Une 3e dose du vaccin contre le Covid-19 bien ciblée
14.10.2021, 11:17 (CEST)
« Et voilà… une troisième dose pour tous », clame une utilisatrice de Facebook, en faisant référence à une recommandation de l’Agence européenne des médicaments sur la vaccination contre le Covid-19 datée du 4 octobre 2021. L’internaute ajoute, notamment, que les vaccins soient toujours expérimentaux. (Version sauvegardée)
Évaluation
L’Agence européenne des médicaments ne recommande pas d’administrer une 3e dose de vaccin à tout le monde, même le Comirnaty de Pfizer/BioNTech. Par ailleurs, les vaccins contre le Covid-19 bénéficient certes d’une « autorisation de mise sur le marché conditionnelle », dans l’Union européenne, mais ne sont pas considérés pour autant comme expérimentaux.
Faits
Le 4 octobre 2021, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a formulé une « recommandation » - qui n’est pas juridiquement contraignante – aux Etats membres de l’Union européenne sur l’administration d’une troisième dose des vaccins Comirnaty (BioNTech/Pfizer) et Spikevax (Moderna).
On lit (traduction de l’anglais): « (…) Une dose supplémentaire des vaccins COVID-19 Comirnaty (BioNTech/Pfizer) et Spikevax (Moderna) peut être administrée aux personnes dont le système immunitaire est gravement affaibli, au moins 28 jours après leur deuxième dose.
Cette recommandation intervient après que des études ont démontré qu'une dose supplémentaire de ces vaccins augmentait la capacité à produire des anticorps contre le virus responsable du Covid-19 chez les patients ayant subi une transplantation d'organe et dont le système immunitaire était affaibli.
(…) On s'attend à ce que la dose supplémentaire augmente la protection au moins chez certains patients. L'EMA continuera à surveiller toute donnée sur son efficacité. »
L’EMA ajoute :
«Il est important de faire la distinction entre la dose supplémentaire pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli et les doses de rappel pour les personnes dont le système immunitaire est normal. »
Pour ces dernières, des données ont été évaluées pour le Comirnaty, qui « montrent une augmentation des niveaux d'anticorps lorsqu'une dose de rappel (du vaccin Pfizer) est administrée environ 6 mois après la deuxième dose chez des personnes âgées de 18 à 55 ans ». Sur cette base, l’EMA a conclu que « des doses de rappel peuvent être envisagées au moins 6 mois après la deuxième dose pour les personnes âgées de 18 ans et plus. »
Il n’est donc pas question d’une « troisième dose pour tous », comme l’affirme erronément l’auteure du message.
En Belgique, par exemple, il a été décidé « d’inviter » les personnes à immunité réduite et les résidents des maisons de repos à recevoir une 3e dose de vaccin. Rien d’obligatoire, donc.
Ce n’est pas la seule erreur que commet l’utilisatrice de Facebook.
Elle affirme, en outre : « Les sociétés pharmaceutiques ne sont sûres de rien car toujours expérimental et ils ont trouvés des millions de cobayes volontaires (sic). »
Le service de vérification des faits de la dpa a déjà démontré, en juillet 2021, que les quatre vaccins dont l’EMA a autorisé la mise sur le marché, sur le territoire de l’UE, n’ont rien d’expérimentaux.
Ils ont bénéficié d’une « autorisation de mise sur le marché conditionnelle », en attendant que des études cliniques, dites de phase 3, à très large échelle soient menées à leur terme.
L’EMA explique clairement, sur son site, qu’il s’agit « d’une autorisation accélérée en cas d’urgence en matière de santé publique, en vue d’accélérer l’approbation (du vaccin) et de sauver des vies. » Cette procédure « permet aux régulateurs d'accorder une autorisation de mise sur le marché dès que des données suffisantes sont disponibles pour démontrer que les avantages du médicament l'emportent sur ses risques, avec des garanties et des contrôles solides en place après l'autorisation. »
Dans ce contexte, l’EMA publie chaque mois des rapports sur la sécurité des vaccins mis sur le marché dans l’UE (Comirnaty de Pfizer/BioNTech, Vaxzevria d’AstraZeneca, Spikevax de Moderna et Janssen de Johnson&Johnson).
Une vaste étude menée par Epi-Phare en France, auprès de 22,6 millions de personnes, dont la moitié a été vaccinée, conclut que « la vaccination est efficace à plus de 90% pour réduire les formes graves de Covid-19 chez les personnes de plus de 50 ans », dans le pays. Ses résultats ont été publiés le 11 octobre.
(État des lieux au 13.10.2021)
Liens
EMA mise sur le marché (archivé)
Mise à jour Comirnaty (archivé)
Mise à jour Vaxzevria (archivé)
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