Arnaque aux chiots - Luna est une chienne d'élevage canadienne

Plusieurs publications sur Facebook prétendent partager la photo d'un jeune chiot de race bichon maltais, soi-disant prénommé Luna, qui serait à donner « contre bons soins ». On retrouve ces publications en Belgique, au Luxembourg et dans d’autres pays européens. La propriétaire de cette jeune chienne est-elle vraiment décédée, comme le prétendent ces publications ?

Évaluation

La chienne de la photo s’appelle Moka et vit au Canada. Elle est issue d’un élevage de bichons et est destinée à devenir elle-même chienne reproductrice. Il ne s’agit pas de Luna, elle ne se trouve donc pas sur le continent annoncé et sa propriétaire est bien vivante.

Faits

Des photos volées

Lucille Lessard est éleveuse. Sur sa page Facebook « Élevage de Bichons Maltais/Maltese/Morkie/Maltipoo Petites Frimousses », elle présente ses nouvelles portées.

Le 13 janvier 2022, elle passait une annonce pour trouver une famille pour une petite chienne, qui serait, à l’avenir, sa chienne reproductrice. Cette chienne s’appelle Moka, c'est un chiot de race Maltipoo, un croisement de bichon maltais et de caniche nain. Moka se trouve être l'animal présenté dans les publications partagées dans les différents pays européens. À la différence des autres publications, l’éleveuse publie plusieurs photos de la chienne.

La propriétaire du chien n’est donc pas décédée, puisqu’il s’agit de Lucille Lessard, qui a répondu ainsi à la dpa : « J’ai effectivement annoncé une de mes petites cocottes nommée Moka pour lui trouver une bonne famille d’accueil pour sa vie entière afin qu’elle ait une belle vie de famille. Je donne ma chienne et en contrepartie je prends quatre portées de chiots à raison d’une portée par année. »

Lucille Lessard est une éleveuse expérimentée, comme le montre cette annonce datant de 2013. La Canadienne est éleveuse depuis de nombreuses années, 15 ans si l’on en croit sa page Facebook. Elle confirme qu'il s'agit de sa chienne et non de Luna, chiot inventé de toutes pièces.

Don d'animaux contre bons soins

« Contre bons soins » sont quelques mots à taper sur les réseaux sociaux lorsque l’on recherche des tentatives de fraudes en ligne. En effet, nombreux sont les chiots de pure race à donner contre de bons soins après avoir vécu une situation tragique : la mère des chiots décédée à la naissance, la maîtresse du ou des chiots décédée, etc. Les personnes publiant ce genre d’articles exhortent souvent les utilisateurs à partager la publication le plus possible, ce qui leur permet ainsi d’atteindre un grand nombre d’intéressés.

Certains des messages partagés avec cette image sont truffés de fautes d'orthographe, ce qui est souvent le cas de ce type de messages frauduleux traduits automatiquement dans plusieurs langues.

Des profils vides

Un simple clic sur le nom des utilisateurs publiant ce type de posts permet d’approfondir le doute. Les profils sont presque vides et la seule publication qui y apparaît est celle du petit bichon maltais.

Fraude en ligne et phishing

Dans la plupart des cas, les intéressés doivent contacter une personne par E-Mail ou par messagerie instantanée. Il ne s’agit souvent pas de dons puisque les victimes de la fraude en viennent toujours à payer quelque chose. Même si ce sont « seulement » des frais de transport. Cependant, les intéressés ne verront jamais les chiots, puisqu’ils n’existent pas. Le 9 septembre 2021, la dpa avait publié un témoignage, à ce propos.

Il peut également s’agir de tentatives de « phishing », ou hameçonnage. Miguel De Bruycker, directeur du Centre for Cyber Security Belgium (CCB), détaille : « Le phishing demeure le principal problème de cybersécurité qui touche les citoyens belges. Il offre aux cybercriminels une importante porte d’accès aux appareils et systèmes informatiques. (...) Les cybercriminels recourent au phishing pour diffuser des malware, s’approprier des données personnelles ou extorquer de l’argent. »

Comme la police belge l’explique sur son site, « le terme "phishing" vient de "password harvesting fishing" et couvre en fait toutes les activités de "pêche" de données personnelles, de quelque façon que ce soit ». De nombreuses campagnes sont menées en Belgique afin d’alerter et de sensibiliser quant au problème du phishing.

Une tendance qui, selon le CCB, semble être à la hausse. Le site belgium.be précise : « Le seul objectif est de forcer l'internaute à se connecter pour ensuite lui soutirer de l'argent par divers moyens, le plus souvent à l'aide de sites factices. » Il est également conseillé de rester vigilant avec les prises de contact par SMS, Email ou même par téléphone.

La police belge ajoute que les données bancaires, de cartes de crédit ou de comptes en ligne sont très souvent ciblées. Les identifiants et mots de passe d’adresses électroniques ou de réseaux sociaux sont eux aussi souvent soutirés, par exemple en invoquant la sécurité des comptes concernés.

(État des lieux au 24/02/2022)