Il n'y a pas d'ADN dans les vaccins prophylactiques actuels
19.6.2020, 12:15 (CEST)
Une publication postée sur Facebook affirme qu’il y a de « l’ADN humain dans les vaccins et autres produits de santé » . Ce post est le partage d’un courriel posté sur un blog. Un courrier de l’Agence fédérale pour les médicaments et produits de santé (AFMPS) y est photographié. La mention « don de matériel corporel humain pour fabrication de médicaments » y est discutée par les utilisateurs de Facebook.
ÉVALUATION : Non, il n'y a pas d'ADN dans les vaccins prophylactiques actuels.
FAITS :
Contactée par la dpa, l’Agence fédérale des médicaments (AFMPS) et des produits de santé indique que cette publication comporte des éléments « incorrects ». Tout d’abord parce que le courrier « porte sur les médicaments ATMP », et donc des médicaments de thérapie innovante. « Bien qu’il soit en effet possible que des traces d’ADN issues de cellules humaines soient présentes dans les lots de certains médicaments de thérapie innovante (ATMP), cet ADN ne fait pas partie de la substance active et n’est présent que sous forme de traces résiduelles dont la quantité limité est bien contrôlée sous forme de spécification pour la libération du lot, afin de garantir la sécurité du médicament », indique l’Agence fédérale dans un mail.
Et de préciser : « Concernant les produits de thérapie cellulaire basés sur l’utilisation des cellules humaines, la seule trace d’ADN qui pourrait éventuellement se retrouver dans le lot résulterait de la mort cellulaire durant la préparation du produit (bien que seule une petite fraction des cellules est susceptible de se désintégrer et de libérer son contenu). Concernant les produits de thérapie génique, l’ADN utilisé est recombinant et n’est donc pas issu directement de cellules humaines. »
En ce qui concerne les vaccins, « il n'y a, à ma connaissance, dans les vaccins prophylactiques utilisés actuellement, pas d'ADN humain », indique à la dpa le Professeur Pierre Coulie, professeur ordinaire à l'Université de Louvain, spécialiste en immunothérapie, vaccin et génétique cellulaire et membre de l'Institut de Duve (institut de recherche biomédicale multidisciplinaire de l'UCLouvain). « Il est cependant exact de dire qu'il y a des espoirs de pouvoir utiliser de l'ADN dans certains vaccins. Mais, à ce jour, ça n'est pas le cas. »
L’agence garante de la sécurité et de la qualité des médicaments et produits de santé de leur conception à leur mise sur le marché est catégorique: il n'y a pas d'ADN à proprement parler dans les vaccins actuels. « Les vaccins ne contiennent pas d’ADN humain, à l’exception des vaccins MMR qui contiennent de petites quantités d'ADN résiduel fragmenté d'origine humaine (provenant de cellules MRC-5) », détaille l'AFMPS.
Le Professeur Pierre Coulie de l'UCLouvain explique : « Ce vaccin, contre la rougeole, la rubéole et les oreillons contient les virus en question, vivants mais atténués. Ces virus sont produits par des cellules en culture. Il est possible qu'il y ait un peu d'ADN humain dedans, mais cela représenterait une très infime quantité. »
Ce que confirme l'AFMPS. « Ces niveaux résiduels d'ADN fragmenté sont faibles et non toxiques. À noter que les vaccins peuvent bien contenir de l’ADN, ou de l’ARN en quantité très faible mais que la source de ce matériel génétique vient de l’organisme contre lequel on souhaite vacciner ou des cellules qu'on utilise pour cultiver le virus ou les bactéries pour produire le vaccin. »
Enfin, contrairement à ce qui est affirmé dans l'article sur le blog, aucun foetus n’est « revendu » à des multinationales pour « améliorer le goût des aliments. » Cette rumeur court depuis de nombreuses années. PepsiCo, comme d’autres entreprises alimentaires, était notamment accusé de recourir aux services de Senomyx, une société de biotechnologie qui développe des exhausteurs de goûts.
En 2019 encore PepsiCo réfutait toute allégation d’utilisation d’embryons humains dans ses produits : « La relation commerciale avec Senomyx a pris fin. Nous n’utilisons aucun ingrédient de Senomyx dans nos produits. Comme toujours, PepsiCo n’a absolument pas conduit ou financé des recherches qui utilisent des tissus humains ou des lignées de cellules dérivées d’embryons ou de foetus. » Cette fausse information a déjà été vérifiée par de nombreux médias de vérifications comme Snopes (2012 et 2015), Fullfact (2019) ou encore Politifacts (2019).
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LIENS :
Publication Facebook : https://www.facebook.com/groups/114125292569852/permalink/597627040886339/ (archivé : http://dpaq.de/rFnAF )
Publication sur le blog Cogiito : https://cogiito.com/a-la-une/la-presse-a-menti-pendant-des-annees-il-y-a-bien-de-ladn-humain-dans-les-vaccins-et-medicaments/?fbclid=IwAR3ucIw_iitHqpcx0oJYeDsDQmbtZSJ5GkvGa1E6OhmZixmsTNTC0PR4kk4 (archivé : http://dpaq.de/F02IB)
Sur les médicaments ATMP : https://www.afmps.be/fr/definitions (archivé : http://dpaq.de/crniW)
A propos de Pierre Coulie : http://www.armb.be/index.php?id=1153 (archivé : http://dpaq.de/2wkg3)
A propos de l'Institut de Duve (UCLouvain) : https://www.deduveinstitute.be/fr (archivé : http://dpaq.de/RJJnt)
Tweet PepsiCo : https://twitter.com/PepsiCo/status/1201623872187097088 (archivé : http://dpaq.de/iVgy6)
La vérification de Snopes sur les foetus : https://www.snopes.com/fact-check/senomyx-flavor-additive/?fbclid=IwAR3VtrXhv5LgOm4Jg86elO7xvPhAkh5RTPT41XAZzKN_xNEnsvcwlMepVmI (archivé : http://dpaq.de/lGztI)
Vérification de FullFact : https://fullfact.org/online/HEK-293-cells/ (archivé : http://dpaq.de/ofG7v)
Vérification de Politifact : https://www.politifact.com/factchecks/2019/oct/23/facebook-posts/no-food-companies-are-not-selling-products-contain/?fbclid=IwAR30a3mz92coPxOb6IubqMqL5a6_lmUJUBPTX2r4WKeOkTaZ054st9hjQl0 (archivé : http://dpaq.de/uERat)
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