Un distributeur d'eau accessible pour tous au Malawi

Au Nigeria, l’eau potable serait accessible à l’aide d'une carte d’identité. C’est en tout cas ce qu’avancent certains internautes sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook (par exemple ici et ici). Ces derniers partagent également une vidéo, dans laquelle on voit une femme scanner une carte auprès d’un distributeur, avant que de l’eau ne coule d’un robinet. D’autres publications affirment que ce distributeur ferait partie d’un programme qui s’écoulerait jusqu’en 2030 pour « le contrôle numérique et la comptabilité des ressources précieuses ». Mais est-ce bien ce qu’il se passe sur les images ?

Évaluation

La vidéo a été tournée au Malawi, et non au Nigeria. Elle montre un distributeur d'eau installé dans le cadre du projet eMadzi. Les résidents peuvent acheter de l'eau via ce distributeur automatique toute la journée à l'aide d'une carte prépayée. Ils ne doivent pas utiliser leur carte d'identité.

Faits

À la fin de la vidéo, un zoom sur le distributeur d’eau permet de lire les mots « Projet eMadzi » et « iMoSyS ». Une recherche de ces termes mène à des initiatives mises en place au Malawi - bien loin du Nigeria.

Le projet eMadzi est un programme qui vise à améliorer l’approvisionnement en eau dans ce pays de l’Afrique de l’Est. Grâce à ce projet opéré par la compagnie iMoSyS, les résidents qui ne disposent pas de l’eau courante chez eux peuvent avoir accès à de l’eau potable toute la journée, via un système appelé iTap.

On retrouve d’ailleurs la vidéo relayée sur les réseaux sociaux sur le site d’iTap. Les images avaient aussi été publiées en mai 2020 par la Commission nationale de planification du Malawi, dans le cadre des objectifs de développement que le pays s'est fixé pour 2063. De tels distributeurs d’eau sont visibles dans différents articles écrits au sujet du projet eMadzi, comme ici, ici et ici.

De l'eau moins chère 24h/24

Ces distributeurs d’eau automatisés permettent aux habitants de s’approvisionner en eau potable lorsqu’ils le souhaitent. De cette façon, ils ne dépendent plus des horaires d’ouverture d’un commerce. Le paiement de l’eau via le système iMoSyS se fait à l’aide d’une carte prépayée, qui peut se charger au préalable. Il n’est pas requis de scanner sa carte d’identité.

L’idée n’est ainsi pas de rationner l’eau, mais de la rendre plus accessible. Le projet eMadzi a aussi pour ambition d’offrir aux résidents une eau à un prix meilleur marché que celui proposé dans un magasin classique.

Un projet pilote de quatre distributeurs avait été lancé en 2019 à Lilongwe, la capitale du Malawi. La pandémie de Covid-19 avait ensuite conduit à des investissements pour 35 machines supplémentaires. L’objectif était notamment de réduire le risque de contamination en s'assurant que les gens aient assez d’eau pour se laver les mains, mais aussi pour qu’ils puissent éviter d’avoir recours aux espèces ou de faire la queue.

La vidéo partagée sur Facebook ne constitue donc pas un exemple de « contrôle numérique » des citoyens via leur carte d’identité, et n’a en outre pas été tournée au Nigeria.

(Situation au 07.04.2023)