Une nouvelle définition du mot « vaccin » selon les CDC américains qui ne recèle aucun sens caché
24.9.2021, 17:59 (CEST)
Les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont récemment modifié la définition du mot « vaccin » sur leur site, un acte pointé du doigt par de nombreux internautes. En Belgique, un utilisateur Facebook relaye la nouvelle et en conclut : « La règle est acquise, les injections géniques sont devenues des vaccins ! » (publication archivée).
Évaluation
Les CDC ont bien adapté leur définition du mot « vaccin », mais celle-ci ne veut pas dire que des « injections géniques » sont désormais considérées comme des vaccins. De plus, l’idée selon laquelle les vaccins à ARN messager contre le Covid-19 sont des thérapies géniques est fausse.
Faits
Dans sa publication, l’utilisateur fait référence à une page du site web des CDC, l’agence nationale de protection de la santé aux États-Unis. On y retrouve une liste de définitions des mots « immunité », « vaccin », « vaccination » et « immunisation ».
En faisant une recherche sur le site d’archives en ligne Wayback Machine, on s’aperçoit que la définition du mot « vaccin » était, jusqu’au 26 août 2021 au moins, la suivante : « Un produit qui stimule le système immunitaire d'une personne pour produire une immunité contre une maladie spécifique, protégeant la personne de cette maladie ».
Aujourd’hui, et ce depuis le 2 septembre 2021 au moins, cette même page définit le mot « vaccin » comme suit : « Une préparation qui est utilisée pour stimuler la réponse immunitaire du corps contre les maladies ». L’utilisateur s’emmêle d’ailleurs les pinceaux, puisqu’il intervertit les deux définitions.
La définition du terme « vaccination » a elle aussi été modifiée. On lit désormais : « Action d'introduire un vaccin dans le corps pour produire une protection contre une maladie spécifique. Auparavant, le mot « protection » était remplacé par « immunité ».
Cette modification a été largement soulignée sur les réseaux sociaux, surtout aux États-Unis, certains internautes y voyant une preuve de l’inefficacité des vaccins contre le Covid-19. Interrogé par le quotidien américain The Miami Herald, un porte-parole des CDC a clarifié les raisons de ces « légers changements dans la formulation », qui n’ont selon lui pas « d’impact sur la définition générale ».
Les définitions antérieures auraient pu être « interprétées comme signifiant que les vaccins sont efficaces à 100 %, ce qui n'a jamais été le cas pour aucun vaccin », a déclaré le porte-parole au Miami Herald, jugeant que la définition actuelle est par conséquent « plus transparente ».
« Il est également important de noter que les modifications apportées à la définition du mot ‘vaccin’ ne changent pas le fait que les vaccins et l'acte de vaccination ont permis d’éviter des millions de maladies et sauvé d'innombrables vies », a-t-il ajouté.
En effet, les vaccins contre le Covid-19 permettent de réduire les risques de faire une forme grave de la maladie, sans pour autant protéger à 100 % les personnes vaccinées d’une éventuelle infection. Cela ne veut pas dire que la vaccination n’est pas efficace.
En outre, l’affirmation selon laquelle « les injections géniques » sont désormais considérées comme des vaccins est fausse. Les vaccins contre le Covid-19 qui utilisent la technologie de l’ARN messager, comme ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna, sont souvent confondus avec des thérapies géniques, qui consistent à introduire du matériel génétique dans des cellules pour soigner une maladie.
Le service de vérification des faits de la dpa avait déjà indiqué en janvier 2021 pourquoi le terme de thérapie génique n’est pas approprié pour désigner les vaccins à ARNm contre le Covid-19. Une thérapie génique modifie volontairement l’ADN au niveau du noyau cellulaire, alors que l’ARN messager « ne modifie en rien les séquences de code génétique d’un individu », avait alors expliqué Jean Vanderpas, médecin biologiste retraité et épidémiologiste spécialisé en santé publique.
Une distinction également faite par des experts auprès de l’agence Reuters en août 2021. Puisque les vaccins à ARN messager ne modifient pas notre ADN, ils ne peuvent techniquement pas être qualifiés de thérapies géniques.
Si des scientifiques cherchent à développer un vaccin contre le Covid-19 basé sur la thérapie génique, celui-ci en est encore à un stade de développement précoce. Il s’appuierait sur un virus adéno-associé (AVV), qui délivrerait des fragments d'ADN du virus afin de provoquer une réponse immunitaire. Cette technique est déjà utilisée dans certaines thérapies géniques. Toutefois, seules de petites quantités d’AVV seraient nécessaires par rapport à ce qui est requis pour les thérapies géniques.
Par ailleurs, la nouvelle définition du mot « vaccin » des CDC est une description générale, et n’englobe pas que les vaccins à ARN messager contre le Covid-19. La conclusion de l’utilisateur Facebook est donc erronée.
(État des lieux au 24/09/2021)
Liens
Publication Facebook (archivé)
Définitions actuelles des CDC (archivé)
Définitions archivées des CDC en date du 26/08/21
Définitions archivées des CDC en date du 02/09/21
Article du Washington Post (archivé)
Article du Miami Herald (archivé)
Article de la RTBF sur la vaccination (archivé)
Article de La Dépêche sur les vaccins à ARNm (archivé)
À propos des thérapies géniques (archivé)
À propos de Jean Vanderpas (archivé)
Fact-check de Reuters (archivé)
L’Écho sur le développement d’un vaccin basé sur la thérapie génique (archivé)
Reuters sur le développement d’un vaccin basé sur la thérapie génique (archivé)
Contactez l'équipe de vérification des faits de la dpa : factcheck-belgium@dpa.com