Une interprétation trompeuse d’une étude danoise sur le port du masque

Un membre du groupe belge « Accrochez-vous, ça bouge » l’annonce, le 22 novembre 2020 sur Facebook : « Mes amis, voici enfin l’étude danoise sur les masques qu’aucune revue ne voulait publier ! Elle porte sur 6.000 personnes, 3.000 avec masque, 3.000 sans. Aucune différence sur le Covid mais augmentation des infections dans le groupe… masques ! » (Version sauvegardée : ici)

ÉVALUATION :

Le message est trompeur. D’une part, le nombre d’infections a été plus élevé dans le groupe « sans masque » que dans le groupe « avec masque ». D’autre part, les résultats de l’étude sont « non concluants », admettent ses auteurs.

FAITS :

L’auteur du message se référe à une étude scientifique réalisée au Danemark entre le 3 avril et le 6 juin 2020. Elle a été publiée le 18 novembre dans les Annals of Internal Medicine, une publication réputée de l’American College of Physicians.

A l’époque, le port du masque n’était pas obligatoire au Danemark, sauf dans certains services hospitaliers. La situation a depuis lors évolué, le port du masque ayant progressivement été rendu obligatoire, à partir du mois d’août, dans les transports publics, les écoles, les commerces, les lieux culturels, les bars et restaurants, etc.

En avril et mai, 3.030 adultes vivant au Danemark ont été invités à passer plus de trois heures par jour en dehors de leur domicile le nez et la bouche recouverts d’un masque et 2.994 autres sans porter de masque. 4.862 participants ont mené l’expérience jusqu’à son terme.

Résultat : 42 (1,8%) personnes ont été infectées dans le groupe « avec masque », 53 (2,1%) dans le groupe « sans masque ». Il est donc faux d’affirmer, comme le fait l’auteur du message : « Aucune différence sur le Covid mais augmentation des infections dans le groupe… masques ! »

Les auteurs de l’étude concluent que la « recommandation de porter des masques chirurgicaux en vue de compléter d’autres mesures sanitaires n’a pas réduit de plus de 50% le taux d’infection au Sars-CoV-2 parmi les porteurs d’un masque, dans une communauté où (…) les taux d’infection sont faibles et le port du masque peu fréquent ».

Les résultats de l’étude sont « non concluants », ajoutent-ils toutefois, en reconnaissant que seuls 46% des membres du « groupe masques » ont respecté à la lettre les recommandations qui leur ont été faites – 47% les ont plus ou moins suivies et 7% (qui ont été exclus des conclusions de l’étude) pas du tout.

Cette faiblesse a été relevée, dans les Annals of Internal Medicine, par plusieurs commentateurs. Il y en a une autre : l’étude n’a porté que sur la protection des porteurs de masques dans un environnement où rares étaient les personnes qui se dissimulaient le visage. Or, un masque sert avant tout à éviter que son porteur puisse contaminer d’autres personnes.

Dans ses « Conseils sur le port du masque dans le cadre de la Covid-19 », publiés le 5 juin 2020 en se fondant sur de nombreuses études scientifiques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) relève notamment que le port du masque « peut contribuer à la lutte à la source » contre le Covid-19, car il permet « d’éviter d’infecter autrui ».

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Liens :

Message Facebook : https://www.facebook.com/groups/376305619834783/permalink/826319931500014 (archivé : http://dpaq.de/eoneI).

Etude : https://www.acpjournals.org/doi/full/10.7326/M20-6817?fbclid=IwAR1RqVKRzSGZFJ9Y2I2UenDup_YCREVreKdtk5Z1I4RmTygrcRDr2vc_TTw (archivé : http://dpaq.de/QfsHQ).

Annals of Internal Medicine : https://www.acpjournals.org/journal/aim/authors1 (archivé: http://dpaq.de/Iv5WO).

Covid Danemark : https://reopen.europa.eu/fr/map/DNK/5001 (archivé: http://dpaq.de/qtZ2F).

Danemark masques : https://www.sst.dk/en/English/Corona-eng/Prevent-infection/Face-masks (archivé: http://dpaq.de/4ykXA).

Conseils OMS : https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/332448/WHO-2019-nCov-IPC_Masks-2020.4-fre.pdf (archivé: http://dpaq.de/SUcVM).

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