Le système HAARP n’a pas d’influence sur la météo, et le réchauffement climatique existe
16.8.2021, 15:53 (CEST)
Un système appelé HAARP serait capable de manipuler la météo en émettant un rayonnement électromagnétique. Il pourrait ainsi provoquer des éruptions volcaniques, des tremblements de terre ou encore des tsunamis, selon une internaute sur Facebook (archivé ici). Ces dérèglements météorologiques seraient ensuite imputés au réchauffement climatique, qui n’existerait pas, assure-t-elle.
Évaluation
Ces affirmations sont fausses. Le système HAARP ne peut pas influencer la météo, ni provoquer des éruptions volcaniques, des tremblements de terre ou des tsunamis. Des preuves tangibles démontrent par ailleurs l’existence du réchauffement climatique.
Faits
Le High-frequency Active Auroral Research Program, ou HAARP, est un programme de recherche américain consacré à l’étude de l’ionosphère. L’ionosphère est « la couche supérieure de l'atmosphère terrestre ionisée par les rayons UV solaires », définit l’Institut royal d'Aéronomie Spatiale de Belgique. Celle-ci s’étend depuis environ 80 km d’altitude jusqu’au-delà de 1000 km, selon l’Institut. La NASA parle elle d'une étendue comprise entre plus ou moins 80 km et 600 km au-dessus de la Terre. L'ionosphère forme ainsi, avec la haute atmosphère neutre, « la frontière entre la basse atmosphère de la Terre – où nous vivons et respirons – et le vide de l'espace », explique l'agence américaine.
La station de recherche HAARP a été construite dans les années 1990 à Gakona, en Alaska – et non dans plusieurs endroits du monde, contrairement à ce qu’avance l’utilisatrice Facebook. Le projet a été initialement développé par l’armée américaine, qui s’est intéressée à l’ionosphère car celle-ci joue un rôle dans la propagation des ondes radio. Les propriétés physiques et électriques de l'ionosphère terrestre peuvent donc affecter les systèmes de communication et de navigation militaires et civils, indique l'Université de l'Alaska de Fairbanks (UAF), à qui le projet a été transféré en 2015.
Un dispositif important du système HAARP, qui se résume en fait à une sorte de grand émetteur radio, est l'Instrument de Recherche Ionosphérique (IRI). Cet instrument consiste en un champ rempli d’antennes, qui peuvent envoyer des ondes radio jusqu'à 3,6 mégawatts dans l'ionosphère. Les interactions entre l’ionosphère et les ondes émises sont ensuite étudiées par les chercheurs.
Un système incapable de manipuler la météo
Des théories du complot entourant ce programme circulent depuis des années. L'une des plus populaires est que le système HAARP pourrait manipuler la météo ou causer des catastrophes naturelles. C’est faux. « Les ondes radio dans les gammes de fréquences transmises par HAARP ne sont absorbées ni dans la troposphère ni dans la stratosphère, les deux niveaux de l'atmosphère qui produisent la météo de la Terre. Comme il n'y a pas d'interaction, il n'y a aucun moyen de contrôler la météo », explique l’UAF. « De plus, si les tempêtes ionosphériques causées par le soleil lui-même n'affectent pas la météo à la surface, il n'y a aucune chance que le HAARP le puisse », souligne l’université.
Robert McCoy, directeur de l’Institut de géophysique de l’UAF, avait d’ailleurs déclaré dans une interview en 2018 que, même si le système était rendu dix fois plus grand et que les chercheurs essayaient à dessein de changer la météo, cela ne fonctionnerait pas. « Le fonctionnement des radios à haute fréquence est que l'atmosphère est transparente à ces signaux », avait-il précisé.
Cela ne signifie pas pour autant que manipuler la météo est totalement impossible. Un exemple existe à travers une technique appelée « ensemencement des nuages ». Cette méthode sujette à débat consiste à injecter différentes substances dans les nuages pour augmenter les chances de précipitations, dans le but notamment de lutter contre les fortes chaleurs et les sécheresses. Le projet HAARP n’a toutefois aucun rapport avec l'ensemencement des nuages, puisque la météorologie et le climat sont pour l'essentiel contrôlés par des processus troposphériques, pas ionosphériques. De plus, le système HAARP « n'interagit pas avec l'eau existante dans les nuages », rappelle l’UAF.
La théorie des « chemtrails » est erronée
Dans sa publication Facebook, l'internaute évoque aussi la théorie des « chemtrails », des traces d’avions qui seraient provoquées par la dispersion secrète de produits chimiques par des agences gouvernementales.
Il n’existe pourtant aucune preuve scientifique démontrant l’existence de ces « chemtrails ». En 2016, un panel d’experts, spécialisés dans la chimie atmosphérique et la géochimie, se sont accordés pour parvenir à cette conclusion. Sur 77 des scientifiques interrogés, 76 ont estimé qu’il n’y avait pas de preuve soutenant la théorie des « chemtrails ».
Sur son site, Greenpeace indique que son « équipe scientifique indépendante n'a, à ce jour, connaissance d'aucune preuve à l'appui de la théorie des chemtrails ». Les lignes blanches qui sont visibles dans le ciel après le passage d’avions, appelées « contrails », sont simplement des trainées de condensation, explique l’ONG. Le fait que certaines traces restent visibles plus longtemps que d’autres dépend en fait des conditions météorologiques, et ne prouve pas la présence de produits chimiques, relève l’AFP.
Le réchauffement climatique est bien réel
De nombreux signaux montrent depuis plusieurs années l’existence du changement climatique. Le plus évident, reprend le site Climat.be, est « l'augmentation de la température moyenne mondiale au cours des dernières décennies ». L’eau des océans est aussi en train de se réchauffer. On remarque également une augmentation de la fréquence ou de l’intensité des précipitations en Amérique du Nord et en Europe et, a contrario, une augmentation de l’intensité et de la fréquence des périodes de sécheresse dans le bassin méditerranéen ainsi que dans les zones tropicales et intertropicales.
La fonte des calottes glaciaires, ainsi que l’apparition de plus en plus fréquente de conditions météorologiques extrêmes, sont d’autres phénomènes bien connus du changement climatique, qui est qualifié de « fait indiscutable » par l’Institut royal météorologique de Belgique (IRM). L’Agence spatiale européenne (ESA) écrit quant à elle que, depuis l’espace, les preuves du changement climatique sont « convaincantes ». L’ESA évoque notamment des niveaux « sans précédent » de gaz à effet de serre, l’élévation du niveau de la mer ou encore la diminution de la masse de neige.
Dans son dernier rapport d’évaluation, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de l’ONU a estimé que la planète devrait atteindre le seuil de +1,5°C autour de 2030, soit dix ans plus tôt que la précédente estimation. Bien que certaines conséquences du réchauffement climatique, comme l’augmentation du niveau de la mer, soient déjà « irréversibles », les auteurs du rapport soulignent l’importance de réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter les dégâts.
(État des lieux au 16/08/2021)
Liens
Publication Facebook (archivé)
Au sujet du programme HAARP (archivé)
Définition de l’ionosphère (archivé)
La NASA sur l’ionosphère (archivé)
Questions fréquemment posées sur le programme HAARP (archivé)
L’ionosphère et les ondes radio (archivé)
Sur les utilisations du système HAARP (archivé)
Sur les théories du complot autour du HAARP (archivé)
Au sujet de Robert McCoy (archivé)
Interview Robert McCoy (archivé)
Au sujet de l’ensemencement des nuages (archivé)
Sur l’ensemencement des nuages aux Émirats arabe unis (archivé)
Au sujet de la troposphère (archivé)
La RTBF sur les « chemtrails » (archivé)
Avis d’experts sur les « chemtrails » (archivé)
Greenpeace sur les « chemtrails » (archivé)
Fact-check AFP sur les « chemtrails » (archivé)
Les changements observés selon Climat.be (archivé)
L’IRM sur le changement climatique (archivé)
Les preuves du changement climatique selon l’ESA (archivé)
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