Société inclusive
Des propos déformés sur la religion et les personnes LGBTQ+
Publié le 17.8.2023, 12:18 (CEST)
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes s'indignent : à les croire, les Nations unies (ONU) conditionneraient la liberté religieuse à l'acceptation de la pédophilie et de « l'idéologie LGBTQ+ ». Les chrétiens qui n'y adhéreraient pas seraient tout simplement exclus de la société. Mais ces affirmations sont-elles fondées ?
Évaluation
Non, ces allégations sont fausses. Elles dérivent de propos déformés d'un expert indépendant mandaté par l'ONU pour rédiger un rapport sur la liberté de culte et la protection contre les violences fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Il n'y est question nulle part de pédophilie ou d'exclusion sociale des chrétiens.
Faits
L'idée selon laquelle l'ONU conditionnerait la liberté de culte à l'acceptation de la pédophilie et des droits des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, trans et queer (LGBTQ+) émane d'un article paru le 6 août 2023 sur le site The People's Voice (anciennement NewsPunch). Bien connu pour fabriquer de fausses informations, ce site a déjà fait l'objet de nombreuses vérifications de la dpa (comme ici, ici ou encore ici).
Dans ce nouvel article, The People's Voice prétend que les chrétiens qui n'accepteraient pas les MAP's (pour « minor-attracted person » ou personne attirée par les mineurs) seraient exclus de la société. Or cette déclaration, attribuée à tort « au chef de l'ONU », est fausse. On ne trouve trace nulle part d'une telle affirmation.
Pour seule preuve, The People's Voice avance un rapport présenté à la 53e session du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, qui s'est tenue du 19 juin au 14 juillet 2023.
Rédigé par l'expert indépendant Victor Madrigal-Borloz, ce rapport porte sur les relations entre la liberté de culte et la protection contre les violences et discriminations fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.
Selon l'expert, de nombreuses croyances et traditions religieuses sont ouvertes aux personnes LGBTQ+ en les reconnaissant comme telles.
La spiritualité et la foi doivent être accessibles à tous
Pour ce juriste originaire du Costa Rica, la religion ne peut justifier les violences et discriminations fondées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre.
« La liberté de religion et de conviction n'est pas incompatible avec l'égalité pour les personnes LGBT+ », résume-t-il dans une publication postée sur le réseau social X (anciennement Twitter), à l'occasion de la sortie du rapport en question. « Embrasser la spiritualité et la foi est une voie qui doit être accessible à tous, y compris aux personnes d'orientations sexuelles et d'identités de genre diverses », écrit-il.
Nulle part dans le rapport, il n'encourage ou fait mention de la « pédophilie » ou de « personnes attirées par les mineurs d'âge ». Et aucune communauté religieuse n'y est explicitement visée.
« Je n'ai jamais fait de telle déclaration », a confirmé M. Madrigal-Borloz par l'intermédiaire de son service de presse dans un mail à la dpa, le 16 août 2023.
Une rhétorique bien huilée, basée sur des préjugés
« Cette fausse information et d'autres font partie d'une stratégie bien identifiée visant à perpétuer la discrimination et la violence à l'égard des personnes LGBT et l'impunité des auteurs, en présentant l'inclusion de ces dernières comme un danger pour la société », a expliqué l'expert à la dpa.
En associant pédophilie et personnes LGBTQ+, les auteurs sèment sciemment la confusion entre l'homosexualité et les comportements sexuels déviants.
Cette rhétorique bien huilée, comme l'a déjà montré la dpa (ici), « n'est bien sûr étayée par aucune preuve, mais est basée sur des préjugés et de la discrimination », a encore précisé M. Madrigal-Borloz, interrogé cette fois par l'agence Associated Press.
(Situation au 17.08.2023)
Liens
Publications Facebook I, II (versions archivées I, II)
Article de The People's Voice (version archivée)
A propos de The People's Voice - Conspiracy Watch (version archivée)
Fact-checks de la dpa I, II, III, IV
A propos du rapport présenté à la 53e session du Conseil des droits de l'homme (version archivée)
A propos de Victor Madrigal-Borloz (version archivée)
Résumé du rapport (version archivée)
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