L’Espagne poursuit l'administration d'une 3ème dose

Le 31 décembre 2021, une internaute a partagé sur un groupe Facebook un article qui affirme que l’Espagne a décidé de renoncer à la 3ème de dose de vaccin face au variant Omicron.

Évaluation

Cet article est faux puisque l’Espagne n’a pas renoncé à la 3ème dose de vaccin contre le Covid-19. Au contraire, le pays (vu le nombre de cas en augmentation durant la fin d’année 2021) compte sur cette dose de rappel pour freiner la propagation du virus.

Faits

Le 31 décembre 2021, une internaute a publié sur un groupe Facebook en Belgique un article du site internet Le Libre Penseur, intitulé « L’Espagne renonce à la 3ème dose contre le variant Omicron ».  

Ce blog se présente comme « un site d’information indépendant » qui a pour mission de « favoriser les diffusions factuelles dans un souci de vérité, au service du bien commun ». Depuis de nombreuses années, Le Libre Penseur est néanmoins considéré par certains comme étant un site complotiste.

Une vidéo vient appuyer les propos de l’article : il s’agit de l'extrait d’une interview du docteur Philippe Emanuely, médecin à Barcelone, réalisée le 26 décembre 2021 sur la chaîne d’information française LCI. Dans cet extrait qui dure deux minutes, le docteur Emanuely évoque la situation épidémiologique en Espagne et les effets du variant Omicron dans le pays, lors de ce qui apparaît comme étant un débat entre experts.

Il affirme que le chef du gouvernement espagnol considère « qu'il est plus simple de laisser déferler cette vague ». Avant de rajouter « qu’ici, on fait confiance aux analyses scientifiques qui annoncent une faible gravité du variant Omicron ». Le docteur Emanuely parle aussi d’une étude parue au Royaume-Uni selon laquelle une dose de booster ne serait efficace que dix semaines sur ce variant. Par conséquent, « aujourd'hui, il n'est pas du tout évident qu’on puisse gagner la partie sur Omicron avec le booster ! », conclut-il.

Plus tard dans la journée, l'intervention de Philippe Emanuely a de nouveau été diffusée sur LCI (ici à partir de 48 minutes). Une professeure émérite d'immunologie à la Sorbonne rappelle que l'étude anglaise mentionnée par le médecin indique elle-même qu'il n'y a pas assez de recul pour tirer des conclusions certaines sur la durée d'efficacité des boosters pour le variant Omicron.

Il s'agit donc d'un débat sur les différentes stratégies prises en Europe face à Omicron. Mais, contrairement au titre de la publication du Libre Penseur, Philippe Emanuely ne dit pas que l’Espagne a renoncé à administrer une dose de rappel. D'ailleurs, aucune annonce officielle n’a été faite en ce sens.

Un booster dès 40 ans

Au départ, en Espagne, la dose de rappel était réservée aux pensionnaires des maisons de repos, mais depuis lors, cette dose de rappel s’est étendue. Comme le note le quotidien espagnol El Pais, à la mi-décembre 2021, les autorités espagnoles ont autorisé une dose de rappel pour les plus de 40 ans. L’Espagne a donc renforcé l’administration de la troisième dose à un groupe plus élargi, trois semaines après une recommandation du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Une décision prise certes, plus tard que d’autres pays européens, mais cela ne veut en aucun cas dire que l’Espagne a renoncé à cette troisième dose de vaccin contre le Covid-19. Bien au contraire, le 22 décembre 2021, lors d’une réunion extraordinaire entre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et les Présidents des régions autonomes, différentes mesures ont été prises pour tenter de freiner la propagation du variant Omicron.

Le gouvernement a, entre autres, annoncé que le port du masque à l’extérieur redevenait obligatoire. Mais il a également décidé que pour les personnes âgées entre 40 et 59 ans, la 3ème dose pourra se faire six mois après la date de la dernière injection de vaccin. Bien que certains experts parlent de raccourcir ce délai, comme on peut le lire dans cet autre article d’El Pais : Miguel Hernan, professeur d’épidémiologie à l’Université de Harvard, affirme au sujet de la 3ème dose : « Nos études montrent que la dose de rappel réduit le risque de maladie grave dans tous les groupes d’âge. Dans un contexte de forte incidence, il serait important de raccourcir l’intervalle entre la deuxième et la troisième dose, comme d’autres pays l’ont fait. »

Via un communiqué de presse qui date du 28 décembre 2021, que l’on peut retrouver sur le site officiel du ministère espagnol de la Santé, on apprend aussi que des équipes mobiles de vaccination sont prévues pour renforcer à la fois la vaccination chez les jeunes âgés de plus de 12 ans, mais également pour administrer la dose de rappel pour ceux chez qui celle-ci est autorisée.

Le 30 décembre 2021, dans un autre communiqué, le gouvernement espagnol indique qu’il a réussi à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé quelques mois plus tôt, en juillet : le gouvernement avait, en effet, pour ambition d’administrer les doses de rappel à au moins 80 % de la population âgée de plus 60 ans d’ici la fin de l’année. Un objectif réussi puisque dès le 29 décembre, les statistiques dépassaient déjà les 81,3 %.

L’Espagne continue donc sa lutte contre la pandémie à travers des doses de rappel. D’après les données officielles du ministère espagnol de la Santé, près de 13 millions de citoyens avaient déjà reçu la dose de rappel en date du 29 décembre 2021.

Le gouvernement espagnol s’est, d’ailleurs, fixé d’autres objectifs, comme par exemple que d’ici la semaine du 24 janvier 2022, 80 % de la population espagnole âgée entre 50 et 59 ans soit vaccinée avec la troisième dose, et que d’ici la première semaine du mois de mars, cela soit le cas pour 80 % de la population âgée de 40 à 49 ans.

La campagne de vaccination en Espagne, avec entre autres l’administration de la 3ème dose, suit donc son cours.

(État des lieux au 06/01/2022)