Les vaccins anti-Covid ont bien été testés avec succès sur des animaux
31.5.2021, 14:32 (CEST)
Les « tests des vaccins Covid sur les animaux arrêtés après leurs décès », clame un article relayé par une utilisatrice Facebook sur le groupe belge « Accrochez-vous, ça bouge! », qui affirme de plus que 12.274 personnes sont mortes en Europe suivant l’administration des vaccins. (Version sauvegardée)
Evaluation
Les deux affirmations sont fausses. Des expérimentations animales concluantes ont bien été menées sur les vaccins contre le Covid-19. Les chiffres sur les prétendus décès proviennent quant à eux d’une base de données européenne recensant des effets secondaires suspectés, et ne correspondent pas à un nombre avéré de morts à cause des vaccins.
Faits
Dans son post, l’utilisatrice reprend un passage de l’article qu’elle partage, venant d’un site appelé « Les Belges se réveillent !». Celui-ci relate un extrait de l’intervention d'une pédiatre américaine, Angelina Farella (ici listée comme témoin sous le nom d’Angie Farella), lors d’une audience devant la Commission des Affaires d’Etat du Sénat du Texas le 6 mai 2021.
Le débat portait sur un projet de loi, laissé en suspens à l’issue de l’audience, du sénateur Bob Hall, visant à « empêcher tout type de discrimination basée sur le statut vaccinal et à interdire la vaccination forcée ».
Alors qu’il interroge Angelina Farella (à partir de 43:50), le sénateur finit par affirmer que les tests des vaccins anti-Covid sur les animaux ont été « stoppés » parce que ceux-ci mouraient, des propos avec lesquels la pédiatre dit être d’accord.
« Avez-vous vu un autre vaccin qui a été rendu disponible au public et qui a sauté l’expérimentation animale ? », demande Bob Hall, ce à quoi Angelina Farella répond : « Jamais auparavant ».
Des expérimentations animales concluantes ont bien été menées avant la mise sur le marché (d’urgence aux Etats-Unis et conditionnelle en Europe) des vaccins contre le Covid-19.
Dans une étude préclinique effectuée sur des singes, publiée en juillet 2020, il a été démontré que le vaccin Moderna « conduisait à une réponse immunitaire robuste et à une protection contre l'infection par le SRAS-CoV-2 ». Le mois suivant, une autre étude menée sur des souris a également montré que le vaccin les protégeait du virus. Le vaccin Pfizer/BioNTech a lui aussi été testé sur des singes et des souris lors d’études précliniques, tout comme celui de Johnson & Johnson, qui a notamment été étudié sur des hamsters, des lapins et des singes.
La Food and Drug Administration (FDA) détaille d’ailleurs les études précliniques de Moderna, Pfizer/BioNTech et Johnson & Johnson (les trois vaccins actuellement autorisés aux Etats-Unis) dans des documents sur l’autorisation des produits.
Pour l’Europe, ces informations sont reprises dans les rapports d’évaluation de l’Agence européenne des médicaments (EMA) des vaccins autorisés, à savoir Moderna, Pfizer/BioNTech, Johnson & Johnson et AstraZeneca.
En mars 2020, la Coalition internationale des autorités de réglementation des médicaments (ICMRA) a estimé que certains vaccins, pour lesquels il existe une connaissance suffisante « de la réponse immunitaire suscitée » et sous certaines conditions, pouvaient être autorisés à débuter leur première phase de tests sur des humains sans avoir terminé les études animales. Cela ne signifie pas que les expérimentations animales ont été interrompues, mais qu’elles ont pu se dérouler en parallèle d’essais cliniques sur des humains, ce qui a permis de développer les vaccins plus rapidement.
Des tests sur les humains n'auraient donc pas pu être menés si les résultats des expérimentations animales n'avaient pas été concluants. Les vaccins contre le Covid-19 ont par ailleurs été soumis à des phases de tests rigoureuses effectuées sur des milliers de volontaires avant d'être approuvés, et continuent à être surveillés, comme l'expliquent la FDA et l'EMA.
Angelina Farella affirme également qu’il n’y a jamais eu un autre vaccin montrant des taux aussi élevés d’hospitalisations et de décès graves et qu’un autre vaccin aurait déjà été retiré du marché, évoquant « plus de 4.000 morts » sans préciser à quel vaccin elle se réfère.
Plus de 285 millions de doses de vaccins contre le Covid-19 ont été administrées aux Etats-Unis du 14 décembre 2020 au 24 mai 2021, selon les Centres américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Pendant cette période, 4.863 rapports de décès parmi les personnes ayant reçu une injection ont été signalés. Un examen de ces cas n’a toutefois pas permis d’établir un lien de causalité entre ces morts et les vaccins anti-Covid.
Il existe cependant une relation de cause à effet « plausible » entre le vaccin Johnson & Johnson et des cas rares de caillots sanguins, dont certains ont causé des décès, mais il s’agit d’un très petit nombre de personnes. En date du 21 avril 2021, la FDA a recensé 15 cas confirmés de thrombose suivant l’injection du vaccin Johnson & Johnson, qui « ont été associés à trois décès ».
L’utilisatrice Facebook avance aussi que, au 22 mai 2021, 12.274 personnes sont mortes en Europe suite à des injections de vaccins contre le Covid-19.
Le même texte, qui reprend également les propos d’Angelina Farella et de Bob Hall, peut être retrouvé dans une autre publication (version sauvegardée). Celle-ci est accompagnée d’un tableau censé reprendre le nombre de morts dûes aux vaccins, séparées par le type de réactions. Le tableau, qui a été fabriqué, est présenté comme provenant de la « base de données européenne des rapports d’effets indésirables susceptibles d’être liés à l’utilisation de médicaments ».
Il s’agit d’une interprétation trompeuse, à dessein ou non, des chiffres repris dans la base de données. Les chiffres par réaction sont en effet issus de la base de données, dans les rapports sur les effets indésirables suspectés de chaque vaccin, sous l’onglet « nombre de cas individuels pour une réaction sélectionnée », puis « issue fatale ».
Ces chiffres ne signifient pourtant pas que les vaccins contre le Covid-19 ont causé des milliers de morts, comme l’expliquait déjà la dpa en avril face à la présence de plus en plus importante de ce genre de posts sur Facebook.
Les informations de la base de données « concernent des effets secondaires suspectés », qui ne sont donc « pas nécessairement liés ou causés par le médicament », a déclaré à plusieurs reprises l’Agence européenne des médicaments (EMA) à la dpa.
Liens
Publication Facebook n°1 (archivé)
Utilisation d’urgence FDA (archivé)
Autorisation conditionnelle EMA (archivé)
Etude Moderna singes (archivé)
Etude Moderna souris (archivé)
Etude animale Pfizer/BioNTech (archivé)
Etude hamsters Johnson & Johnson (archivé)
Vaccins autorisés Etats-Unis (archivé)
Procédure autorisation vaccins EMA
Signalements décès CDC (archivé)
Caillots sanguins Johnson & Johnson (archivé)
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