Pas de révélation

L’existence de laboratoires en Ukraine a déjà été évoquée

Publié le 01.07.2022, 08:41 (CEST)

Les autorités américaines viendraient d’admettre la présence de plusieurs laboratoires en Ukraine. Mais le fait que Washington coopère avec Kiev à ce niveau est public depuis des années.

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, de nombreuses rumeurs circulent autour de supposés laboratoires américains qui se trouveraient dans le pays. Depuis la mi-juin 2022, des internautes affirment notamment sur les réseaux sociaux (exemples ici et ici sur Facebook) que le Pentagone aurait « admis » l’existence de 46 dits « biolabs » en Ukraine dans le cadre d'un projet qui viserait à débarrasser le monde des « armes de destruction massive ».

Évaluation

Contrairement à l’impression qui est donnée dans les publications Facebook, il n’y a pas eu de forme d’aveu ou de divulgation. L'existence de laboratoires en Ukraine, avec lesquels les États-Unis coopèrent, est publique depuis des années. L’annonce sur les 46 laboratoires soutenus par les autorités américaines a quant à elle était faite en mars 2022.

Faits

Le 9 juin 2022, le département américain de la Défense – souvent appelé le Pentagone en raison du bâtiment qu’il occupe – a publié une nouvelle fiche d’information portant sur ses efforts pour réduire les menaces liées aux armes de destruction de masse laissées dans les pays de l’ancienne Union soviétique, dont fait partie l’Ukraine.

Le document a rapidement été partagé en ligne, certains internautes y voyant la preuve que le Pentagone a enfin « admis » l’existence de 46 « biolabs » en Ukraine.

Ces 46 laboratoires y sont bien mentionnés. Mais leur existence était déjà connue auparavant. Le document reprend principalement des informations sur les accomplissements de programmes en cours depuis plusieurs années.

Réduction des menaces biologiques

Washington et Kiev ont commencé à coopérer à ce sujet dès 2005. Le but était d’aider le gouvernement ukrainien à améliorer la sécurité de ses installations de recherches où étaient conservés des agents pathogènes dangereux, expliquait le Washington Post à l’époque. Le projet, baptisé « Programme de réduction des menaces biologiques », consiste entre autres à moderniser les laboratoires des pays partenaires, comme l’Ukraine, ainsi qu’à faciliter la collaboration dans la recherche biologique.

En 2020, l’ambassade des États-Unis en Ukraine réitérait ces objectifs : « Le département américain de la Défense travaille avec le gouvernement ukrainien pour consolider et sécuriser les agents pathogènes et les toxines préoccupants pour la sécurité dans les installations du gouvernement ukrainien, tout en permettant la recherche pacifique et le développement de vaccins. »

Le nombre de 46 laboratoires a lui été évoqué le 10 mars 2022, lors d’un point presse du département américain de la Défense. Un de ses représentants a déclaré que le gouvernement américain avait « investi environ 200 millions de dollars en Ukraine depuis 2005, soutenant 46 laboratoires, établissements de santé et sites de diagnostic ukrainiens ». Le programme en lui-même n’est pas une nouveauté, puisque des informations à ce sujet sont régulièrement rendues publiques par le Pentagone.

La fiche d’information du 9 juin dit la même chose, et n’apporte donc pas de révélation particulière au sujet de ces laboratoires. La notion d’aveu utilisée par certains internautes induit également en erreur.

Il est aussi important de noter qu’on parle ici de laboratoires ukrainiens. Les États-Unis fournissent un soutien à l'Ukraine, mais les laboratoires sont détenus et exploités par le gouvernement ukrainien, précise le document, ajoutant par ailleurs que le pays ne possède pas « de programme d'armement nucléaire, chimique ou biologique ».

(Situation au 01.07.2022)

Liens

Publication Facebook 1/2 (version archivée)

Publication Facebook 2/2 (version archivée)

Fiche d’information 09/06/22 (version archivée)

Accord entre Washington et Kiev (version archivée)

Article du Washington Post (version archivée)

Programme de réduction des menaces biologiques (version archivée)

Communiqué ambassade 2020 (version archivée)

Point de presse 2022 (version archivée)

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