Des informations erronées sur la vaccination contre le Covid-19
2.7.2021, 18:54 (CEST)
« Information importante avant vaccination », clame une image partagée par un internaute sur Facebook. On peut notamment y lire que l’ivermectine a montré « d’excellents résultats » dans le traitement contre le Covid-19, ou encore que les vaccins sont toujours en phase d’expérimentation et que plus de 15.472 décès ont été recensés après une vaccination.
Évaluation
Les informations contenues dans l’image sont soit fausses, soit sorties de leurs contextes. L’utilisation de l’ivermectine contre le Covid-19 n’a pas prouvé son efficacité, et a été déconseillée par l’Organisation mondiale de la Santé. Les chiffres sur le nombre de « décès », issus d’une base de données européenne, ont été mal interprétés. Par ailleurs, les vaccins ont été soumis à de nombreuses phases de tests, et les données supplémentaires attendues ne remettent pas en cause leur sécurité.
Faits
L’image du post, également partagé sur des groupes belges, est divisée en plusieurs points que la dpa a décryptés.
Une efficacité incertaine pour l’ivermectine
L'efficacité de l’ivermectine, parfois présentée sur les réseaux sociaux comme remède miracle pour traiter le Covid-19, n’a pas encore été scientifiquement démontrée. Si des études (notamment ici, ici et ici), souvent menées à petite échelle, ont nourri les espoirs des défenseurs de l’ivermectine, d’autres (par exemple ici et ici) ont jugé que l’antiparasitaire n’avait pas ou peu d’effets sur les patients atteints du Covid-19.
C’est pourquoi l’ivermectine, dont l’utilisation s’est répandue dans certains pays parfois sans le feu vert des autorités, reste controversée, dans l’attente d’essais cliniques plus larges.
En mars, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a déconseillé l’utilisation de cet antiparasitaire dans le traitement contre le Covid-19 en dehors des essais cliniques, estimant que plus d’études étaient nécessaires afin d’établir si l’ivermectine était sûre et efficace dans ce cadre. Elle a rapidement été imitée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a conclu que « les données actuelles sur l’utilisation de l’ivermectine pour traiter les patients atteints de Covid-19 ne sont pas probantes ».
En Belgique, les autorités sanitaires ont estimé dans leurs directives sur le traitement des patients hospitalisés atteints du Covid-19 que « la qualité des preuves ne semble pas offrir une base suffisamment solide pour justifier l'utilisation ou l'approbation de l'ivermectine ».
Il n’est pas impossible que l’ivermectine – qui sert notamment à traiter la gale – soit autorisée comme médicament contre le Covid-19 à l’avenir, lorsque de plus amples données seront disponibles et si celles-ci se montrent concluantes. Cependant, la présenter comme une « alternative » aux vaccins va pour le moment à l’encontre des recommandations des organisations faisant autorité en la matière.
Des effets secondaires suspectés
Le site présenté sur l’image au point 3 est celui de la « base de données européenne des rapports d’effets indésirables susceptibles d’être liés à l’utilisation de médicaments ». Les mauvaises interprétations, à dessein ou non, des chiffres disponibles sur cette base de données sont nombreuses sur les réseaux sociaux. L’EMA, à l’origine du site, a déjà mis en garde à plusieurs reprises les internautes contre ce phénomène auprès de la dpa.
Les chiffres présentés de manière erronée sur les réseaux sont généralement le résultat d’additions d’évènements signalés chez les personnes ayant reçu l’un des quatre vaccins contre le Covid-19 actuellement autorisés dans l’Union européenne – à savoir ceux de Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson.
Pourtant, cette base de données ne montrera jamais le nombre d’effets indésirables ou de décès dont la cause avérée est la vaccination. Il s’agit bien d’effets secondaires suspectés, qui ne sont donc pas nécessairement liés ou causés par les vaccins. Cela ne signifie pas « que le médicament ou la substance active provoque l'effet observé ou est dangereux à utiliser », avait déjà expliqué l’EMA à la dpa.
Il est donc trompeur de dire que « près de 600.000 effets indésirables et plus de 15.472 décès après vaccination » ont été recensés, comme l’indique l’image sur Facebook.
En outre, un rapport individuel d'effet secondaire sur la base de données « peut contenir plus d'une réaction suspectée et ces réactions peuvent être classées dans différents groupes de réaction. Par conséquent, la somme du nombre de cas mortels par groupe de réaction ne fournira jamais le nombre total de cas mortels », avait souligné l’EMA, ajoutant que seule une évaluation scientifique détaillée « de toutes les données disponibles permettent de tirer des conclusions solides sur les bénéfices et les risques d'un médicament ».
Des tests rigoureux
Les quatre vaccins pour le moment approuvés par l’EMA font l’objet d’une mise sur le marché conditionnelle. Pour être autorisés, les vaccins contre le Covid-19 doivent répondre aux mêmes exigences que n’importe quel autre vaccin. Leur développement rapide s’explique notamment par le fait que différentes étapes ont pu être menées en parallèle, plutôt que de manière successive, rappelle l’Agence fédérale belge des médicaments et des produits de santé (AFMPS).
Les vaccins développés contre le Covid-19 ont été soumis à des essais cliniques rassemblant des dizaines de milliers de participants (ici pour Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson). Les données disponibles ont été analysées de manière indépendante par l’EMA, dont l’avis est ensuite examiné par la Commission européenne, avant que les autorités nationales décident d’adopter l’utilisation des vaccins.
Des données concernant la phase 3 des essais cliniques, toujours en cours, continuent d’être publiées et transmises aux autorités pertinentes. Les vaccins sont de plus surveillés de près, afin de réunir des informations au sujet de leur utilisation sur le long terme.
Cela ne veut pas dire que la sécurité des vaccins approuvés n’est pas établie, ou que ceux-ci sont toujours en phase d’expérimentation. Comme l’explique l’EMA sur la page d’information de chaque vaccin, les données supplémentaires qui continueront d’être fournies dans les prochaines années concernent des aspects comme la durée de protection des vaccins, ou encore s’ils préviennent les cas asymptomatiques. Rien donc sur la sécurité même des vaccins.
Les plans de pharmacovigilance détaillant à quelles dates on peut s'attendre à quelles nouvelles données, sont repris dans le rapport d’évaluation de l’EMA des vaccins Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson.
Liens
Publication Facebook (archivé)
Publication partagée (archivé)
Étude ivermectine Australie (archivé)
Étude ivermectine sur des hamsters (archivé)
Étude ivermectine France (archivé)
Étude ivermectine Espagne (archivé)
Étude ivermectine Colombie (archivé)
Article Le Monde sur l’ivermectine (archivé)
Avis de l’EMA sur l’ivermectine (archivé)
Avis de l’OMS sur l’ivermectine (archivé)
Directives ivermectine Belgique (archivé)
Base de données européenne (archivé)
Vérification dpa sur les effets indésirables suspectés
Mise sur le marché conditionnelle (archivé)
Développement vaccins AFMPS (archivé)
Essai clinique Pfizer/BioNTech (archivé)
Essai clinique Moderna (archivé)
Essai clinique AstraZeneca (archivé)
Essai clinique Johnson & Johnson (archivé)
Processus d’autorisation EMA (archivé)
Vaccins autorités EMA (archivé)
Rapport d’évaluation Pfizer/BioNTech (archivé)
Rapport d’évaluation Moderna (archivé)
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