Un pourcentage sur l’efficacité des vaccins sorti de son contexte

04.06.2021, 21:43 (CEST)

Un internaute affirme sur Facebook que l'efficacité absolue des vaccins contre le Covid-19 n'excède pas 1,4%, se référant à une publication de la revue scientifique The Lancet. (Version sauvegardée)

Évaluation

Le post en question manque de contexte. La publication de The Lancet énumère une série de pourcentages sur l’efficacité des vaccins contre le Covid-19, notamment ceux relatifs à la « réduction du risque absolu ». Mais cette statistique ne veut pas dire que les vaccins ne sont pas ou peu efficaces.

Faits

L’article mentionné par l’utilisateur Facebook, publié dans The Lancet Microbe le 20 avril 2021, est un commentaire sur la façon dont les pourcentages concernant l'efficacité des vaccins contre le Covid-19 sont présentés. Les auteurs n’y partagent pas de nouvelles découvertes scientifiques, mais offrent un point de vue critique sur des statistiques déjà disponibles.

L’article parle notamment des pourcentages obtenus en se basant sur la « réduction du risque absolu », à savoir 1,3% pour le vaccin AstraZeneca (et non 1,4% comme indiqué dans le post Facebook), 1,2% pour Moderna, 1,2% pour Johnson & Johnson et 0,84% pour Pfizer/BioNTech.

Des pourcentages bien loin de ceux généralement mis en avant lorsqu’on évoque l’efficacité des vaccins anti-Covid – 95% pour Pfizer/BioNTech, 94% pour Moderna, 67% pour Johnson & Johnson et 67% pour AstraZeneca – qui correspondent eux à la « réduction du risque relatif ». Dans le cas par exemple de Pfizer/BioNTech, ce pourcentage signifie que le vaccin a montré une diminution de 95% du nombre de cas symptomatiques de Covid-19 dans le groupe vacciné par rapport au groupe placebo au cours des essais cliniques, résume l’Agence fédérale belge des médicaments et des produits de santé.

Pourtant, une statistique n’exclut pas l’autre ; les deux se complètent. La réduction du risque relatif compare le risque d’un groupe vacciné par rapport au risque d’un groupe non vacciné. La réduction du risque absolu indique en points de pourcentage de combien le risque a diminué pour l’ensemble des personnes étudiées.

Les pourcentages de la réduction du risque absolu ne signifient donc pas que les vaccins ne protègent pas contre le Covid-19. Les auteurs de l’article dans The Lancet ne disent d’ailleurs pas que les vaccins sont inefficaces. Ils regrettent que l’accent soit mis sur les valeurs de la réduction du risque relatif, aux dépens de celles de la réduction du risque absolu, qui ont tendance à être ignorées car elles semblent « moins impressionnantes ».

« Il est extrêmement décevant de voir comment les informations peuvent être déformées », a déclaré Piero Olliaro, l’un des auteurs de l’article, au site de vérification américain PolitiFact. « Nous ne disons pas que les vaccins ne fonctionnent pas », a-t-il souligné, après que des publications en ligne se servant de l’article pour mettre en doute l’efficacité des vaccins sont apparues aux États-Unis.

Des posts similaires repérés sur Facebook ont déjà été vérifiés par la dpa aux Pays-Bas (en néerlandais) et au Luxembourg (en allemand).

La réduction du risque relatif et celle du risque absolu sont en fait deux statistiques qui se basent sur les mêmes données mais qui ne décrivent pas la même chose. Prenons l’exemple de deux groupes de 100 personnes chacun : un groupe a reçu le vaccin, l’autre pas. Dans le groupe des 100 personnes non vaccinées, dix tombent malades. Le risque de contracter la maladie est alors de 10%. Dans le groupe des 100 personnes vaccinées, une seule tombe malade. Le risque de contracter la maladie au sein de ce groupe est donc de 1%. La réduction du risque absolu est ainsi de 9% (10 moins 1). La réduction du risque relatif est lui de 90% (la diminution de 10% à 1%).

On arrive donc à deux pourcentages très différents, mais qui ne s’annulent pas pour autant. L'article de The Lancet estime simplement que les deux statistiques, et pas seulement la réduction du risque relatif, devraient être mentionnées afin de donner une vue d’ensemble.

Un exemple similaire peut être trouvé dans une étude référencée dans l’article, ainsi qu’une explication sur les équations utilisées.

La réduction du risque absolu peut aussi considérablement varier selon les personnes concernées. Un groupe avec de nombreuses personnes âgées et fragiles, qui courent un plus grand risque de tomber malade du Covid-19, notera une baisse plus importante du nombre d'infections après la vaccination qu'un groupe majoritairement composé de personnes jeunes et en bonne santé.

En Belgique, l’efficacité des vaccins est en tout cas un « fait », selon Sabine Stordeur, de la Task Force vaccination, pour qui « la campagne de vaccination a contribué à faire chuter le nombre d'hospitalisations chez les seniors ». Dans une mise à jour de la situation épidémiologique du 4 juin 2021, l’institut de santé publique Sciensano a estimé que le nombre de nouveaux cas ainsi que le nombre d’hospitalisations continuent de diminuer.

Liens

Publication Facebook (archivé)

Article The Lancet (archivé)

AFMPS sur Pfizer/BioNTech (archivé)

Vérification PolitiFact (archivé)

Vérification dpa Pays-Bas

Vérification dpa Luxembourg

Exemple Wired (archivé)

Exemple Medicina (archivé)

Equations

Efficacité vaccins Belgique (archivé)

Task Force vaccination (archivé)

Situation épidémiologique Sciensano

Contactez l'équipe de vérification des faits de la dpa : factcheck-belgium@dpa.com