Allégations fallacieuses concernant François Hollande

La Russie aurait-elle émis un mandat d'arrêt international contre François Hollande ? Des internautes l'affirment sur les réseaux sociaux. A l'appui, une vidéo extraite d'une prise de parole de l'écrivain français controversé Thierry Meyssan, qui soutient que ce mandat d'arrêt ferait suite à des propos de l'ancien président français. Ce dernier aurait affirmé avoir trompé les Russes lors de la signature des accords de Minsk. Mais cette histoire est-elle fondée ?

Evaluation

Il n'existe aucune preuve qu'un mandat d'arrêt international ait été émis par la Russie à l'encontre de l'ancien chef d'Etat français François Hollande. Thierry Meyssan, à l'origine de cette allégation, a été signalé comme un acteur de la désinformation par plusieurs médias français.

Faits

Le 17 février 2024, Thierry Meyssan, un écrivain français qualifié de théoricien du complot dans un rapport américain et pointé du doigt pour la propagation de fausses informations, était l'invité d'une conférence sur la géopolitique mondiale. L'événement était organisé par Egalité et Réconciliation, une association d'extrême droite fondée par Alain Soral.

Début avril 2024, des internautes ont partagé une vidéo extraite de la prise de parole de Thierry Meyssan s'exprimant sur le sujet de la guerre en Ukraine. Il a affirmé que François Hollande a commis un « crime contre la paix » lorsque ce dernier « a affirmé avoir signé les accords de Minsk en pensant ne jamais les appliquer afin de donner le temps à l'Ukraine de s'armer pour pouvoir combattre les Russes ». Cet acte attribué à l'ancien président français aurait mené la Russie à émettre un mandat d'arrêt contre lui, à en croire Thierry Meyssan.

François Hollande victime d'un deepfake

En février 2023, deux humoristes russes ont tendu un piège à François Hollande en se faisant passer pour l'ancien président ukrainien, Petro Porochenko, grâce au deepfake. En visioconférence pendant quinze minutes, François Hollande et le faux Petro Porochenko ont notamment discuté de la signature des accords de Minsk. Ces derniers ont été négociés en février 2015 par l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel, l'ancien président français François Hollande, le président russe Vladimir Poutine et Petro Porochenko afin de rétablir la paix dans le Donbass, dans l'est de l'Ukraine.

Lors de la discussion entre François Hollande et le faux Porochenko, l'ancien président français a déclaré au sujet des accords en question : « C'est nous qui voulions gagner du temps pour permettre à l'Ukraine de se rétablir, de renforcer ses moyens militaires. »

Dans un article du journal Libération, François Hollande est revenu sur cette déclaration. Il a expliqué qu'il n'avait pas cherché à dire que la signature de ces accords était une façon de préparer l'Ukraine à la guerre, comme le suggère Thierry Meyssan.

Aucune preuve d'un mandat d'arrêt

Les recherches menées par la Deutsche Presse-Agentur (dpa) indiquent qu'il n'existe aucune trace d'un mandat d'arrêt visant François Hollande.

Son nom n'apparaît pas dans la liste des personnes recherchées par la Russie publiée par le média russe indépendant Mediazona. Celui-ci a extrait tous les avis de recherche disponibles dans la base de données du ministère russe de l'Intérieur afin de les rendre publics.

En inscrivant le nom de François Hollande dans la barre de recherche de l'agence de presse russe Tass, aucun article ou communiqué de presse ne fait mention d'un mandat d'arrêt contre l'ancien chef d'Etat.

Le partage de cet extrait sur les réseaux sociaux intervient à la suite d'une nouvelle prise de parole de François Hollande au sujet de la guerre en Ukraine. Il a notamment insisté sur la nécessité de couper tout contact avec la Russie.

(Situation au 23.04.2024)