Récit inventé

Une photo de soldats israéliens en 2013

Publié le 23.4.2024, 17:05 (CEST)

Accompagner ses affirmations d'une photo ne les rend pas forcément vraies. La preuve avec une histoire de mercenaires français à Gaza qui ne se base sur rien de tangible.

Un commandant français appartenant à un groupe de mercenaires appelé « Les Commandos » aurait perdu la vie dans un tunnel piégé à Gaza, aux côtés de cinq hommes de son unité. Cette histoire circule en différentes langues sur les réseaux sociaux depuis le 20 avril 2024, notamment sur Facebook (comme ici et ici) et X, où un post comptabilise plus de 300 000 vues. Les publications sont accompagnées d'une photo censée montrer le commandant en question. Celui-ci aurait perçu un salaire mensuel de 15 000 euros de la part d'Israël pour combattre à Gaza. Mais ce récit est-il fondé ?

Evaluation

Non, la photo en question date de 2013 et montre des soldats israéliens lors d'un exercice près de la frontière syrienne. Il n'existe donc aucune preuve indiquant que l'homme visible sur l'image soit un commandant français. On ne retrouve pas non plus d'éléments qui corroborent cette prétendue histoire de mercenaires tués dans un tunnel à Gaza.

Faits

L'utilisation erronée de la photo a déjà été signalée sur X par Shayan Sardarizadeh, un journaliste de la BBC spécialisé dans le fact-checking, ainsi que par le compte francophone Random OSINT.

Comme ces derniers l'indiquent, la photo n'est pas récente - contrairement à ce que laissent entendre certains internautes. Le cliché, disponible sur la banque d'images Getty Images, date en réalité du 6 mai 2013.

D'après la légende, la photo montre des soldats israéliens de la brigade Golani durant un exercice militaire sur le plateau du Golan, près de la frontière avec la Syrie. Ce territoire, annexé par Israël en 1981, est depuis longtemps une source de tension entre les deux pays.

Rien ne prouve que l'homme mis en avant dans les publications sur Facebook et X soit français. Son identité n'a pas pu être déterminée avec certitude, mais la légende de la photo fait uniquement référence à des « soldats israéliens ».

Histoire introuvable

En outre, on ne retrouve nulle trace de cette prétendue histoire de mercenaires français qui auraient été tués dans un tunnel à Gaza, ni au sujet d'un soi-disant groupe appelé « Les Commandos ».

L'origine de ce récit sans fondement n'est pas clairement établie. La plus ancienne version que la Deutsche Presse-Agentur (dpa) a pu identifier a été publiée sur X le 20 avril 2024, en arabe. Elle est ensuite apparue dans d'autres langues, notamment en anglais.

Il est vrai que certains citoyens français figurent dans les rangs de Tsahal, l'armée israélienne. Citant cette dernière, le journal Libération évoquait en 2018 le chiffre de 4 185 soldats en service régulier, comprenant à la fois les binationaux et ceux ayant uniquement la nationalité française. Mais cela ne confirme en rien les dires des internautes.

(Situation au 23.04.2024)

Liens

Publications Facebook I et II (versions archivées I et II)

Publication X (version archivée)

Publications X de Shayan Sardarizadeh et Random OSINT (versions archivées I et II)

Photo sur Getty Images (version archivée)

A propos de la brigade Golani - Le Monde (version archivée)

A propos du plateau du Golan - Le Monde (version archivée)

Publications X et Telegram en arabe et anglais I et II (versions archivées I, II et III)

Article de Libération (version archivée)

À propos des fact-checks de la dpa

Ce fact-check a été rédigé dans le cadre du programme indépendant de vérification de Facebook/Meta. Plus d’informations au sujet de ce programme peuvent être trouvées ici. Pour en savoir plus sur la façon dont Facebook/Meta gère les comptes qui diffusent des informations erronées, cliquez ici.

Si vous avez des objections ou des remarques, merci de les envoyer à l'adresse factcheck-belgium@dpa.com en incluant un lien vers la publication Facebook concernée (voir le modèle à utiliser ici).

Pour plus d’informations sur la manière de soumettre une correction ou de contester une évaluation, veuillez vous référer à cette page.