En Angleterre, les personnes vaccinées ne meurent pas plus du variant Delta que les autres

20.07.2021, 11:09 (CEST)

Une utilisatrice Facebook publie un screenshot traduit du site allemand RTL.de avec un titre qui interpelle : « Grande-Bretagne : Plus de la moitié de tous les décès du delta avaient été vaccinés ». Son commentaire remet en question la protection que le vaccin devrait inoculer : «Allez vous faire vacciner, je trouve magnifique ça. lc'est surtout les vacciner qui attrapent les variants (sic.)». Cette assertion est-elle justifiée ? (version archivée)

Évaluation

Les personnes vaccinée ne sont pas plus sensibles au variant delta que les personnes non vaccinées, elles n’en meurent pas plus. L’article original allemand, dont le titre a été publié comme screenshot dans la publication, explique d’ailleurs concrètement le phénomène. L’interprétation de l’utilisatrice sur Facebook est donc fausse.

Faits

Un rapport des autorités sanitaires britanniques en date du 25 juin 2021 fait état de 117 décès engendrés par le variant delta du coronavirus. 50 des victimes auraient obtenu une vaccination complète et 20 auraient reçu leur première dose.

Les chiffres trompeurs

En effet, le rapport officiel de Public Health England confirme que 109 des 117 personnes étaient âgées de plus de 50 ans. Plus étrange encore, les chiffres du tableau situé à la page 14 pourraient laisser croire que les personnes entièrement vaccinées de plus de 50 ans, ont plus tendance à périr de la maladie (50 personnes), que les plus de 50 ans n’ayant pas été vaccinés (38 personnes). Cependant, ces chiffres peuvent être trompeurs.

On ne peut pas comparer ces deux catégories puisque le nombre total de personnes vaccinées de plus de 50 ans n’est pas égal au nombre de personnes non vaccinées de plus de 50 ans. Les chiffres officiels du NHS montrent que parmi les Anglais de plus de 50 ans, la claire majorité de la population a été vaccinée. Moins de 4% de cette classe d’âge n’avait pas été vaccinée au 13 juin 2021. Plus concrètement, une comparaison proportionnelle démontre que plus de personnes non vaccinées ont été victimes du variant Delta.

En ce qui concerne les moins de 50 ans, on ne dénote pas de grosse différence entre vaccinés et non vaccinés : approximativement 0,1 % de décès dans les deux cas. Quant à la tranche d'age des plus de 50 ans, 0,9% des personnes partiellement ou complètement vaccinées ayant été infectées (68 des 7499 personnes) sont décédées à cause du variant Delta. On note cependant que 38 des 976 personnes non vaccinées et infectées, soit 3,9 %, n'ont pas survécu au virus.

Si la population de référence n’est pas la même ou à peu près équivalente, la comparaison donne une fausse représentation de la réalité. La comparaison en valeurs absolues est fausse. Selon le rapport de Public Health England, les chances d'être hospitalisé à cause du variant Delta serait réduite de 80 % à partir de la première dose et de 96 % suite à la deuxième. On peut également y lire que seules huit personnes de moins de 50 ans sont décédées à cause du virus. Deux d’entre elles n’avaient reçu que la premire dose, le reste n’avait pas été vacciné.

Deux types de vaccins

Parmi les vaccins autorisés en Europe, seuls Comirnaty des laboratoires Pfizer/BioNTech et Spikevax de l’entreprise espagnole Moderna sont des vaccins RNAm. Ceux-ci contiennent es molécules appelées RNAm qui contiennent les instructions nécessaires pour produire une protéine spike. Cette protéine se trouve à la surface du SARS-CoV-2 et lui permet d’entrer dans les cellules humaines. La protéine produite à l’aide de RNAm présent dans le vaccin est ensuite reconnue par le système immunitaire qui produit des anticorps et globules blancs nécessaire à la protection contre le Covid-19.

Janssen Vaccines & Preventions de Johnson & Johnson et Vaxzevria d’AstraZeneca sont des vaccins à vecteur. Ils sont composés d’un autre virus, adenoviridae, modifé pour contenir un gène qui produit la protéine spike du SARS-CoV-2. Cet adenoviridae transporte le gène dans les cellules humaines, celles-ci peuvent ensuite, elles-memes, produire la protéine spike. Comme pour les vaccins RNAm, le système immunitaire reconnait ensuite la protéine et démarre la production d’anticorps et de globules blancs.

Le journaliste médical Christoph Specht a été interviewé par la RTL.de. Il explique : « On sait que l’immunité contre les nouveaux variants n’est pas très bonne chez les personnes n’ayant reçu que la première injection d’un vaccin contre le coronavirus – de 30% pour les personnes ayant reçu un vaccin ARNm, à un peu moins pour les personnes ayant été vaccinées avec AstraZeneca. L’immunité des personnes ayant reçu la première dose est de 50% contre le virus d’origine ». Le média allemand précise que les personnes ayant été complètement vaccinées avec un ARN messager seraient protégées à 88% contre les variants et 90% contre le virus d’origine.

Dans son entretien, le docteur Specht précise : « Les Anglais ont principalement été vaccinés avec AstraZeneca. En outre, la plupart des victimes étaient des personnes d’un âge avancé ou des personnes atteintes d’une maladie préexistante ».

Liens

Publication Facebook (version archivée)

Article original en langue allemande - RTL.de (version archivée)

Rapport de l'autorité sanitaire britannique - Public Health England (version archivée)

Vaccins autorisés en Europe - EMA (version archivée)

Vaccins RNAm & autres types - infovac.ch (version archivée)

Évolutions des essais cliniques et approbations

Données des services de santé NHS (version archivée)

Sur Christoph Specht

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