Les résultats de l’élection présidentielle ont toujours été validés

24.03.2022, 14:50 (CET)

« Pour la première fois depuis 1988, la Q Force empêchera les Illuminati français de voler leur élection au peuple français en bourrant les urnes de faux bulletins de vote comme ils le font depuis 1988 », écrit un utilisateur belge de Facebook, en partageant une photo du président sortant, Emmanuel Macron, et un article affirmant qu’elle représente un « faux Macron mais vrai para ». (Version sauvegardée.)

Évaluation

Tout est faux, dans ce message. D’une part, le déroulement de l’élection présidentielle française est surveillé de près, notamment par le Conseil constitutionnel français, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des ONG. Ses résultats n’ont jamais été invalidés, depuis 1988. D’autre part, c’est bien Emmanuel Macron qui figure sur la photo, prise le 13 mars 2022 par la photographe officielle du président de la République.

Faits

L’élection présidentielle française de 2022, à deux tours, aura lieu les 10 et 24 avril 2022.

Elle sera, comme toujours, placée sous haute surveillance : celle du Conseil constitutionnel français, de l’OSCE ou encore d’ONG telles que L’Observatoire du vote.

Conformément à l'article 58 de la Constitution française, le Conseil constitutionnel « veille à la régularité de l'élection du président de la République. Il examine les réclamations et proclame les résultats du scrutin ». Dans ce contexte, il dépêchera quelque 2.000 délégués sur le terrain, les 10 et 24 avril.  

Parmi ses missions, l’OSCE, quant à elle, observe les élections dans ses 57 États participants. Elle fournit, par ailleurs, une assistance technique à certains pays pour améliorer le cadre législatif et administratif des élections.

Jusqu’à présent, depuis 1988, les résultats de l’élection présidentielle ont toujours été validés par le Conseil constitutionnel français (exemple de 2017). « Toutes les contestations ont été rejetées », commente laconiquement, pour la dpa, le service de presse de l’institution française. Les rapports de l’OSCE ne dénoncent aucune irrégularité grave non plus, qui justifierait une invalidation du scrutin.

Bref, il n’y a aucune raison de penser, comme l’affirme l’auteur du message, que les urnes sont bourrées de faux bulletins de vote, depuis 1988. Le service de vérification des faits de l’AFP l’avait déjà constaté, en 2021, en s’intéressant plus particulièrement au vote électronique, comme l’a fait L’Observatoire du vote (rapport ici).

L’article dont s’inspire l’auteur du message est par ailleurs truffé d’autres erreurs.

On lit : « Sachez que Chirac avait gagné la présidentielle de 1988 face à Mitterrand, que JM Le Pen avait gagné celle de 1995 avant que sa fille ne gagne les deux élections présidentielles de 2012 face à Hollande et de 2017 face à Macron. Donc tous les occupants de l’Élysée depuis 1988 sont des imposteurs qui n’ont jamais reçu l’onction électorale des français. Ils n’ont été élus que par un coup d’état consistant en un bourrage massif des urnes exactement comme celui dont fût victime Trump aux États-Unis en 2020 (sic) ».

Les résultats officiels et contrôlés des différentes élections sont clairs.

Jean-Marie Le Pen, à l’époque président du Front National, un parti français de la droite radicale, n’a jamais franchi le second tour de l’élection présidentielle française, en 1995. Il a opposé Lionel Jospin (socialiste) à Jacques Chirac (centre droit), au bénéfice de ce dernier.

En 2012, le combat s’est déroulé entre François Hollande (socialiste) et Nicolas Sarkozy (centre droit). Il a tourné à l’avantage de Nicolas Sarkozy. Marine Le Pen, la fille de Jean-Marie Le Pen, était hors-jeu.

Elle l’a également été en 2017, quand Emmanuel Macron a remporté plus de 66% des voix, au second tour de l’élection présidentielle qui l’a opposé, vraiment cette fois, à la candidate de la droite radicale.

Enfin, ce n’est pas un « faux Macron mais vrai para » - un sosie du chef d’État, en clair - que l’on voit, portant une barbe de quelques jours et un sweat-shirt à capuche arborant le logo de la « CPA 10 », une unité d’élite de l’armée de l’air française, sur la photo qui accompagne le message.

On trouve ce vêtement dans le commerce. Selon l’hebdomadaire « Madame Figaro », Emmanuel a reçu son propre exemplaire en octobre 2021, lors d’une réception donnée en l’honneur des forces spéciales françaises à Paris.

La photo publiée du président français a été prise dans la soirée du 13 mars à l’Élysée par la photographe attitrée du président, Soazig de la Moissonnière. D’autres clichés d’Emmanuel Macron ont été prises au même moment. Personne, dans les milieux politiques (fussent-ils hostiles à Macron) et les médias traditionnels, n’a jamais contesté leur authenticité, même si elles on fait grincer des dents, notamment au « Figaro ».

(État des lieux au 24.03.2022)

Liens

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