La vague Omicron déferle toujours

Un utilisateur belge de Facebook partage un message du médecin français Martin Blachier, affirmant que « c’est clairement la fin de la vague Omicron », en France, sur base d’analyses effectuées sur les eaux usées. Le Belge en conclut : « Si c’est fini en France, c’est fini en Belgique! Stop le CST (ndlr : Covid Safe Ticket) et enlevons la loi pandémie ! » (Version sauvegardée)

Évaluation

C'est faux. Même si l’on espère, tant en France qu’en Belgique, que le pic des contaminations au variant Omicron sera bientôt atteint, la cinquième vague des infections est loin d’être finie, dans les deux pays. Les experts interrogés par la dpa et tous les chiffres le confirment.

Faits

Né en 1985, Martin Blachier est un épidémiologiste polémique très présent sur les plateaux de télévision français, depuis 2020. A l’appui de son message, il se réfère au dernier rapport qu’a publié le « Réseau Obépine » dans son pays, à la mi-janvier. Obépine (Observatoire épidémiologique dans les eaux usées) est un consortium de recherche qui vise à promouvoir l’analyse des eaux usées pour y détecter d’éventuelles traces du virus SARS-Cov-2 comme outil de surveillance épidémiologique, dans le cadre d’un plan de lutte intégrée contre l’épidémie de Covid-19.

Directeur d’Obépine et professeur de virologie à Sorbonne Université, à Paris, Vincent Maréchal prend le contrepied de Martin Blachier.

Interrogé par la dpa, il déclare : « Les dernières données Obépine Covid dans les eaux usées suggèrent un changement de tendance, notamment en Île de France (ndlr : Paris et alentours), où l'intensité de la circulation du virus diminue dans la plupart des stations de traitement d'eaux usées. Plus de 75% des stations que nous suivons en France montrent des niveaux stables ou en baisse depuis deux semaines. Cette nouvelle doit toutefois inciter à maintenir notre vigilance car les niveaux atteints restent remarquablement élevés - souvent égaux ou supérieurs à ceux de la première vague. Les mesures et gestes barrières doivent être maintenus. (…) Nous ne sommes pas du tout dans une phase de reflux généralisé. Nous sommes davantage sur la bosse que dans la descente. »

Les statistiques officielles du gouvernement français le confirment : le nombre de nouveaux cas détectés de Covid-19 ne cesse toujours pas d’augmenter, la variant Omicron du coronavirus étant a priori responsable de plus de 98% des contaminations.

La situation n’est pas différente en Belgique, où, contrairement à ce qu’affirme l’auteur du message sur Facebook, ce n’est pas « fini du tout », tant s’en faut.

Le dernier rapport de Sciensano, un organisme officiel chargé de la santé publique, sur les eaux usées le souligne : en date du 12 janvier 2022, les résultats des prélèvements effectués « indiquent que le nombre de zones qui sont positives aux trois indicateurs d'alerte a récemment fortement augmenté ». Ces trois indicateurs sont la circulation élevée des indicateurs du coronavirus, leur augmentation rapide et leur tendance à la hausse.

La scientifique Marinka Vangenck, chargée de la communication de Sciensano, fait par ailleurs remarquer à la dpa : « Si nous regardons les chiffres d'aujourd'hui, nous ne voyons que des chiffres croissants : les infections, les hospitalisations, la mortalité, le taux de positivité, etc. Seul le taux d'occupation des soins intensifs est en baisse. Sur cette base, nous ne pouvons pas parler de la fin de la vague Omicron. »

Vraiment pas, selon les dernières statistiques (ici et ici) publiées par Sciensano, qui indiquent qu’en moyenne, près de 50.000 personnes par jour ont été contaminées quotidiennement par le coronavirus au cours de la dernière semaine (+77%, par rapport à la semaine précédente), le variant Omicron étant en principe responsable de 93% des infections.

Et tout cela est sans compter avec les résultats d’une étude suisse, laissant entendre que le variant Omicron du coronavirus serait moins détectable dans les eaux usées que ses prédécesseurs – cela reste toutefois à vérifier.

(État des lieux au 25.01.2022)