Pas de nano-puces invisibles présentes dans les futurs vaccins contre le covid-19

03.06.2020, 12:13 (CEST)

Selon le texte d'un site internet appelé « Magazine pour la Fin des Temps », une possible découverte d'un vaccin contre le coronavirus serait liée à de gros dangers pour la santé et les libertés de chacun. L'autrice de ce texte mentionne « une multitude de composants génétiques qui déclencheront l’empoisonnement des cellules », ainsi que des « nano puces, invisibles à l'oeil nu » qui auront pour but de « connecter les êtres humains à ce réseau, à cette réalité technologique subliminale contrôlée par l’intelligence artificielle ». Ce présumé « contrôle total » en Europe serait lié à la reconnaissance faciale et au déploiement de la 5G. Des allégations sur la responsabilité et les prétendues intentions du milliardaire Bill Gates étayent également les arguments précédents. Pour finir, l'existence même du coronavirus, « ce canular », est remise en question. (http://dpaq.de/o9t3T)

ÉVALUATION : les informations principales du texte sur lesquelles sont basées ces spéculations sont fausses.

Pour le reste, la plupart des affirmations dans ce texte sont de spéculations relatives à une situation hypothétique dans le futur, lorsqu'un vaccin aura été découvert. Les situations décrites ne sont pas liées à un lieu précis et les personnes restreignant les libertés (nourriture, avion, etc.) ne sont pas identifiables, car évoquées uniquement avec le pronom personnel « ils ». Il est donc difficile de vérifier des informations exclusivement basées sur l'imaginaire.

FAITS :

Selon l'expert Jean-Pierre Raskin, professeur spécialisé en nanoélectronique et communications sans fil à l'École polytechnique de l'UCLouvain, dans ce texte, les « mots-clés comme smart dust, nano-puces, intelligence artificielle » sont utilisés « pour mettre en avant des mots à consonance scientifique. Ils sont sortis de leur contexte et donc n'ont aucun sens ».

D'après Sophie Hermans, professeure spécialisée en nanomédecine à l'École de chimie de l'UCLouvain, les vaccins en développement ne contiendront pas « une multitude de composants génétiques qui déclencheront l’empoisonnement des cellules ». Une des pistes dans l'élaboration des dix vaccins contre le coronavirus en phase d'essai clinique est, en effet, l'intégration d'une « petite capsule » contenant le virus. Cependant, l'experte explique que le message génétique ne se trouve plus à l'intérieur de cette capsule et ne permettrait donc pas au virus de se multiplier et d'infecter le corps. « Cette capsule mettrait en route notre système immunitaire, de telle sorte que si la personne vaccinée rencontrait le vrai virus, elle serait déjà immunisée », explique professeure Hermans.

Celle-ci ajoute que la présence de nanotechnologie dans un futur vaccin contre le coronavirus est réelle. Ceci n'a cependant rien à voir avec des « nanopuces ». La taille des composants d'un vaccin se situe « dans le domaine des nanomètres. Le fait de fabriquer cette petite capsule fait partie des nanotechnologies ». Rien de plus.

Jean-Pierre Raskin explique, lui, qu'une nanotechnologie qui permettrait « de contrôler les êtres humains comme des terminaux d'ordinateurs » est impossible à ce jour. « Parlant de nano-puces pouvant prendre le contrôle de l'être humain, il faut que ces nano-puces puissent contenir des fonctions multiples, comme un récepteur-émetteur sans fil afin d'interagir avec le "réseau", en tout cas avec l'extérieur du corps ». Toute une série de questions s'en suit : sur quels organes doivent interagir les hypothétiques nanopuces ? Comment peuvent-elles être alimentées en énergies, avec du glucose ? « Afin d'intégrer toutes les fonctions dont on parle, c'est-à-dire d'émetteur-récepteur radio pour la connexion avec le réseau, l'action au sein du corps et le module de conversion énergétique pour l'alimentation de la nano-puce (energy harvesting), il faut déjà beaucoup de place : des µm³ voire des mm³, et non pas des nm³ », conclut le professeur en nanoélectronique.

L'autrice du texte évoque le déploiement de la 5G dans un contexte d'espionnage, de reconnaissance faciale et de localisation. « Il faut savoir que la reconnaissance faciale est une réalité aujourd'hui et pas qu'en Chine. Oui, la technologie existe déjà et elle n'a pas du tout besoin de la 5G pour fonctionner », indique le professeur en nanoélectronique. « Les auteurs associent ici des termes scientifiques comme reconnaissance faciale et 5G, alors qu'aucun lien direct n'existe entre eux. (...) La 5G fait suite à la 2G, 3G, 4G... il s'agit de standards de communication mobile. Le but premier de la 5G est d'augmenter la capacité des volumes de données envoyées et reçues et de réduire le temps de réaction des systèmes ».

Pour finir, la pandémie de coronavirus n'est pas un canular. Selon les chiffres officiels de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au début juin 2020, la maladie avait déjà contaminé plus de six millions de personnes dans le monde entier et le nombre de victimes avait dépassé 370 000 (http://dpaq.de/a5amN).

Le texte d'Yvette, administratrice camerounaise du site « Magazine pour la Fin des Temps », n'est donc pas fondé.

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Liens :

Publication Facebook :

https://www.facebook.com/groups/357221595013195/permalink/690372555031429 (archivé : http://dpaq.de/D1Tzb)

Liste des vaccins en essais cliniques :

https://www.who.int/who-documents-detail/draft-landscape-of-covid-19-candidate-vaccines (archivé : http://dpaq.de/uZ6IG)

Statistiques OMS :

https://covid19.who.int/ (archivé : http://archive.vn/wip/oghbn)

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