici.

(Situation au 23.09.2024)

Liens

Bilan provisioire de la tempête Boris (version archivée)

Publications Facebook I, II (versions archivées I, II, vidéos archivées I, II)

A propos de HAARP (version archivée)

A propos de l'ionosphère (version archivée)

A propos des théories conspirationnistes sur HAARP - Conspiracy Watch (version archivée)

A propos de la géo-ingénierie (version archivée)

A propos de l'incapacité de HAARP à contrôler la météo - FAQ (version archivée)

A propos des conditions météo dans la basse atmosphère (version archivée)

A propos du phénomène de la goutte froide (version archivée)

A propos des inondations de juillet 2021 en Belgique et en Allemagne (version archivée)

Explications du climatologue François Massonnet, cité par la RTBF (version archivée)

A propos des causes de la tempête Boris I, II (versions archivées I, II)

A propos de l'étude d'attribution de ClimaMeter (version archivée)

Fact-checks de la dpa I, II

À propos des fact-checks de la dpa

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