Cette citation du PDG de Pfizer à Davos a été manipulée

Des publications partagées sur Facebook prétendent qu'Albert Bourla, le patron de Pfizer, se serait plaint d’un excès de sept milliards de doses du vaccin développé par le géant pharmaceutique contre le Covid-19. Lors de la dernière réunion du Forum de Davos, ce dernier aurait justifié cette situation par un manque de « populations éduquées qui pensent que les vaccins fonctionnent bien ». Mais a-t-il vraiment dit cela ?

Évaluation

Les propos d'Albert Bourla ont été déformés. Le PDG de Pfizer ne s’est pas plaint d'une telle situation. Il a répondu à une question de son interlocuteur, en énumérant différentes problématiques liées à l’utilisation du vaccin. Dans ce cadre, il ne s’est pas référé à des « gens pas éduqués aux vaccins ».

Faits

Le directeur de l’entreprise pharmaceutique s’est en effet exprimé quant au surplus de doses du vaccin Comirnaty lors d'une interview dans le cadre de la dernière réunion du Forum économique mondial (WEF) à Davos, en mai 2022. Il évoque « des milliards de doses » offertes par les États-Unis et l’Union européenne aux pays à faible revenu.

Klaus Schwab, fondateur du WEF, pose la question : « Aideriez-vous ces pays à développer leur propre ligne de production ? »

Albert Bourla répond que la raison pour laquelle un grand nombre de vaccins donnés aux pays à faible revenu est encore stocké n’est pas seulement liée à la production et l’approvisionnement de ces vaccins, mais qu’en plus d’avoir des populations éduquées et convaincues de l’utilité de ces vaccins, il est nécessaire de disposer d’infirmières et de médecins capables d’administrer ces doses ainsi que de moyens logistiques permettant leur stockage dans l’ensemble d’un pays et pas seulement dans sa capitale.

Il y a donc une différence entre ce qu'Albert Bourla a dit et ce qui est avancé sur Facebook. Il n'a pas déclaré qu’il n’y a pas assez de populations éduquées qui croient en l’utilité des vaccins. De plus, le chiffre de sept milliards n'est pas évoqué dans cet entretien. Ses propos ont été modifiés et sortis de leur contexte.

En ce qui concerne les doses de vaccins inutilisées, il est vrai qu’un grand nombre d'entre elles restent en attente. Mais il faut rappeler que l'Agence européenne des médicaments (EMA) et le service public fédéral (SPF) Santé publique, en Belgique, recommandent l’administration de deux doses, pour certains trois. Il s’agit pour le vaccin Comirnaty de Pfizer/BioNTech d’un vaccin identique pour chacune des doses. L’excédent n’est donc plus aussi démesuré que ce que certains internautes laissent entendre.

(Situation au 16.06.2022)