L'Europe et l'OMS n'interdisent pas l'Artemisia
5.6.2020, 16:53 (CEST)
Un message diffusé le 3 juin 2020 en Belgique sur Facebook soutient que « l’Europe et l’OMS interdisent l’Artemisia, la plante qui soigne le paludisme et la malaria ». Il est accompagné d’une photo de la plante (http://archive.vn/25ub3).
ÉVALUATION:
L’auteur du message partage une publication qui date en réalité du 4 juin 2018 (http://dpaq.de/W8KsM). Le titre induit en erreur: l’Europe et l’OMS n’interdisent pas l’Artemisia (que ce soit dans le cadre de la lutte contre le paludisme ou, par ailleurs, du Covid-19). Mais des mises en garde ont été faites contre son utilisation sous certaines formes non pharmaceutiques, présentées comme des remèdes miracles – des tisanes, en particulier.
FAITS:
L’Artemisia annua est une plante herbacée dont les vertus thérapeutiques contre les fièvres sont reconnues et exploitées depuis des siècles, en particulier en Chine et en Afrique.
L’Organisation mondiale de la santé « recommande » les combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA), une molécule extraite de la plante, pour le traitement du paludisme. (http://dpaq.de/6WzFY). En revanche, l’organisation est opposée à « l’utilisation continue » de monothérapies à base d’artémisinine par voie orale. Elle la considère comme « un facteur majeur contribuant au développement de la résistance à l’artémisinine et ses dérivés. » (http://dpaq.de/mpCQG et http://dpaq.de/JKzMP)
L’OMS a placé dans sa ligne de mire divers produits non pharmaceutiques à base d’Artemisia – tels que des infusions ou des produits d’herboristerie à base d’Artemisia (http://dpaq.de/LrB2N). C’est également le cas de l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), en France, ou encore de l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique (http://dpaq.de/bqPPa).
Ni l’Europe (dans sa globalité), ni l’OMS n’interdisent donc l’Artemisia en tant que telle, comme l’affirme le message diffusé sur Facebook. C’est son utilisation sous certains formes non pharmaceutiques qui fait l’objet de mises en garde, voire d’interdictions.
La controverse sur l’Artemisia a resurgi dans le contexte de la crise du coronavirus, certains présentant la plante comme un remède miracle contre le Covid-19.
Dans ce cadre, l’Institut Max Planck, en Allemagne, a décidé de tester en laboratoire les extraits d’Artemisia annua et des dérivés d’artémisinine (http://dpaq.de/WwqkC).
En attendant, l’OMS appelle toujours à la prudence.
Dans un communiqué publié le 4 mai 2020, l’organisation « reconnaît que la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits ». Elle ajoute : « Des plantes comme l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles du Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables. (…) Même lorsque des traitements sont issus de la pratique traditionnelle et de la nature, il est primordial d’établir leur efficacité et leur innocuité grâce à des essais cliniques rigoureux. » (http://dpaq.de/gEUPx).
En France, l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a quant à elle publié, le 4 mai 2020, un communiqué qui « met en garde contre les produits présentés sur internet comme des solutions au Covid-19, dont l’Artemisia annua ».
Le communiqué souligne que « les produits à base d’Artemisia annua (qu’on peut trouver sur internet) n’ont jusqu’à présent pas fait la preuve de quelconques vertus thérapeutiques », que ce soit aujourd’hui contre le Covid-19 ou auparavant contre le paludisme. « Là encore, la preuve de son efficacité n’a pas été démontrée et des personnes en ayant pris ont développé des formes graves de paludisme lors d’un séjour à l’étranger. » Dans ce cadre, l’ANSM avait interdit, en 2015 et 2017, à plusieurs opérateurs de commercialiser en France des produits contenant de l’Artemisia annua (http://archive.vn/5bSAP).
---
LIENS:
Message Facebook : https://www.facebook.com/stroomer.marc/posts/10157071544881820 (archivé: http://dpaq.de/iKS7g)
(archivé : http://dpaq.de/W8KsM)
OMS 2018 :
https://www.who.int/malaria/areas/treatment/drug_efficacy/fr/
(archivé : http://dpaq.de/6WzFY)
OMS 2017 :
https://www.who.int/malaria/areas/treatment/withdrawal_of_oral_artemisinin_based_monotherapies/fr/ (archivé : http://dpaq.de/mpCQG)
OMS 2012 :
https://www.who.int/malaria/position_statement_herbal_remedy_artemisia_annua_l.pdf (archivé : http://dpaq.de/JKzMP)
OMS 28 mai 2020 :
https://www.who.int/fr/news-room/q-a-detail/malaria-and-the-covid-19-pandemic (archivé: http://dpaq.de/LrB2N)
Institut de médecine tropicale :
https://www.itg.be/F/Article/la-tisane-a-base-dartimisia-nest-pas-un-traitement-preventif-reconnu-contre-le-paludisme (archivé : http://dpaq.de/bqPPa)
Institut Max Planck :
https://www.mpg.de/14663263/artemisia-annua-corona-virus (archivé : http://dpaq.de/WwqkC)
Lien OMS 4 mai 2020:
https://www.afro.who.int/fr/news/loms-soutient-une-medecine-traditionnelle-reposant-sur-des-elements-scientifiques-probants (archivé : http://dpaq.de/gEUPx)
ANSM :
https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/L-ANSM-met-en-garde-contre-les-produits-presentes-sur-Internet-comme-des-solutions-au-COVID-19-dont-l-Artemisia-annua-Point-d-information(archivé : http://archive.vn/5bSAP)
---
Contactez l’équipe de factchecking de la dpa : factcheck-belgium@dpa.com