La variole du singe absente du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca

Publié le 27.05.2022, 15:45 (CEST)

L’apparition de plusieurs cas de varioles du singe en dehors de l'Afrique depuis la mi-mai interroge. Sur les réseaux sociaux, des internautes pensent en avoir trouvé l’origine : le virus de la variole du singe proviendrait en fait du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19. En cause serait l’adénovirus de chimpanzé contenu dans le vaccin. Mais s’agit-il réellement d’une théorie plausible ?

Évaluation

Cette hypothèse est totalement infondée, s’accordent les experts sollicités par la dpa. L’adénovirus de chimpanzé modifié qui sert de vecteur dans le vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19 est tout à fait différent du virus de la variole du singe. Ce dernier n’est pas présent dans le vaccin.

Faits

La variole du singe, qui circule normalement surtout en Afrique, est apparue depuis la mi-mai dans plusieurs pays d’Europe, ainsi qu’aux États-Unis ou encore en Australie. Le 24 mai 2022, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recensait 250 cas de variole du singe dans 16 pays où la maladie n’est habituellement pas présente.

Son évolution, qualifiée d'atypique par la communauté scientifique, interroge également sur les réseaux sociaux. Certains internautes assurent avoir trouvé l’origine du problème : le virus de la variole du singe se trouverait en réalité dans le vaccin contre le Covid-19 développé par AstraZeneca et l’Université d’Oxford. Il aurait donc été transmis via la vaccination de masse qui a eu lieu ces derniers mois pour tenter de mettre fin à la pandémie de Covid-19.

Mais cette affirmation ne repose sur aucune base scientifique, font savoir deux experts à la dpa. Le virus de la variole du singe n’est pas présent dans le vaccin anti-Covid d’AstraZeneca. Les internautes font en fait l’amalgame entre deux virus d’origine simienne, qui appartiennent toutefois à des familles différentes et sont donc bien distincts.

La variole du singe

La variole du singe est une maladie infectieuse causée par un virus du même nom, aussi appelé orthopoxvirose simienne. Principalement transmise des animaux aux humains, elle provoque des symptômes tels que la fièvre et des maux de tête, ensuite suivis d’une éruption cutanée.

Le virus de la variole du singe a été identifié pour la première fois en 1958 au sein d'un groupe de macaques étudiés en laboratoire. C’est pour cette raison qu’il a été baptisé de la sorte. Pourtant, le virus se propage surtout via les rongeurs.

Le premier cas de variole du singe chez l'humain n’a été signalé qu’en 1970. Elle est généralement observée dans des zones isolées du centre et de l’ouest de l’Afrique, selon l’OMS.

L'adénovirus de chimpanzé

Cet adénovirus (modifié pour qu’il ne provoque pas la maladie) sert de vecteur dans le vaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19. C’est lui qui va faire entrer dans les cellules le matériel génétique permettant de produire une protéine non nocive du SARS-CoV-2 – le virus qui cause la maladie Covid-19 – afin de générer une réponse immunitaire chez la personne vaccinée.

On parle ici de vaccin à vecteur viral. Le vaccin anti-Covid de Johnson & Johnson suit aussi ce procédé, mais avec un adénovirus humain. Puisque les adénovirus humains circulent au sein de la population, beaucoup d’entre nous ont déjà développé une immunité contre ces virus, explique à la dpa Pierre Coulie, professeur d’immunologie à l’Université catholique de Louvain (UCL). AstraZeneca a ainsi fait le choix d’un adénovirus de chimpanzé « parce que nous n’en avons jamais rencontré et ne sommes donc pas immunisés », poursuit-il. Ce choix a pour but d’éviter « les réponses immunitaires éventuelles dirigées contre l’adénovirus humain », souligne Muriel Moser, immunologiste à l’Université libre de Bruxelles (ULB).

Deux virus distincts

Le virus de la variole du singe et l'adénovirus de chimpanzé contenu dans le vaccin anti-Covid d'AstraZeneca sont deux virus totalement différents. Ce serait un peu comme comparer un chien à un chat, indique Pierre Coulie.

Par conséquent, il n’est pas possible de développer la variole du singe en se faisant administrer ce vaccin. « Le virus de la variole du singe n’est pas présent dans le vaccin », déclare de son côté Muriel Moser à la dpa. L’affirmation selon laquelle le vaccin serait à l’origine des nouveaux cas de varioles du singe « n’a aucun fondement scientifique », ajoute-t-elle.

Une théorie que Pierre Coulie juge lui aussi invraisemblable. « Le seul moyen d’arriver à cela, ce serait d’avoir du virus de la variole du singe qui contamine le vaccin d’AstraZeneca. D’une part, ces productions de virus sont tellement contrôlées que c’est virtuellement impossible. D’autre part, si c’était quand même le cas, le nombre d’infections par la variole du singe serait énorme et ces infections suivraient immédiatement la vaccination », observe-t-il.

Face aux allégations qui se multiplient sur les réseaux sociaux, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en France a également tenu à démentir cette rumeur. Un supposé lien entre la variole du singe et le vaccin d’AstraZeneca « n’est absolument pas fondé, tout d’abord parce que ce virus n’est pas spécifique aux singes (il se retrouve même d’ailleurs plutôt chez d’autres espèces, en particulier les rongeurs). Ensuite, parce qu’il fait partie de la famille des poxvirus et non des adénovirus », insiste l’Inserm.

(Situation au 27.05.2022)

Liens

Publication Facebook (version archivée)

À propos de la variole du singe (version archivée)

Variole du singe en Europe (version archivée)

Pourquoi la propagation de la variole du singe surprend (version archivée)

L’Inserm sur la variole du singe (version archivée)

Notice du vaccin d’AstraZeneca (version archivée)

Fonctionnement des vaccins à vecteur viral (version archivée)

Les types de vaccins anti-Covid (version archivée)

À propos des adénovirus (version archivée)

À propos de Pierre Coulie (version archivée)

À propos de Muriel Moser (version archivée)

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