Interprétation erronnée

L'oxyde de graphène utilisé pour une recherche sur le Covid

Publié le 31.3.2023, 14:56 (CEST)

Les vaccins anti-Covid continuent d'agiter la toile. Selon certains internautes, celui de Pfizer contiendrait de l'oxyde de graphène. Or rien ne prouve que cette substance entre dans sa composition.

Dans des publications devenues virales sur les réseaux sociaux (comme ici ou encore ici), des internautes affirment que le vaccin de Pfizer contre le Covid-19 contiendrait de l'oxyde de graphène. Selon eux, la présence de cette substance serait mentionnée noir sur blanc dans « un rapport confidentiel » de la firme pharmaceutique. Mais cela signifie-t-il réellement que le vaccin contre le Covid-19 en contient ?

Évaluation

Non, le rapport auquel se réfèrent les publications ne fournit aucune preuve que l'oxyde de graphène entre dans la composition du vaccin anti-Covid de Pfizer. Ce document porte sur la protéine Spike du virus SARS-COV-2, responsable de la maladie Covid-19. Lors du processus de recherche, cette protéine a été soumise à une technique d'imagerie spécifique, lors de laquelle de l'oxyde de graphène a été utilisé comme matériau de support. Mais rien ne prouve que cette substance se trouve dans le vaccin.

Faits

Ces allégations, diffusées en plusieurs langues (dont en néerlandais), s'appuient sur un rapport de Pfizer, que l'on peut notamment retrouver ici, selon le site web néerlandais NineForNews, qui relaye également la rumeur.

Une version PDF du document est par ailleurs disponible sur le site web de l'organisation grecque de vérification des faits, Ellinika Hoaxes, qui y a consacré un fact-check.

Comme son titre l'indique, le rapport de Pfizer porte sur la glycoprotéine de pointe du SARS-COV-2, également appelée protéine Spike. Cette protéine est non seulement le point d'entrée du virus dans les cellules humaines, mais aussi l'antigène à partir duquel notre organisme va produire des anticorps.

Le rapport analyse la structure et l'activité de cette protéine afin de mieux comprendre son fonctionnement en vue d'améliorer les perspectives vaccinales.

Dans le point 3, il décrit les « matériaux et méthodes » de quatre processus de recherche, menés entre les mois d'avril et d'août 2020. Pour l'un d'eux, de l'oxyde de graphène a bien été utilisé, tel qu'indiqué à la page 7 du document. Mais ce passage, incriminé par certains internautes, ne fait aucune mention des composants du vaccin.

Une technique récompensée

Dans le cadre de ce processus, les chercheurs ont eu recours à la cryo-microscopie électronique (cryo-EM), une technique d'imagerie, récompensée par le prix Nobel de Chimie en 2017, permettant de visualiser la structure en haute résolution d'objets biologiques, comme les protéines.

Les résultats de cet essai, lors duquel de l'oxyde de graphène a été utilisé comme matériau de support afin de mieux visualiser la protéine, sont détaillés à la page 11. Ils permettent d'observer la protéine en trois dimensions.

Nulle part, il n'est question des « ingrédients » du vaccin, comme le prétendent certains internautes. On ne peut déduire de ce rapport que le vaccin de Pfizer contient de l'oxyde de graphène.

Rien ne prouve que cette substance entre dans sa composition

Un matériau à haut potentiel

Ultrarésistant et excellent conducteur, le graphène est un matériau qui suscite l'engouement dans de nombreux domaines, allant de la médecine à l'aéronautique. En 2004, deux physiciens ont réussi à l'isoler à partir d’un morceau de graphite, principal constituant des mines de crayon, ce qui leur a valu le Prix Nobel de Physique en 2010.

Ce matériau, dont l'oxyde de graphène est un dérivé, est au centre de nombreuses recherches et pourrait « révolutionner la technologie électronique de demain », selon le Centre national français de la recherche scientifique (CNRS).

Au centre de théories du complot

Le caractère innovant et prometteur du graphène pour l'industrie en fait cependant une cible de choix pour les conspirationnistes. De nombreuses craintes sont ainsi apparues sur les réseaux sociaux.

Parmi celles-ci, certaines suggèrent que des organisations ou des personnalités chercheraient à « contrôler » la population par le biais de matériaux, comme l'oxyde de graphène, soit-disant présents dans les vaccins anti-Covid.

D'autres rumeurs sur la prétendue toxicité de l'oxyde de graphène ou encore l'altération du « champ magnétique » des personnes par cette même substance ont déjà fait l'objet de vérification de la dpa par le passé, comme ici et ici

(Situation au 31.03.2023)

Liens

Publications Facebook I et II (versions archivées I et II)

Fact-check de la dpa en néerlandais

Site web où trouver le rapport de Pfizer (version archivée)

Article de NineForNews (version archivée)

Rapport de Pfizer en PDF (version archivée)

Fact-check d'Ellinika Hoaxes (version archivée)

À propos de la protéine Spike (version archivée)

À propos de l'antigène et des vaccins (version archivée)

À propos de la cryo-EM I et II (versions archivée I et II)

À propos du prix Nobel de Chimie 2017 (version archivée)

Composition du vaccin de Pfizer (version archivée)

À propos du graphène (version archivée)

À propos du Prix Nobel de Physique (version archivée)

À propos des théories du complot sur le graphène (version archivée)

Fact-checks de la dpa I et II

À propos des fact-checks de la dpa

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