Théron devant la justice pour « violences volontaires » et « outrage »

23.09.2021, 18:15 (CEST)

Un utilisateur belge de Facebook partage un message et une vidéo affirmant que, le 20 septembre à Tahiti (Polynésie française), le docteur Jean-Paul Théron a été « interpellé par les gendarmes pour avoir soigné ses patients à base d’ivermectine et d’hydroxychloroquine ». (Version sauvegardée)

Évaluation

C’est archi-faux. L’interpellation de Jean-Paul Théron, placé en garde à vue pendant deux jours, n’est « en aucun cas liée à son activité de médecin », a insisté le procureur de la République française à Tahiti, Hervé Leroy. Il passera en justice le 29 octobre pour « violences volontaires aggravées » sur un clerc d’huissier et « outrages » à des gendarmes. 

Faits

La vidéo postée sur YouTube que partage l’internaute témoigne de l’interpellation musclée de Jean-Paul Théron, le 20 septembre dans la matinée. Une légende complète les images : « Le docteur Jean-Paul Théron, médecin référent du centre Manu Iti de Paea (Tahiti) a été interpelé violemment par les gendarmes sur son lieu de consultation. Son crime ? Traiter avec des traitements à base d’Ivermectine ou d’hydroxy-chloroquine (sic). »

Farouche partisan du professeur Didier Raoult, Jean-Paul Théron, à la retraite depuis juin 2020, est sous le coup d’une procédure disciplinaire du Conseil de l’ordre des médecins français pour avoir prescrit de l’hydroxychloriquine à des patients dans le cadre de la pandémie de Covid-19, en dehors d’un protocole bien précis (« Libération » a les détails). Sur base d’études scientifiques, l’OMS « ne recommande pas » l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans la prévention et le traitement du Covid-19.

Mais ce n’est pas du tout pour cela qu’il a été interpellé, a expliqué le 20 septembre Hervé Leroy, procureur de la République en Polynésie française, en justifiant la mise en garde à vue du médecin (elle a été levée le 21 septembre en fin de journée) par des « infractions de droit commun » qu’il aurait commises. « Je tiens à signaler qu'en aucun cas, M. Théron ne fait l'objet de cette procédure judiciaire que je diligente pour des faits liés à son activité de médecin », a insisté le procureur.

En résumé, Jean-Paul Théron a agressé verbalement et physiquement, le 16 septembre, un clerc de huissier venu lui remettre des documents, dans le cadre de la procédure disciplinaire ouverte par le Conseil de l’ordre des médecins.

Le clerc de huissier (en arrêt de travail depuis lors) a porté plainte et une enquête a été ouverte.

Dans ce contexte, des gendarmes se sont présentés le 18 septembre au domicile de Jean-Paul Théron afin de l’inviter à être entendu dans leurs locaux. « Ils ont été agressés verbalement et ont été outragés par M. Jean-Paul Théron », a indiqué le procureur, le 20 septembre.

Le lendemain, Hervé Leroy a annoncé la levée de la garde à vue du médecin mais également, et surtout, le renvoi de l'affaire devant le tribunal correctionnel de Papeete, le 29 octobre.

Jean-Paul Théron y sera jugé pour « violences volontaires sur personnes chargée d'une mission de service public avec arme par destination » (un objet en métal lourd aurait été lancé sur le clerc d’huissier) et « outrage à personne dépositaire de l'autorité publique » (les gendarmes ont été agressés verbalement).

Outre « Libération », plusieurs médias français actifs dans le domaine de la vérification des faits, dont « France Info » et « 20 minutes.fr », se sont intéressés à l’affaire Théron. Leurs conclusions sont identiques à celles de la dpa.

Liens

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Vidéo YouTube (archivé)

Ordre des médecins (archivé)

OMS (archivé)

Hervé Leroy (sauvegardé)

Garde à vue (sauvegardé)

Tribunal (sauvegardé)

France Info (archivé)

20 Minutes.fr (archivé)

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