Un crash dramatique exploité par des escrocs

Un accident de la circulation mortel – sept morts et huit blessés – s’est produit il y a « quelques heures », écrit-on sur Facebook, le 9 octobre. L’autrice annoncée du message invite les internautes « à aider à reconnaître ces différentes personnes » en s’inscrivant sur un site. Elle publie des photos du drame. (Version sauvegardée)

Évaluation

Il s’agit d’une arnaque. L’accident s’est en réalité produit en novembre 2016 dans la périphérie de Paris et n’a pas fait autant de victimes. Les escrocs tentent d’extorquer les données privées des personnes se laissant prendre à leur piège.

Faits

« A votre attention, un accident mortel s'est produit il y a quelques heures. Au total 7 morts et 8 blessés, dont deux gravement ont été comptabilisés. Très mauvaise nouvelle pour les familles éplorées. Voici quelques photos des personnes mortes et blessés non identifiés https://bit.ly/3tRtCTK. Aider à reconnaître ces différentes personnes. Partager l'information svp ! Ça peut sauver des vies. Que Dieu vous bénisse. Pour plus d'informations cliquez sur le lien ci-dessous https://bit.ly/3tRtCTK », écrit l’autrice du message sur Facebook, daté du 9 octobre 2021, sur la page du groupe « Job étudiant à Liège ».

Ce message est mensonger, sans aucun doute possible.

L’accident dont elle publie des photos s’est en réalité produit à Asnières-sur Seine, à quelque 11 km du centre de Paris, le 6 novembre 2016.

La Brigade de sapeurs-pompiers de Paris a précisément décrit l’accident, ce jour-là :

« Ce matin aux environs de 9h00, les opérateurs du centre opérationnel reçoivent un appel pour un accident grave de la circulation à Asnières-sur-Seine.

Lorsqu’ils se présentent sur les lieux, les secours constatent que deux voitures sont entrées en collision. Dans le premier véhicule, une femme et une fillette de sept ans sont légèrement blessées. L’autre voiture est immobilisée sur le toit. Son conducteur est bloqué, tête à l’envers, maintenu par sa ceinture de sécurité.

Les secours entreprennent les opérations de désincarcération pour extraire la victime.

Après une heure d’intervention, l’homme est pris en charge par l’équipe médicale pour être transporté dans un état grave en milieu hospitalier. La conductrice de l’autre véhicule et la fillette sont également transportées à l’hôpital pour un bilan complémentaire. »

Il n’a donc jamais été question de sept morts et huit blessés, heureusement.

Ce n’est évidemment pas la seule anomalie permettant de détecter non seulement une fausse information, mais également une arnaque, dans le message publié sur Facebook.

D’une part, son autrice a désactivé la possibilité, pour les internautes, de commenter sa publication. D’autre part, cette publication n’apparaît pas sur ce qui semble être son vrai profil Facebook. Enfin, les personnes désirant voir les photos ainsi que récolter ou donner plus d’informations, en vue de reconnaître les victimes du soi-disant accident du 9 octobre, sont invitées à s’identifier sur un site internet on ne peut plus louche : il emprunte le logo de Facebook, sous l’appellation « urgence-s.com/_r/service_de_secours_medical.htm », où il leur est demandé de révéler leurs coordonnées privées.

Il s’agit clairement d’une tentative d’hameçonnage (phishing) destinée à extorquer les données privées, y compris bancaires, des internautes se laissant prendre au piège de l’annonce.

Le service de vérification des faits de la dpa a souvent dénoncé ce genre d’arnaque, de plus en plus fréquente, dont les autorités belges s’inquiètent.