Le dépistage du cancer augmente les chances de survie

Le dépistage du cancer, c’est une « arnaque », affirme une utilisatrice de Facebook, en ajoutant que la maladie se soigne très bien par la vitamine C. (Version sauvegardée)

Évaluation

L’arnaque est en réalité dans le message, farfelu. D’une part, le dépistage du cancer augmente les chances de survie et de médication la plus douce possible des patients qui sont atteints par la maladie ; d’autre part, la vitamine C n’a jamais permis de guérir un cancer, témoignent plusieurs experts interrogés par la dpa.

Faits

« Message laconique et erroné, bien sûr. La vitamine C seule n'a jamais guéri un cancer et aucune étude randomisée digne de ce nom ne supporte ce traitement.

En ce qui concerne le dépistage, la difficulté provient des nuances à apporter quant à la balance bénéfices/risques. Le dépistage a permis de diminuer (études de cohortes, études randomisées, modèles mathématiques) le risque de décès par cancer du sein dans la tranche d'âge 50-70 ans mais il existe un risque de surtraitement des petits cancers », déclare à la dpa Yves Humblet, oncologue médical et professeur émérite à l’Université catholique de Louvain (UCLouvain), une sommité de la médecine.

Yves Humblet réagit ainsi, pour la dpa, à un message publié sur Facebook, qui affirme : « Octobre rose, l’occasion de se rendre compte de l’arnaque du dépistage et de savoir que le cancer se soigne par la vitamine C comme de nombreuses maladies. » Ce message est largement répandu sur internet.

Octobre rose est une campagne internationale de sensibilisation au cancer du sein, le plus répandu en Belgique. Les chiffres de la Fondation Registre du cancer en témoignent. (Détails ici et ici)

Plusieurs spécialistes du cancer que la dpa a contactés abondent dans le même sens qu’Yves Humblet. Certains d’entre eux ont préféré conserver l’anonymat.

Ce n’est pas le cas de la doctoresse Anne Boucquiau, directrice médicale et porte-parole francophone de la Fondation belge contre le cancer.

Elle déclare notamment à la dpa : « Le dépistage du cancer, à un stade précoce de la maladie, permet d’augmenter la durée et la qualité de vie des personnes qui sont atteintes par la maladie. Il est primordial. Il augmente notamment toutes les chances d’un traitement plus léger, pour les patients. »

Anne Boucquiau ajoute : « C’est une utopie complète » de croire que le cancer se soigne par la vitamine C, que ce soit à titre préventif ou curatif.

La vitamine C peut même avoir des « effets pervers », lors du traitement d’un cancer. Certaines chimiothérapies visent à produire un effet oxydant sur les cellules cancéreuses. Or, la vitamine C a un effet anti-oxydant. Bref, il existe « des risques d’interaction » entre la vitamine C et le traitement des patients.

Un dermatologue spécialisé en matière de prévention, de dépistage et de traitement du cancer, en Belgique, enfonce le clou.

« En 74 ans d’existence, c’est la plus grosse c… que j’ai jamais lue », dit-il à la dpa, en se référant au message publié sur Facebook. « L’hyper-vitaminose représente un réel danger », dans le traitement de certains cancers.

Il parle également du cancer dont il a guéri, il y a une vingtaine d’années, et des patients qu’il a soignés. « Je ne serais plus là pour vous parler de moi, si ce cancer n’avait pas été dépisté à temps. De nombreux patients que j’ai soignés dans les années 1990, et qui sont en pleine forme aujourd’hui, sont dans le même cas que moi. »

Un hématologue-oncologue que la dpa a rencontré confirme tout cela : « On ne recommande pas du tout la vitamine C à des patients en chimiothérapie. Elle peut interférer avec le traitement. »

(État des lieux au 11.10.2021)